La Grande Evasion. Tunnels George, Tom, Dick, Harry. Archéologie expérimentale GUARD. 8/10

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Le dynamisme du film documentaire de certains pays est enthousiasmant. Surtout si l’on considère ces productions françaises débiles qui se contentent d’un révisionnisme woke de l’histoire.

Paul Nelson et Brian Rice sont les réalisateurs de ce documentaire « histoire » canadien : “Digging the Great Escape”.

On doit au Dr Hunt de l’Université de Cambridge, la coordination d’une équipe d’experts visant à retrouver ces tunnels en Pologne. Cela implique aussi l’ingénieur Philip Westwood, l’historien Howard Tuck et les archéologues Tony Pollard et Hilary Costello.

Des pilotes soldats de la RAF sont également présents. Ce n’est pas seulement une démarche affective visant à saluer leurs prédécesseurs, car ils travaillent durs également sur ces fouilles.

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Voici le maigre texte qui est reproduit tel quel par tous les sites idiots qui occupent indûment les premières places Google :

« Le 24 mars 1944, 76 aviateurs alliés s’évadent de la zone nord du Stalag Luft III, un camp de prisonniers de guerre : des survivants et des experts racontent. »

Que peut-on faire avec ce paragraphe bateau qui recouvre tout ce qui a pu être produit sur le sujet ?

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Il y a bien d’autres choses à raconter sur ce brillant exercice de 2012, qui se révèle hautement pédagogique et néanmoins parfaitement distrayant.

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Nos chers savants Britanniques ont entrepris de faire des fouilles dans le Stalag Luft III où a eu lieu une des plus fameuses évasions de l’histoire. Ils s’associent à des entreprises de premier plan, qui se sont spécialisées dans ces tâches complexes.

Nos chercheurs auraient bien voulu retrouver Harry. Ils se rabattent sur George. En parallèle, ils conçoivent un tunnel de novo, en partie à ciel ouvert, afin de comprendre les difficultés. Et en raison du sol sablonneux très meuble, les problèmes sont énormes.

L’exposé de leurs travaux récents est sans concessions. Ils relatent leurs échecs, leurs fautes autant que leur réussite.

Ce qui découle de ce captivant récit, c’est l’incroyable exploit de leurs prédécesseurs qui avaient si peu de matériel à leur disposition. Les excavations judicieuses mettent au jour un essieu improvisée avec roues appartenant à l’un des chariots du tunnel. Ils retrouvent également une pompe à air quasi intacte et des boîtes imbriquées qui forment les conduites d’air.

En tentant de recréer les conditions de jadis, les entrepreneurs et les chercheurs deviennent de plus en plus conscients des difficultés. Ils sont littéralement éblouis par l’inventivité et les compétences des prisonniers. En dehors des objets habituels bien connu, on peut citer la scie réalisée à partir de la longue lame ressort d’un phonographe. Le travail de finition des lattes de bois issues des sommiers. On comprend mieux à partir de là.

Et il ne faut pas oublier que les travaux contemporains ne se font pas dans la peur et les exécutions, comme ce fut le cas dans le passé. Des grosses excavatrices motorisées sont mises à profit, ce qui est un autre anachronisme nécessaire ; le chantier étant limité dans le temps.

Des vétérans émus ont été amenés sur place. Ils valident généralement les nouvelles créations. L’émotion est palpable de tous les côtés. On sent un infini respect pour nos aînés. Et c’est à nous maintenant de féliciter les équipes de ce nouveau chantier.

On connaissait les trois tunnels Tom, Dick, et Harry. Et le reportage nous fait découvrir l’existence de George, une quatrième réalisation. Elle a été faite en 1945 après la découverte des trois premiers par les Allemands et avait pour but de protéger les prisonniers en cas d’attaques de l’extérieur, après l’ouverture du camp. L’intérêt de cet ouvrage, c’est qu’il est basé sur les mêmes principes que les précédents et comme il n’a pas été détruit volontairement, il peut fournir de nombreux enseignements.

L’image HD est parfaite et la prise de vue est de qualité. Ce ne sont pas quelques clampins qui se filment eux-mêmes en tremblant avec du matériel amateur et passent leur temps à se flatter bien inutilement. Ne riez pas, ce genre se voit, bien plus souvent qu’on ne le croit. D’autant plus que la plupart de nos archéologues ont compris qu’il fallait soigner leur image publique pour se faire mousser sans doute mais aussi pour convaincre les sponsors.

J’ai déjà eu l’occasion de traiter de cette Grande Évasion (histoire militaire), à l’occasion d’un autre documentaire, plus classiquement historique cette fois. La grande évasion. Tunnels de guerre. Jack Lyon. Scheidhauer, Bushell. 8/10

Les histoires d’évasion sont multiples et souvent prenantes :

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grande_%C3%89vasion_(film,_1963)

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Grande_%C3%89vasion_(histoire_militaire)

https://en.wikipedia.org/wiki/Stalag_Luft_III

https://www.cam.ac.uk/research/news/recreating-the-great-escape

https://www.guard-archaeology.co.uk/caseStudies/stalagLuftCS.html

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