Dans son très sérieux parcours ascensionnel, qui a fini par l’amener à la charge préfectorale, Jean Moulin se devait de ménager son jardin secret, avec ce côté sous-préfet aux champs.
Sa marotte du début, la caricature, a fini par avoir un grand succès. Il fallait dissimuler cette autre partie de sa personnalité, sous la signature de Romanin.
Mais par la suite, son puissant développement artistique a dépassé ce cadre assez étroit, pour devenir un artiste polyvalent à part entière.
Il était vraiment doué. Il a su prendre les bons conseils auprès de personnalités de premier plan. Cet aspect de Jean Moulin, ne peut être dissocié des ses engagements politiques et de son rôle en tant que président du Conseil national de la Résistance.
Ce regard contribue à humaniser cette statue du commandeur, qui est entrée par la grande porte au Panthéon, sous la puissante voix de Malraux. Il était vraiment important d’enfin parler de cette facette très importante de ce glorieux personnage.
Elle contribue à forger l’image d’un débutant dilettante, un peu « touriste », qui s’extirpe peu à peu de la masse des artisans de talent, pour rejoindre le Panthéon des vrais artistes les plus doués.
Ce parcours initiatique est patient et méthodique. Il est aidé par un regard lucide sur Soutine, Goerg, Friesz, Kisling, Dufy, Tal Coat, De Chirico…
En tant que créateur, il développe au fur et à mesure des capacités bien plus enthousiasmantes, bien que parfois d’une dureté infinie, comme pour ces recueils d’illustrations de livres non publiés de son père.
Sa collection personnelle témoigne d’un goût très sûr. Il sort des sentiers battus ; il ose de nouveaux paris. Même si certains noms sont moins connus que d’autres, ce qui nous est donné à voir, témoigne de choix très éclairés. Il aura sa galerie d’art, en tant que couverture, mais aussi pour le plaisir. Ce versant sera prospère.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Sous-pr%C3%A9fet_aux_champs
Romanin, l’autre Jean Moulin, de Daniel Ablin – 2022.