Vacances. Cukor. Avis film politique. Aristocratie, New Deal, fascisme et socialisme. 8/10

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Ce choix de titre Vacances / Holiday est assez bien joué. Il donne l’impression que la recherche de Cary Grant a une part de superficialité. Et c’est bien la question. La donne paraît simple dans le film.

En admettant que l’on soit un génie des affaires, doit-on sacrifier sa qualité de vie, la fraîcheur de l’amour à l’accumulation infinie des richesses, quitte à saborder bon nombre de valeurs ?

  • C’est une problématique de société repue. On connaît de nos jours ces tentations de la paresse. Certains politiques de gauche en font même une revendication. Ce lendemain qui chante se situe quelque part là bas, à l’horizon de la décroissance.

On peut souligner aussi la revendication méritocratique. Le self-made man est valorisé par rapport à ceux qui ont une cuillère en or dans leur bouche depuis leur naissance.

Métaphore.

Les complaisants studios Disney, après avoir émasculé le monde animal, réintroduise l’humain d’une curieuse façon. Le richissime et pingre Picsou n’est autre que l’éternel Scrooge. Son « idéal », consistant à remplir sa piscine de pièces d’or, n’est pas compatible avec le monde insouciant de Riri, Fifi et Loulou. La vieillesse soucieuse et ennuyeuse contre la jeunesse frivole et gaie. Et dans ces années là (1938) on est sommé de choisir, sans qu’il y ait un juste milieu.

George Cukor est un bourreau de travail qui ne compte pas ses heures. Pourtant lui aussi ne craint pas le paradoxe, dans cet éloge du contemplatif et du philosophique, face à une supposée vaine agitation du monde. Mais il ne blâme pas complètement la richesse, contrairement à l’hypocrite Capra.

  • Notre bon Frank Capra, allait plus loin encore dans sa caricature de pauvres vertueux face à des riches odieux. Pourtant il était le réalisateur le mieux payé d’Hollywood. Je n’ai pas entendu dire qu’il ait donné ne serait-ce que la moitié de son manteau à un pauvre.

On peut souligner aussi la revendication méritocratique. Le self-made man est valorisé par rapport à ceux qui ont une cuillère en or dans leur bouche depuis leur naissance.

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Cette œuvre en quasi huis-clos est à l’évidence une pièce de théâtre. Ce qui explique aussi cette densité temporelle habilement dosée.

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En 1938 le cinéma est chahuté par la politique. Les tensions entre les deux grands totalitarismes sont exacerbées. Et cela se ressent dans la société américaine.

Cukor se devait de mettre en avant certains aspects de la lutte des classes. Mais pas en se complaisant dans la grande déprime. C’est le sursaut New Deal qui est en jeu. Ce n’était pas tout à fait du cinéma social, mais cela devait montrer l’envie de revenir à une plus saine méritocratie.

Pourtant ici le héros va un cran plus loin il aspire à des « vacances » pour se retrouver et savoir où il veut vraiment en venir. Un « luxe » inouï en ces temps là. En tout cas, il prône un retour sur soi, au détriment d’une course stupide, si elle n’est dévolue qu’à l’empilement d’argent.

À signaler aussi la volonté d’en découdre avec un certain credo national-socialiste. C’est assez clairement exprimé ici, en tout cas chez certains membres de cette caste de riche.

La suite est ici : cukor-vacances-avis-acteurs-et-psychologie-hepburn-grant

https://fr.wikipedia.org/wiki/Katharine_Hepburn

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vacances_(film,_1938)

https://en.wikipedia.org/wiki/Henry_Daniell

https://fr.wikipedia.org/wiki/New_Deal

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