Travolta, Rhodes, Bee Gees. Staying alive. 2è avis 7/10

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Stayin’ Alive

En revisionnant ce travail, je me suis rendu compte que j’ai été rosse la première fois. Je peux bien l’avouer, je ne suis pas danseur du tout. D’où sans doute un 6/10 motivé par une certaine jalousie pour ceux qui savent bouger.

Il s’agit donc d’un film plus subtil qu’il m’a semblé la première fois. Déjà en ce qui concerne ces allers-retours amoureux. C’est un beau numéro d’équilibriste. Il y a franchement quelque chose de vivant et d’éternel là dedans. Et bien que cela a trait à quelque chose d’aussi imprécis que l’amour, cela reste assez crédible. Pour le reste c’est la musique des Bee Gees, on aime ou on n’aime pas. Il faut s’accommoder de ces grands gaillards, dont un a les cordes vocales franchement féminisées. Certains parlent de voix de fausset. Et ça c’est à vous de voir.

Le bouillonnant John Travolta a du mal à trouver sa place et c’est voulu. Étonnant quand on considère sa carrière à venir, mais à l’époque le mystère était encore possible. Il pouvait être ce rital qui a de la niaque mais qui peut se révéler balourd parfois. Un autre rital a su le mettre en valeur, c’est Sylvester Stallone, qu’on attendait pas si talentueux à la réalisation.

John a cette saine énergie qui fait qu’on pardonne beaucoup. Lui est direct et premier degré, mais dans le sens pulsionnel du terme, ce qui contribue à son charme de fauve.

Il sait pourtant parfaitement naviguer. Et s’il reconnaît à sa mère, avoir été arrogant et impossible. Elle balaye cela d’un revers de main : « c’est parce que tu es comme cela, que tu as su sortir de ton milieu défavorable » .

Finola Hughes, la riche, est subtile et capable de postures osées. Pas dans la connotation sexuelle, mais celle d’un certain « jeu » de séduction mâtiné d’une morale non conventionnelle mais qui se défend. Elle connaît bien les codes et elle en joue. Ce qui se situe dans le cadre de son « tout le monde profite de tout le monde » avec pourtant une fraîcheur amoureuse parfaitement maîtrisée. C’est là le stade le plus fort de l’union des êtres, l’abandon réelle mais en parfaite conscience. Peu y parviennent.

C’est une autre façon d’avoir du charme, en plus classieux sans doute. Mais aucun n’est ridicule.

Mais c’est la puissante loi de la vie, qui encourage la prise de risque, en matière de jeux amoureux.

Intéressantes, ces poussées néguentropiques de notre héros. En d’autres termes son souci de mettre fin au bordel de sa vie. C’est pragmatique et pas moraliste pour un sou. D’où le retour à un bénéfique réalisme.

Cynthia Rhodes qui nous fait la jeune femme effacée ne peut être que délaissée, dans ce monde des passions incandescentes et de carrières fulgurantes. Elle a du soucis à se faire.

Une des qualités du film tient dans sa relative indétermination. On va de droite à gauche dans ses choix amoureux. Cela vaut surtout pour John Travolta. Il est vierge, sa carrière est balbutiante. Dans la réalité elle est bien moins déterminée que celle qu’on lui prête dans le film. Film qui est forcément sur déterminé. Pas question qu’on quitte ce long métrage sur un échec et une autre forme de tristesse, sinon comment pourrait-on se trémousser dans le générique final sur stayin’ alive. Loi bénite du disco.

Promesse, promesse et pourtant une réelle déception. Le spectacle final « diabolique » est assez grotesque. Dommage car les entraînements étaient très prometteurs.

Et vous laquelle choisiriez-vous ? Le fidèle Cynthia Rhodes ou la femme fatale Finola Hughes. A moins que vous ne les délaissiez toutes les deux, pour une balade triomphale tout seul à Broadway. Les immenses joies qui récompensent un travail personnel de grande qualité, une invention, un coup de génie, sont nécessairement solitaires et muettes. On le comprend.

Mais au fait qui a le plus aidé l’autre. John Travolta a besoin des Bee Gees. L’inverse est vrai aussi. Ce groupe sera encore plus propulsé par ce film. Il faut être juste cependant, ces Australiens avaient déjà marqué les esprits avec MassachusettsTo Love SomebodyI Started a Joke.

********* ancienne critique ci-dessous ************

And we’re stayin’ alive, stayin’ alive
Ah, ha, ha, ha, stayin’ alive, stayin’ alive
Ah, ha, ha, ha, stayin’ alive…

Bon, à part la cette chanson culte des Bee Gees, je ne trouve pas la bande son, si bonne que cela.

C’est l’histoire du jeune Travolta, qui vient de Brooklyn la défavorisée, et qui fait tout ce qu’il faut pour percer, dans le monde huppé de la danse à Broadway.

Dans ses amours, il hésite entre deux danseuses, représentant deux univers.

  • Finola Hughes est une étoile raffinée, issue de la haute. La belle est très attirante, mais visiblement pas du même milieu. Elle s’amuse un peu avec lui, mais s’ingénie à conserver les distances. Elle l’aide à gravir le premier échelon. Ce n’est pas une oie blanche. Cette femme racée ne se berce pas d’illusion : « Tout le monde se sert de tout le monde ». Elle a ma préférence.
  • L’autre est sa régulière. Cynthia Rhodes est moins bombasse et plus gentille fille. Elle ne joue pas dans la même catégorie. Discrète voire effacée, elle est sentimentale et a la larme facile. Qu’elle ne s’inquiète pas, dans ce cinéma « familial », elle conserve toutes ses chances. Il suffira de quelques allers-retours.

Tout le script nous mène à l’apothéose finale, le grand spectacle lors de la Première.

Cinq ans avant Travolta se livrait au même « sport », dans une performance analogue : « La Fièvre du samedi soir ». Un indiscutable réussite qui tend à éclipser « Staying alive ».

Sylvester Stallone – oui c’est bien lui – a réalisé un film bien charpenté, linéaire et efficace. Pas étonnant qu’avec notre Rambo, l’exposition de muscles et les performances athlétiques, dominent. Le film est incontestablement viril et testostéroné. La finesse et la subtilité passent largement en second plan.

  • Et pourtant le chorégraphe dans le film prétend enseigner le contraire « ce que vous faites, ce n’est pas de la gymnastique »

Les fans de danse de l’époque y trouveront sans doute leur compte. Les autres s’ennuieront souvent.

Alors que l’on s’attend au meilleur, le show final “Satan’s Alley », est étonnement lourd et dénué de grâce. Vu de loin, il donne l’impression d’assister à un combat à mains nues, de GI contre les Vietcongs.

Il y a une bonne scène au milieu du film, quand le jeune Travolta déboussolé va voir sa mère. Il a un accès de contrition. Au-delà de ses déboires sentimentaux et professionnels, il doute de tout. Il se demande s’il n’a pas été aussi un mauvais fils. Sa mère le rassure en lui disant que tout son comportement passé, même le pire, n’a fait que concourir à ce qu’il est devenu maintenant. Ses révoltes, ses problèmes, l’ont obligé à essayer de se sortir du milieu défavorisé, dans lequel il était. Un bel acte de piété maternelle. Elle aura droit un billet gratuit pour le spectacle.

Voilà, ce n’est pas le pire film musical, mais c’est loin d’être le meilleur.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Staying_Alive

John Travolta

Cynthia Rhodes

RéalisationSylvester Stallone
Envoi
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