Tendre Voyou. Belmondo, Demongeot, Marielle, Noiret, Audiard. 6/10

Temps de lecture : 4 minutes

La mémoire nous joue des tours.

Jean-Paul Belmondo est un sacré charmeur. Quand il est sautillant, rusé et démonstratif comme cela, il nous semble une sorte de bon copain, éternellement jeune (33 ans). C’est sans doute ce « magnifique » Bebel que l’on aime le plus.

A tel point, que ces congénères, d’à peu près le même âge, sont bizarrement fixés dans nos mémoires, comme des plus vieux que lui – Jean-Pierre Marielle (34 ans) et Philippe Noiret (36 ans) par exemple. On les préfère sans doute dans des rôles plus mûrs. La patine leur va bien.

Tous ces acteurs sont largement aidés par les dialogues de Michel Audiard. Mais pour une fois, ce n’est pas suffisant. Le film reste assez inégal et comme un enchaînement discordant de scénettes, plus ou faciles. Au paroxysme, lors des tracas en bateau, on est dans le registre vulgaire de la farce. Le réalisateur Jean Becker n’a pas fait une comédie chef-d’œuvre immémorable.


Ce côté brouillon et paresseux du scénario est assez typique de ces années là ; en particulier en France (1966). J’ai vraiment du mal à m’y faire.

L’idée de base est simple et repose exclusivement sur Belmondo. C’est un mignon petit escroc, qui parvient surtout à tromper les femmes et/ou leur conjoint benêt.

Les « victimes » peuvent être plus gourdes l’une que l’autre, ou bien plus malines et totalement intéressées. La craquante Mylène Demongeot est parée de ce bicorne (double casquette).

  • Qui n’a pas écouté l’habile baratin des bateleurs de foire ? La prestation est souvent tellement « belle » qu’elle justifierait à elle toute seule, nos achats impulsifs de bas inusables, le set de casseroles à prix cassé, l’assortiment de couteaux merveilleux, les 10 paires de chaussettes à prix étonnant… On est bien entendu pas tout à fait dupe. Mais on a tous été jeunes dans nos têtes et influençables. On s’est laissé entraîner dans cet unanimisme des spectateurs. Rien que pour le plaisir du « vivre ensemble » (quelle affreuse expression !).

On notera les rombières mythiques, dans toute leur puissance. Comme Maria Pacôme et Micheline Dax. Elles se prêtent gentiment à cet hara-kiri d’image – quelle femme âgée aime que l’on souligne les blessures du temps ?

  • Nos jeunes ultra-féministes se projettent telles qu’elles sont maintenant. Et aucune n’envisage la vieillesse. J’aimerais savoir comment elles flamboieront à l’automne et à l’hiver. Sans doute viseront-elles de rentrer dans le rang, avec un statut protecteur dû à leur gloire passée. Ces agitées, à la Sardine Ruisseau, n’auront pourtant pas une œuvre littéraire derrière elles, pour nous faire le coup des leçons et de la sagesse.
  • Notre génération a eu le même problème avec les hippies. On ne pouvait les voir qu’éternellement jeunes. Visez le tableau à présent !

Cette vision très Albert Simonin des nanas, ne permet pas de grands moments de psychologie.

La belle Italienne Stefania Sandrelli incarne la finaude qui finalement venge l’image catastrophique des femmes. Elle et son père incarné par un Marcel Dalio biface, seront plus madrés que le tendre voyou.

Mais il y a d’autres jeunes femmes iconiques, qui tendent à démontrer les bienfaits du monde sans frontière, unifié dans sa diversité. Ça tombe de tous les coins (?) du globe, comme Oja Kodar, Olga Palinka, Ellen Bahl, Michèle Girardon  …

Finale en forme de retour moral à la case départ.


La distribution vaut le détour. Il n’y a qu’à voir la présence d’Elizabeth Teissier, championne des prédictions astrologiques, copine de Mitterrand et a qui des charlots ont octroyé un doctorat en sociologie.

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89lizabeth_Teissier

https://en.notrecinema.com/communaute/stars/stars.php3?staridx=165805

https://fr.wikipedia.org/wiki/Oja_Kodar

https://fr.wikipedia.org/wiki/Tendre_Voyou

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