A noter l’émergence sur la scène institutionnelle d’une nouvelle catégorie d’acteurs, “l’activiste”, ou encore, dans sa forme la plus accomplie, “le fonctionnaire-activiste“.
Les postes dans le domaine de “l’action sociale” étant distribués en fonction des équilibres politiques puisant dans le réservoir bigarré des “forces au contact du terrain”, les institutions dites de formation supérieure ont été lourdement sollicitées en vue de fournir à ce contingent encore cru et tout fumant – nombre n’étaient pas même dotés d’un baccalauréat – des titres de noblesse moderne, sous forme de quelque “master” à afficher au cours de la lente ascension des échelons disjoints de la carrière politico-administrative.
Les universitaires se trouvaient priés de contribuer à dégrossir le pesant matériau en lui fournissant un léger vernis de discours, de méthodes et d’acceptabilité. Le mystère de la nature humaine fait que certains parmi ces enseignants ou “tuteurs” sont allés jusqu’à rivaliser dans l’art de la remise à flot des éléments les plus profondément inaptes, écriture contre faveurs politiques étant la configuration la plus probable.
A ce contingent traditionnel de petits acteurs politiques venant s’emblasonner, les plus malins réussissant même à faire porter le coût de leur formation par la manne publique, est venu s’ajouter, par petits filets au départ, puis en larges jets, la foule des candidats à l’action “non-gouvernementale”.
On aborde là le domaine du plus pur “activiste”, ou comme on dit dans le mythique orient, “jihadiste”: celle, celui, ou ce qui mène un combat (kampf) personnel, en général visant à la réforme de la société, ou bien des mœurs et coutumes, ou des “droits inaliénables” de tel ou tel groupe injustement opprimé, ou encore de quelque vice ou tare plus ou moins avouable que l’on cherche à faire accepter comme nouvelle lumière du jour par le plus grand nombre.
Comme on se trouve quand même dans une société occidentale capitaliste et moderne où tout a un coût, en général élevé, la problématique du défraiement des dépenses est très présente dans l’univers mental du militant activiste.
Il est donc naturel que ce qu’il recherche en premier dans la formation, c’est le réseau et les outils pour pouvoir mieux vendre sa capacité à… militer.
Là encore l’objet est en grande partie discursif, il faut apprendre à présenter et vendre “ses projets”, “sa vision”, encore mieux, “contribuer à co-construire une vision partagée” – auprès de qui au juste? Qui pourrait bien avoir besoin de ces surnuméraires et irréguliers chers à Carl Schmitt? Les mille et une ONG, pardi! les myriades de Fondations et leurs propriétaires à savoir en règle générale, les oligarques, activistes et croisés de la “responsabilité sociale”.
Certes Milton Friedman a tenté de tordre le cou de cette aberration dans un de ses textes les mieux sentis ( http://websites.umich.edu/~thecore/doc/Friedman.pdf ) mais un demi siècle plus tard la pratique lui aura amplement donné tort: car elle s’est avérée incroyablement, extraordinairement profitable… et destructrice.
LibreCritique :
Je suis bien d’accord avec ce propos du Pr.
Ayant été surpris par l’inflation des aidants non diplômés qui distillent leur idéologie et qui profitent bien des interstices (il y a aussi des moucherons autour des maisons de retraite)
J’avais démarré quelque chose précédemment sur un thème proche.