Rembob’INA. Guitar Heroes en France. Cohen, Hendrix, Santana, Cream, Led Zeppelin et pas Zappa. 7/10

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Voilà une émission qui nous donne un coup de vieux. Déjà le titre « Guitar Heroes » fait ringard.

Bien sûr, ces guitaristes survoltés qui ont enchanté notre jeunesse, restent éternellement présents dans nos têtes. L’enthousiasme sans limite, s’étant transformée en une belle nostalgie. Cela se passe aussi comme cela, parait-il dans les couples.

Par contre, si le public d’alors s’est transformé en autant Patrick Cohen bedonnant, et somme toute un brin narquois, où nous situons-nous nous ? Paul Personne et Yarol Poupaud ont sans doute gardé la ligne, mais quelque chose en eux a mal vieilli aussi.

Les uns et les autres semblent cramponnés à ce qu’ils voient comme un paradis perdu. J’y vois plutôt Le Monde perdu (Arthur Conan Doyle) avec plein de ces néo-dinosaures. Aucun mépris, je me compte dans le lot.

Sitôt les politesses terminées, on entre dans le vif. Ce sont tous des concerts en France.

Le documentaire commence bien, avec un concert de Carlos Santana à Paris, 1976. Et cela dure assez longtemps. Merci.

L’image n’est pas excellente, mais la prestation sonore est enthousiasmante. C’est d’ailleurs toujours comme cela avec cet artiste. Et sa silhouette à lui ne bouge pas. Son jeu étourdissant non plus. Et comme le rappelle les invités, on a écouté cela jadis dans des lieux privilégiés. Pour ma part, ce premier choc déniaisant, je le dois à la cafette du Campus de la Bouloie / Besançon.

Le mot « tubes » est assez inadapté, pourtant ces morceaux on les attendu 100 fois, comme l’aurait fait n’importe quel fan de la chansonnette. Il est temps de pratiquer le « relativisme » et de faire la paix avec ces autres courants musicaux, délaissés jadis.

On passe après à la Sister Rosetta Tharpe, que je ne connais pas. Qu’est ce qu’on peut être sélectif et injuste quand on a moins de 25 ans ! Un salut respectueux à Chuck Berry et B.B. King, qui pour nous étaient des ancêtres. Mais comme les « grands » comme les Stones reconnaissaient leur influence, on ne pouvait pas être trop durs avec eux. Avec le recul, on comprend mieux.

Il est de bon ton de dire que Jimi Hendrix a révolutionné le jeu de guitare. Et là je comprends mieux l’immense respect pour ce grand bonhomme. Il a disparu trop tôt pour son art, et juste comme il faut (les fameux 27 ans) pour sa légende, désormais immortelle.

Led Zeppelin avec Jimmy Page, Éric Clapton méconnaissable dans cette prestation de Cream, Rory Gallagher … autant de figures emblématiques que j’aime toujours à écouter. Il fut une époque où pas mal de ces pointures donnaient des concerts dans la région. A part ceux que je viens de citer, je peux rajouter les Who, les Pink Floyd… et bien entendu Zappa. Quelle chance d’avoir pu les voir en « live » comme on dit.

Un des convives fourche sur Zappa en parlant d’un autre des guitaristes représentés dans l’émission. C’est un « acte manqué ». Curieuse télépathie, j’y pensais également à ce moment. Il est un des grands absents de l’émission, mais visiblement son spectre bienfaisant rode encore. On peut comprendre cependant qu’il fallait faire des choix et qu’il était sans doute trop audacieux de le placer ici.

Et ces artistes français qui sont venus témoigner ? Il faut bien reconnaître que ces guitaristes ne nous ont pas laissé d’empreintes indélébiles. Ah si, il y a eu par ailleurs le très étonnant Gong et quelques comme cela… Ce Paul Personne est sybillin et bredouillant, ce qui dans nos premières années de liberté, pouvait passer pour l’expression d’une pensée complexe et presque inavouable. Mais maintenant nos roitelets sont nus.

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https://lcp.fr/programmes/rembob-ina/guitar-heroes-les-legendes-du-rock-et-du-blues-a-la-television-francaise

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