Résumé. Légende pianiste sur océan Tim Roth 1900 (1998) 5/10 – Aperçu

Temps de lecture : 4 minutes

5/10 pour le scénario et 8/10 pour la musique (jazz + Ennio Morricone)

Ici c’est le résumé – Vous trouverez l’avis éclairé ici : Avis – Film : Légende du pianiste sur l’océan 1900 (1998) 5/10 – Tim Roth + Giuseppe Tornatore

Le film se révèle longuet (2 heures), kitsch, affecté et passablement discordant. Il est repêché de justesse grâce à sa somptueuse prestation musicale. Mais il faut faire de sérieux efforts pour arriver à bon port.

Le personnage principal, incarné par Tim Roth, vit en reclus sur un luxueux paquebot. Il y est né, il est destiné à y mourir. Étrangement, à peine sorti de la première enfance, sans jamais avoir vu et touché un piano, il se révèle un grand virtuose, instantanément.

  • Premier immense bémol qui reste en travers de la gorge des odieux rationalistes comme moi! Même avec la licence poétique en poche, il faut s’accrocher pour ne pas vouloir débarquer au plus vite.

L’histoire continue.

Ses talents ne font qu’augmenter. Au point que ce clandestin apatride, qui est même inexistant aux yeux de la loi, devient un membre permanent et apprécié du staff du bateau.

Le problème, c’est que son personnage tangue maladroitement dans tous les sens. Il est soit un poète introverti, perdu dans ses projections fantasmatiques, soit un pianiste flamboyant, et qu’on peut croire extraverti de ce fait. Il est alors tout entier au service de son public, au travers de ce jazz très abouti. Cela pourrait être une sorte d’Asperger en somme. Mais cela ne le fait pas non plus.

  • C’est le drame des comédiens trop doués. Ils savent tout faire et donc ils peuvent passer d’une figure à son opposé. Mais dans la réalité, cela ne marche pas comme cela.

Dès sa maturité, le musicien est en couple avec son seul contact humain assumé. Il s’agit d’une chaste union à vocation spirituelle, avec le trompettiste obèse. Un caractère très grossièrement interprété par un Pruitt Taylor Vince constamment nystagmique (il n’arrête pas de rouler les yeux de droite à gauche, le pauvre). Il est chargé de nous retracer toute l’histoire, aux moyens de perpétuels flash-back, et d’une histoire personnelle outrageusement mélodramatique.

  • On baille dans les chaumières, cela fait belle lurette qu’on ne pleure plus devant ces exagérations.
  • Surtout qu’il nous fait une sorte de Sergent Garcia au grand cœur, un Sancho Panza pragmatique, un Papageno gourmand des choses d’ici bas…. et bien ancré dans le réel lui.
  • Il aurait fallu qu’il arrête de pleurer ou faire la gueule, tout le temps. Mon dieu, qu’il joue mal !

Pour rajouter une couche au romantisme de pacotille, les deux compères qui viennent de se rencontrer, se retrouvent ancrés à ce piano qui prend de la vitesse et va errer dans toutes les directions, au gré de la tempête. Sur leur tacot à cordes frappées, ils vont faire une balade musicale dans la grande salle de bal et les coursives. Jusqu’à planter le véhicule laqué dans la belle grande fresque en verre. Dans ce registre mytho-symbolique, c’est aussi chromo et improbable qu’un délire créationniste.

Plus tard, Tim Roth laisse filer la seule femme qu’il pourrait aimer. Une belle enfant évanescente, chargée de lendemains qui chantent amoureux. Ah, la chair des pommes sures !

Prometteuse elle l’est, notre Mélanie Thierry, cette jolie petite malus domestica de 18 ans, bien de chez nous. Du haut de ses trois pommes, elle incarne une tentatrice malgré-elle, qui se révèle quand même bien intimidante, pour ce soupirant transi. Un objet de désir pour platoniciens idéalistes, sans doute inspirés dans leur art, mais peu courageux dans l’ici-bas. Et qui sait, ils pourraient être juste incapables, ou disons-le, fondamentalement impuissants (au sens noble?). Ça arrive ces malédictions, qui résistent même au sildenafil, on ne va pas en faire un fromage.

  • Impossible pour lui de franchir la passerelle et de la rejoindre dans cet espace infini (dixit) qu’est la ville de New-York. C’est foutu ! Il remonte « inviolé » dans le navire. Retour à la case mélancolie.
  • Cette parenthèse ne correspond qu’à quelques heures dans sa vie. Tout le reste est consacré à sa musique.

Il y aura une « battle » de piano avec un noir qui serait à l’origine du jazz.

  • L’idée que cette musique puisse avoir un point de départ unique et un seul champion, est déjà étrange en soi. Cela n’arrange pas le côté bricolé du film. Gros bémol 2.

Ce sera une lutte à mort métaphorique entre deux pianistes, dont Tim finira bien sûr vainqueur.

  • L’exercice n’est pas si idiot que cela. Tim n’a rien à faire d’une simple démonstration de virtuosité. Il tente donc des esquives intéressantes, et finit par chauffer les cordes de piano, jusqu’à l’incandescence, l’histoire de montrer la vanité du concours. C’est un des rares moments, si l’on sait lire entre les lignes musicales, où il y a clairement quelque chose d’une allégorie intelligente.
  • Tout le reste n’est qu’un verbiage pseudo-réfléchi. Juste des attitudes dans l’esprit prise de tête « so romantic », qu’adore un certain public.

Au total, c’est une œuvre inconfortable et pas trop aboutie, dont le principal mérite est qu’elle est dédiée au Jazz et à Ennio Morricone.

  • Ce dernier nous jouant une gamme étendue, qui n’est pas très loin, dans ses accents, de celle qu’il a écrite pour Il était une fois en Amérique (1984). Une merveille de nostalgie et d’espoir, dans l’opus 84, qui force le respect. Mais qui s’accordait alors avec le travail bien plus profond du vigoureux Sergio Leone (**)

Les partitions proprement jazz sont de très haut niveau. Ce n’était pas la peine de faire applaudir les croisiéristes à tout rompre, pour qu’on s’en rende compte.

Il s’en est fallu de beaucoup pour que film soit un grand machin. Tout ou presque serait à reprendre. Pour une fois le public boudeur ne s’est pas trompé.

  • (*) Cette histoire « poétique » sur un bateau, avec ce «1900 » déroutant et cette ambiance onirique, n’est pas sans rappeler un autre film qui viendra plus tard, l’Odyssée de Pi (2012). Pi vient de Piscine Molitor. Une œuvre réalisée par Ang Lee, bien plus aboutie et percutante d’ailleurs.
  • (**) La musique, c’est bien connu, nous prend souvent comme une mer. On l’a retrouve liée aux flots bleus dans Fellini aussi, Et vogue le navire… (1983)

Vous trouverez l’avis éclairé ici : Avis – Film : Légende du pianiste sur l’océan 1900 (1998) 5/10 – Tim Roth + Giuseppe Tornatore

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_L%C3%A9gende_du_pianiste_sur_l%27oc%C3%A9an

Tim Roth
Pruitt Taylor Vince
Mélanie Thierry
Bill Nunn

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