Tamara Drewe. Avis. Stephen Frears, Gemma Arterton, Roger Allam 6/10

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Le « vrai » monde anglo-saxon est passionnant. Sa forte composante libertaire et inégalitaire, favorise les destins originaux et exceptionnels… Notre médiocratie européenne normative est bien moins passionnante. Les british l’ont constaté et en ont tiré les conséquences par le Brexit.

Alors pourquoi ce Tamara Drewe est si conventionnel, si soumis, y compris dans sa pseudo dissidence intellectuelle ?

On sent à des kilomètres qu’on doit ce scénario à une femme (Moira Buffin). Il est même tiré d’un roman de Posy Simmonds, une femme encore.

En effet l’histoire fait la part belle au sexe de plus en plus faible avec ces femmes qui n’ont plus presque plus de désirs et/ou de moins en moins d’attraits. Comme il se doit maintenant (2010 ici), elles sont présentées comme des victimes des mâles.

Les hommes, quand ils ne sont pas totalement obéissants, sont forcément des méchants qui délaissent leur valeureuse épouse fanées, pour des jeunes vivaces bien jolies : « les salauds ! ». Même s’il n’est pas question de les abandonner mais plutôt de trouver une solution commune respectueuse et plus complexe.

En clair, nos homo sapiens ithyphalliques n’ont qu’à maîtriser leurs vils instincts et servir la cause de leur moitié en toutes circonstances, même si leur chair est triste hélas et qu’ils en ont marre de se contenter de lire ou écrire tous les livres.

Le pauvre réalisateur Stephen Frears est juste complaisant et démago. Ce gros mollasson visqueux fait rarement de bonnes choses. Ici il sert et ressert la soupe moralisatrice conventionnelle, en flattant cette étroite vision féministe. Espèce de traître !

Il n’en a rien à cirer que cet enfermement monogame soit contraire à la nature et il se contente de déguiser cela en une doxa qui tiendrait du bon sens. Dans le film il y a même quelques émasculés qui bêlent avec les instances castratrices. Que cette démission est laide et finalement vulgaire !

Les insoumis doivent tricher pour maintenir les convenances. Ils trichent contre la société corsetée, pas contre eux-mêmes. Le puritanisme est de retour, planquez-vous !

La mater dolorosa, ou épouse délaissée, est jouée par Tamsin Greig.Et finalement elle s’en sort très bien, puisque le mari volage vilipendée pendant tout le film, finira écrasé. Elle évite ainsi un coûteux divorce et garde la maison rien que pour elle. Celle qui ne jurait que par l’amour éternel unique, n’aura aucune peine à immédiatement remplacer le défunt. Le nouveau est un homme carpette, Bill Camp, donc tout va bien. Ce n’était vraiment pas la peine de nous faire la morale.

Et Tamara Drewe ? Celle qui est jouée par Gemma Arterton, incarne une jolie jeune femme pas très fixée sur ses amours. Elle passe du beau jeune rocker Dominic Cooper au vieux moche Roger Allam. Mais bien entendu, il y a aussu un jeune soupirant valeureux et pas du tout repoussant joué par Luke Evans. Il est en stand-by permanent. Lui n’est pas célèbre, contrairement aux deux précédents. Et dans l’esprit totalement démago du film, c’est bien entendu cet homme « prédestiné » qui doit la rejoindre, sans doute pour toujours. Dans 20-30 ans elle pourra jouer à son tour, à l’épouse outragée. La boucle est bouclée.

En attendant le fait de passer de l’un à l’autre n’est pas du tout condamné par les auteures (remarquez le féminin).

La prise de vue est léchée. Les acteurs sont bons. Il y a pas mal de petites bonnes idées intercalaires. Le ton badin pourrait donner le change.

Le nez d’avant l’opération de Tamara est grotesque.

L’histoire est somme toute ultra classique ; pensée main stream, adultère, punition divine…

***

Jacques Mandelbaum critique du journal Le Monde se laisse illusionner une nouvelle fois :

https://www.lemonde.fr/cinema/article/2010/07/13/tamara-drewe-reglements-de-comptes-dans-un-amour-de-cottage-anglais_1387354_3476.html

” [Tamara Drewe] témoigne pourtant de la plus pétillante verdeur, de la plus sémillante subtilité, de la plus grande aptitude au renouvellement, en un mot du plus certain des talents”

Le délire continue :

“Stephen Frears signe ici son Théorème

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tamara_Drewe

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