Retour de don Camillo. Foi, philosophie, sociologie et politique. Rousseau, Marx, Bible, Fernandel et Cervi. 8/10

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Le premier chapitre est ici : petit-monde-de-don-camillo-communisme-christianisme-et-realpolitik

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A la fin du Petit Monde de don Camillo, Fernandel était envoyé dans son « goulag » sous la forme d’un micro-paroisse hostile, neigeuse et froide. Il en reviendra car le prélat est indispensable pour aider à résoudre la conflictualité du village. De part son absence toutes les positions étaient bloquées. Et c’est donc le plus communiste des citoyens qui demande à l’évêque le retour du « père » prodigue.

L’ennemi commun est à présent cet ancien militant fasciste joué par Paolo Stoppa. Un gros propriétaire coutumier de la punition par l’huile de ricin et qui boira lui aussi le calice jusqu’à la lie. L’enjeu psychologique est de taille, puisqu’il s’agit de cet éternel combat sociétal, entre l’intérêt personnel et l’intérêt général. Ici une digue à construire au détriment d’un terrain privé.

Et dans ces obstinations épiques, cela peut encore devenir pire, quand on sait que l’individu peut se rigidifier au point d’y sacrifier même son propre intérêt.

Les exemples en sont innombrables. Cela démarre généralement en famille, ou dans le proche voisinage et ainsi de suite. Et dieu (et Marx?) sait que c’est difficile de se sortir de son propre piège. On est donc aux antipodes des compromis musclés portés par Fernandel et Cervi. CQFD. Il y aurait des leçons à en tirer.

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On peut se détendre avec le trope philosophico- transcendantal, de la vente de l’âme d’un militant « matérialiste » au docteur Faust-Édouard Delmont. Un pari de Pascal loufoque mais édifiant.

Nos auteurs se transforment en Jean-Jacques Rousseau, avec cet épisode de Fernandel au secours du fils de Peppone. Voilà une situation digne du bréviaire Émile ou De l’éducation. Décidément ces Don Camillo sont bien plus pertinents, qu’un regard peu attentif pourrait le faire croire.

La guerre des horloges n’est pas juste une querelle de clochers. C’est encore une problématique hautement philosophique, visant à la subordination du temps. Qu’importe qu’il puisse exister une « heure absolue » – Avec les progressistes, l’heure est forcément en avance et les rétrogrades doivent se méfier de ne pas paraître en retard.

Ultime positionnement, celui sur l’existence de dieu. Si même un athée peut reconnaître qu’un croyant veuille « parler » à dieu, il est plus mal à l’aise si ce dieu « humain » lui répond et négocie avec lui (« Les mains sont faites pour bénir… Mais les pieds ? »)

Mais qui pourrait penser que ce dialogue ait force de démonstration et nous engage à croire. Il s’agit simplement d’un curseur poussé volontairement trop loin, pour mieux dissocier notre jugement. Et c’est bien. On a ce genre de débat « interne » lorsqu’on se laisse aller à lire un horoscope.

Et vous êtes-vous posé la question de savoir si Fernandel l’acteur était croyant ?

Fernandel :

« … quand j’ai joué les premières scènes où je parlais à Jésus, j’ai oublié un peu ce que j’étais à ce moment-là […] et comme je suis catholique, j’ai vraiment cru parler à Jésus. C’est pour ça que je crois que j’ai été assez naturel dans ces scènes » 

« Don Camillo est le rôle de ma vie »

Le premier chapitre est ici :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Petit_Monde_de_don_Camillo

https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Retour_de_don_Camillo

https://www.ina.fr/ina-eclaire-actu/1965-fernandel-don-camillo-est-le-role-de-ma-vie

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