Une histoire vraie. David Lynch. Tondeuse et bons sentiments. Excellent Richard Farnsworth. 7/10

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Hormis l’utilisation du petit tracteur-tondeuse, il n’y a pas grand-chose de vraiment original dans ce road-movie.

C’est un film feel-good, saturé de bons sentiments, au point que l’Américain de base se sent forcément remué. D’ailleurs la très coincée Walt Disney Pictures a participé à la production, c’est tout dire.

Le seul élément perturbateur consiste en des pannes de l’engin. Et c’est vrai que compte tenu du sujet, c’est vraiment un problème sérieux et problématique. En tout cas on finit par le croire.

Même le ciel est favorable. Et tout le monde (il) est bon et gentil.

C’est une ode au « Bien », dans le sens christique du terme, avec des réminiscences du paradis perdu. Conformément au canevas hollywoodien classique, c’est aussi la lutte de l’homme seul face aux éléments, face au génie malveillant de la mécanique, face à la société qui pourrait réprouver l’originalité, face à la famille qui n’est pas toujours parfaite…

Pour parfaire le tout, les concepteurs ont mis une robuste toile de fond, résultante d’une quintuple empathie.

  1. Tout le monde, sans exception, se dévoue pour soutenir ce vieux cowboy rebelle (76 ans dans le film et 79 ans en vrai). A noter la très belle prestation de Richard Farnsworth. Dans le dialogue qu’on lui prête, il reconnaît pourtant que la vieillesse est un naufrage. Le pauvre comédien est mort peu de temps après, à 80 ans.
  2. Le périple est à l’évidence un des Chemins de Compostelle qui mène au salut. Il y aurait eu bien d’autres façons d’arriver à bon port. C’est donc un choix de souffrance hautement significatif. Dans notre civilisation agonisante, le « vrai » pèlerin attire encore pas mal notre sympathie. Et la douleur supposée rédemptrice est intrinsèquement liée à notre monde. Friedrich Nietzsche s’en est offusqué largement et à chercher à nous débarrasser de ce qui découle d’une culpabilité stérile.
  3. Le wokisme naissant s’exprime ici par cette grande bienveillance quant au handicap de la fille Rose. Aucune « minorité » ne peut lui échapper. Le jeu de Sissy Spacek est sans doute bon, mais elle est totalement desservi par l’épouvantable voix française. On tombe dans la parodie du bègue et du déficit mental léger.
  4. Il y aussi l’éloge de la fraternité dans tous les sens du terme. Avec comme d’habitude, chez ces croyants d’Amérique, la faute, la confession, la rédemption… et la larmichette.
  5. En dernier de la liste, je mets la tirade sur les anciens combattants. Avec ces regrets exprimés pour les grosses bourdes faites dans ces moments là. Il s’agit de la deuxième guerre mondiale, mais il faut le lire comme si on parlait du Vietnam, de l’Irak…

L’ambiance est assez conforme à ce qui s’affirmera plus tard comme une ère woke ; l’agressivité de ces « prêtres » / « commissaires du peuple » en moins.

  • Ce wokisme naguère rampant, correspond à une énième tentative de remise à neuf des idéologies qui ont échouées ; avec déjà pas mal d’avatars depuis le pari pervers de la chrétienté (enfer pavé de bonnes intentions).
  • On peut citer dans ces ratages passés et à venir, feu l’idéal communiste, la religion écologique avec ses saintes Thunberg et toutes les para-cultures mollassonnes et obscurantistes qui ont pour ambition de se substituer aux sciences « dures » et dont s’emparent des frustrés qui sont dans l’incapacité d’avoir un diplôme sérieux et qui rêvent de s’ériger en gourou.

« Une histoire vraie » date de 1999 et pourtant cela n’a pas pris une ride. C’est du à la bonne vision du sujet par David Lynch. Les presque deux heures passent aisément, ce qui est un comble quand on considère la simplicité du sujet à froid. Mais le road-movie par essence nous donne à voir une multitude d’histoires B.

Le brave Lynch semble bien assagi avec cet opus. On est à des années-lumières de Blue Velvet ou de Mulholland Drive.

On peut remercier aussi ce John Deere, ultra-présent et forcément serviable.

10 millions de dollars tout de même pour réaliser cette escapade. C’est un budget assez conséquent alors que les réparations du tracteur ne font que quelques centaines de dollars.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_histoire_vraie_(film,_1999)

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