Lili Marleen Marlene – Chanson universelle ou hymne nazi ?

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Ceci accompagne l’analyse du film de Rainer Werner Fassbinder qui ne m’a pas convaincu.

L’argument est tout entier tourné sur la remise en selle d’une vieille chanson nostalgique de la première guerre mondiale, mais qui a effectivement fini par faire le tour du monde (*).

Une seule chanson sera proposée dans le film le Lied eines jungen Wachtpostens Lili Marleen. Et ça tourne en boucle. Pourquoi ? A la fin de sa vie, elle en aurait plus de 300 à son palmarès. Elle a même participé à Eurovision 1961. Problèmes de droits d’auteur à nouveau ?

Il faut quand même dire que la mélodie de 1939 est due à  Norbert Schultze, musicien officiel de la propagande nazie. On n’est pas chez les enfants de chœur.

On doit à ce funeste Norbert :

  • Von Finnland bis zum Schwarzen Meer, chant glorifiant l’Opération Barbarossa, dont le refrain est « Führer, befiehl, wir folgen dir » (« Fürher, commande nous te suivons ») 
  • Le chant de la Panzergruppe Kleist, « Panzer rollen in Afrika » (« Les panzer roulent en Afrique »)
  • « Bomben auf Engelland » (« Bombes sur le pays des anges »).

On apprend quand même que ce tube de la guerre dans le III ème Reich est en fait une resucée d’une vieille chanson de la première guerre mondiale. Et puis que Lale Andersen n’était pas une bonne chanteuse. Et que son musicien était mauvais aussi. Bon.

Pour nous c’est quand même l’interprétation divine de Marlène Dietrich qui en a fait un mythe. La pauvre Lale Andersen ne nous touche pas tant que cela.

Vraie histoire de la chanson :

Hans Leip était un parolier qui avait une liaison à long terme avec Lilli Freud Marlé (une nièce de Sigmund Freud ), qui l’a inspiré pour écrire cette chanson. Leip a fusionné ses paroles avec une mélodie composée par Rudy Link. Pour propulser la chanson, Leip a associé les paroles à une valse composée par Norbert Schulze, qui capturait parfaitement l’ambiance mélancolique qui s’installait dans l’Europe en temps de guerre. Au départ, cependant, l’enregistrement Electrola de Lale Andersen en 1939 de la chanson a été ignoré.

https://www.encyclopedia.com/women/encyclopedias-almanacs-transcripts-and-maps/andersen-lale-1910-1972

Dénazification de ce qui est devenu l’hymne international de la deuxième guerre mondiale, pour les deux parties qui s’opposaient.

Les soldats allemands ont été surpris d’entendre que leurs ennemis sur terrain, chantaient la même chanson, mais dans leur langue. Ce qui a créé un sentiment d’humanité plus soudée par moments. En fait l’hymne qui fait échapper à la rudesse du front en faisant espérer un retour dans les bras de sa belle, est universel.

John Steinbeck aurait dit que Lili Marlene était le seul apport à la civilisation des nazis.

On l’aurait même entendu au seuil des chambres à gaz…

On termine par une chanson ?

Vor der Kaserne, vor dem Großen Tor
stand eine Laterne und Steht sich noch davor
dann wollen wir uns da wieder sehen
bei der Laterne vor wir stehen,
wie einst Lili Marlene, wie einst Lili Marlene.

Une autre chanson transversale mérite encore plus notre considération et marque l’œcuménisme musical dans ce qu’il a de plus étincelant : c’est la bouleversante interprétation du Der treue Husar par la petite Allemande devant des soldats français fourbus, et d’abord hostiles C’est une scène qui résume tout et qui se situe à la fin de l’immense film Les Sentiers de la gloire de Stanley Kubrick ; avec ce fredonnement, dans cette communion fraternelle, qui élève les humains de tous bords bien au dessus de leurs sales guerres.

La suite est ici : Lili Marleen – Avis film Fassbinder – Schygulla – Luggi Waldleitner producteur nazi. 5/10

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Sentiers_de_la_gloire

https://brankomiliskovic.files.wordpress.com/2009/04/thesis-ma-original.pdf

https://fr.wikipedia.org/wiki/Norbert_Schultze

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lili_Marleen_(film)

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