Rencontres à Manhattan (2002) 7/10 Edward Burns

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Les films romantiques sur les couples qui se font et se défont à Manhattan, sont devenus un genre en soi. Ils se comptent par centaines.

On peut distinguer une sous catégorie, avec ceux qui traitent la complexité de plusieurs relations en parallèle. Surtout quand les parallèles ont la bonne idée de se croiser.

Comme exemple dans « Annie Hall » de Woody Allen, et ce dès 1977.

Ces œuvres semblent vouloir nous transmettre un message. En tout cas, elles interrogent ouvertement sur l’amour et la sexualité des citadins des grandes métropoles.

Ce questionnement est souvent explicite, soit par une voix off, soit comme ici, avec des acteurs qui s’adressent directement aux spectateurs.

Le risque serait de tomber dans une sorte de reportage ou d’être trop démonstratif.

Compte tenu du nombre de caractères, il est facile de s’identifier à telle ou telle situation. C’est le principal attrait du genre. Dans cet exercice de style, le résultat dépend bien entendu de l’originalité du scénario, et de la qualité du réalisateur et des acteurs.

Ici ce n’est pas trop mal réussi. Mais on ne va pas crier au génie.

Voici maintenant ce qu’on appelle communément le destin croisé, fantaisie et fugue à sept personnages  :

  • Edward Burns (1) est le réalisateur, le co-scénariste et un des acteurs principaux. Ce beau jeune homme est un personnage complexe. Il vient de rompre. Il est sans attache à présent et cherche quelque chose de sérieux. Il couche un soir avec Rosario Dawson (2), mais ni l’un ni l’autre ne sont vraiment décidés à continuer leur relation plus avant. Il finira par s’intéresser à la belle blonde Heather Graham (6), un agent immobilier et femme mariée.
  • Il est en relation amicale avec son aîné Dennis Farina (7), son strict opposé sur le plan sentimental.
  • La craquante métisseRosario Dawson (2) a été la mariée improbable du jeune David Krumholtz (3). Là tout est fini, en tout cas pour elle.
  • Sa relation éclair avec Edward Burns (1) aura une conséquence importante. Elle finira par se rendre compte, que cette rencontre d’un soir l’a rendu enceinte. Mais n’osera pas ou n’aura pas vraiment l’envie de le révéler au père (1)
  • David Krumholtz (3) incarne un jeune juif qui a du mal à accepter son divorce d’avec Rosario Dawson (2). Plus tard il tombera raide dingue de la toute jeune écervelée Brittany Murphy (4). Eux, ils sont à peu près sur la même longueur d’onde.
  • Brittany Murphy (4) est une des très jeunes maîtresses secrètes de Stanley Tucci (5). Ce dentiste qui n’aurait que 42 ans, mais en paraît plus de 50, tente par tous les moyens d’empêcher qu’elle ne se rapproche du jeune David Krumholtz (3). Peine perdue. Le jeune groom est l’homme en uniforme que lui a prédit l’horoscope.
  • Stanley Tucci (5) est le mari de Heather Graham (6). Ce dentiste foncièrement infidèle aurait connu plusieurs centaines de femmes. Au début du film son épouse ne fait que constater, qu’il est moins attentionné, moins présent. Mais au fond elle ne peut accepter d’envisager l’idée qu’il puisse la tromper.
  • Sa maîtresse principale est une serveuse, petite pomme verte. Cette fraîche tête de linotte, c’est Brittany Murphy (4) – Il a peur de la perdre. Pas par amour, mais parce que cette relation est bien pratique et flatteuse pour un homme de son âge.
  • Accessoirement, il est préoccupé par la taille de son zizi. L’acteur est agaçant. Ça tombe bien car c’est un rôle de mec pénible.
  • Heather Graham(6) est mariée à Stanley Tucci (5), Et comme on l’a vu, son mariage bat de l’aile. Cette femme traditionnelle, mettra tout le film pour enfin se décider à divorcer. Elle se rapprochera du bellâtre Edward Burns (1)
  • Dennis Farina (7) est le mentor de David Krumholtz (3). Il incarne une sorte de «professionnel» de la drague – Ce macho +++, n’a pas peur de draguer ouvertement Rosario Dawson (2), la copine de son « élève ».

Il y a dans tout au long de ce film, une réflexion intéressante sur les mérites réciproques de l’innocence et du calcul en amour. C’est à dire du lâcher prise, du laisser faire, contre la volonté de contrôler la situation. De la béatitude contre le plaisir savant. Des illusions face à la vérité crue…

C’est Silvio le soupirant passif et qui ne sait qu’aimer, contre Laerte le galant combatif, dans « A quoi rêvent les jeunes filles » de Musset (*)


Le calculateur Stanley et la légère Brittany correspondent aux deux catégories les plus opposées du spectre. Les autres rôles se trouvent entre ces deux extrêmes.

On reprochera à Stanley d’utiliser ses conquêtes, plus que de les aimer vraiment. Mis en cause, il dira qu’en réalité tout le monde utilise tout le monde.

  • La brune Rosario Dawson rêve sans doute d’un grand amour, mais finit par cacher sciemment au père qu’elle aura un enfant de lui. Elle passe de la case grand rêve, à celle des calculs.
  • A l’instar de la blonde Heather Graham, qui avec ses principes dogmatiques sur le mariage, se cogne aux limites de l’innocence, mais se résoudra à un divorce totalement terre à terre.

Bien entendu, le sens du poil, et donc la plupart des films, seront toujours en faveur de la pureté des sentiments et de l’amour naïf. Mais l’interrogation demeure. Elle est éternelle.

Le talent du film, c’est que toutes ses interactions se font par petites touches. Que rien n’est vraiment déterminé d’avance. Et que sans doute, rien n’est totalement figé au final.

(*) https://fr.wikisource.org/wiki/Page:Musset_-_Premi%C3%A8res_Po%C3%A9sies_Charpentier_1863.djvu/287

https://fr.wikipedia.org/wiki/Rencontres_%C3%A0_Manhattan

Edward Burns
Brittany Murphy
Stanley Tucci

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