Un dîner peu ordinaire. Poirot-Suchet. Miss Lemon amoureuse. Enquête alimentaire mon cher Hastings. 7/10

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Une fois de plus l’intrigue criminelle, n’est pas le plus important. Le sujet est fortement délayé alors qu’il est issu de la simple et courte nouvelle le crime de Regent’s Court.

Je ne m’enthousiasme pas ici pour les devinettes criminelles. Surtout si l’on considère ce lot d’invraisemblances et de rebondissements douteux.

J’ai souvent dit ici ce que je pensais de Agatha Christie, cette autrice surfaite. Ce qui la sauve ici ce sont des déductions judicieuses de sa créature Poirot.

Pour réaliser ce pudding anglais à base de spaghettis enchevêtrés, il faut toute une épicerie avec des ingrédients supposés s’allier au bon moment les uns avec les autres.

Si vous préférez une métaphore plus nordique, disons que ce scénario bancal semble un montage Ikea, avec bien entendu le mode d’emploi qui nous manque, des vis égarées et des montants qui nous pètent dans les mains.

Voyons voir la cascade d’éléments circonstanciels, qui tombent fort à propos.

  • Hugh Fraser en tant que Capitaine Arthur Hastings doit d’abord vouloir acheter une auto italienne. Mais d’où lui vient tout cet argent ? Il sera d’ailleurs feinté à la fin. Faut-il toujours que les pépins s’accumulent sur sa tête ?
  • Pauline Moran est chargée d’incarner Miss Felicity Lemon. Ce qu’elle fait bien avec sa prestation limite vieille-fille. Voulant quand même tenter de sortir de son funeste célibat, elle se laisse embobiner par un Leonard Preston d’apparence inoffensive et quasi asexué. Pas de masculinité toxique par ici. Pourtant il figure un personnage hâbleur du nom de Mr Graves. Mais comme notre sainte est totalement dévouée à Poirot / Suchet, il y a fort à parier qu’il y aura au moins un grain de sable. En fait notre Preston si docile est d’abord un menteur, puis un voleur et enfin une dangereuse personne. Poirot fera d’une pierre deux coups. Il neutralisera à la fois le bandit et les ardeurs de sa secrétaire. A noter que le forban bosse chez Foscatini ; pas comme secrétaire particulier comme il le prétend, mais comme valet. Sans ce dernier lien, il n’y aurait pas non plus d’histoire. Hum.
  • Le faire-valoir Philip Jackson passe par là en tant qu’Inspecteur-chef James Japp. J’ignore si ce rôle relativement médiocre lui a collé à la peau et s’il a eu du mal à sortir de sa condition de comédien grisâtre après cela. Et lui aussi « comme de bien entendu » sera sur les lieux à titre professionnel. Encore un hasard qui fait bien les affaires de l’emberlificoteuse Agatha.
  • On rajoute à cela des noms en O et en I, pour faire très italien. C’est du temps de Mussolini et on a du mal à voir de quel bord politique sont ces transalpins. Il se pourrait que les plus brigands soient les plus antifascistes ou inversement.
    • Anna Mazzotti est à la fois une commerciale qui vend les cabriolets convoités mais aussi une petite femme fatale pas très claire car elle semble fricoter avec la pègre et/ou la mafia.
    • Vincent Riotta est Mario Ascanio. Sidney Kean représente le Comte Foscatini. Il y a donc un soupçon d’aristocratie dans ce gloubi-boulga. C’est souligné dans le titre anglais : The Adventure of the Italian Nobleman.
      • Ces deux derniers sont les participants à ce dîner peu ordinaire. Il faut bien qu’il soit là. L’astuce c’est que le maître-chanteur n’est pas celui qu’on croit. La belle affaire.
  • Il faut aussi que Poirot et Hastings soit chez un médecin à l’heure du crime, puisque l’agonisant Foscatini doit se signaler au téléphone. Soyons beaux joueurs et félicitons tout de même le Belge moustachu. Il arrive à comprendre pas mal de chose en fonction des plats consommés ou non, de leur nombre et de la propreté dentaire de la victime. Pour une simple nouvelle, c’est pas mal. En 1923 la romancière en avait encore sous le capot.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_d%C3%AEner_peu_ordinaire_(t%C3%A9l%C3%A9film)

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