Histoires sensuelles. Belles Indiennes. Sexe ancillaire, emprise, vibromasseur, tromperie. 7/10

Temps de lecture : 6 minutes

Tout concourt ici à nous démontrer que les Indiens sont des Occidentalisés, comme les autres. Mais pour le reste, il n’y a rien de strictement Bollywood ici.

Je pourrais même dire qu’ils sont américanisés, tellement les pratiques du « sexe », qui sont au centre des séquences, tendent vers la gymnastique hygiénique.

Pour une fois le titre « sensuel » fait dans l’understatement, comme on dit à Bombay. Ces films sont à franche connotation « sexuelle ».

  • D’ailleurs le titre original rend compte habilement de ce différentiel : Lust Stories au lieu de Love Stories, I presume.

Cette tonalité égrillarde en devient même parfois gênante. Pas que je sois devenu bégueule, mais parce que cette exposition « clinique », d’une « froide » subordination aux tourments de la chair, finit par ressembler à un étal de boucherie.

Cinq secondes pour jouir. Sexe vibrant.

J’en prends pour exemple, ce dernier épisode où l’héroïne Kiara Advani vient de se marier. Une fois au lit, et pas seulement la nuit de noces, elle compte sur le bout des doigts d’une seule main, les secondes avant que son époux finisse sa petite affaire. Elle espérait désir, satisfaction et plénitude, mais elle est très loin du compte avec cet homme « précoce ».

C’est déjà une curiosité. Mais cela ne s’arrête pas là.

La belle est tellement frustrée qu’elle pique à la sensuelle Neha Dhupia, une des ses amies, un vibro-masseur gérable à distance. Elle l’a vu à ses œuvres et en est toute retournée. Le bonheur solitaire serait donc possible.

Elle se réfugie dans sa chambre pour l’essayer. Malheureusement la grand-mère qui souhaite regarder la télé confond le module de commande avec la télécommande du posté TV.

Et quand la belle doit sortir précipitamment de sa chambre pour une urgence familiale, elle a le dispositif principal « in situ ». La grand-mère, sans le savoir, va l’envoyer en l’air et elle s’agitera comme une furie au salon, devant sa famille médusée.

Et moins la supposée télécommande ne fonctionne, plus la vieille insiste et plus la vibration libératrice est élevée. S’en suit un orgasme public d’anthologie. N’allez pas me dire qu’il s’agit d’un romance sensuelle !

  • Je suis un farouche détracteur des « accessoires » en tout genre. Quelle pauvreté que ce sexe sans attirance, sans but, sans recherche autre que d’ouvrir un tiroir.

Riche et cocu. Difficile rallumage de feu chez les « vieux ».

D’autres sketches sont moins « drôles », mais ils sont toujours liés au sexe, d’une manière comme une autre.

C’est le cas de ce drame triangulaire chez les riches. Jadis cette dame plutôt âgée, la népalaise  Manisha Koirala, était convoitée par toute la jeunesse environnante. Un seul sera choisi à l’âge adulte. Ce futur cocu, ni moche, ni trop vieux, est devenu richissime. Et il continuera à faire des gros coups, ce qui contribue à redorer son blason à cornes.

Mais l’ex-belle, devenue banquière, se réfugie dans les bras du meilleur ami du potentat. Il n’est pas pauvre du tout. On reste dans les mêmes strates. La belle demeure moderne du célibataire coquin, est là pour le prouver. Madame copule avec l’ami. Mais elle semble plus heureuse que lui, sur le coup. Elle s’interroge sur son devenir physique, certes problématique. Lui profite de la chose depuis fort longtemps. Il ne la voit pas telle qu’elle est dans l’absolu. Ces tromperies sont presque devenues une routine, alors que pour elle, ces escapades ont encore le suave parfum du péché.

Le pauvre mari officiel (pas si pauvre que cela) se doute qu’elle le trompe. Faut dire que côté « distance » et mépris, elle y met du sien. A ce stade, TOUT chez lui la gêne. On est au stade bien connu de la guerre pour un tube de dentifrice mal refermé.

Et selon la vieille tradition vaudevillesque, le cocu s’en ouvre à son meilleur ami, celui par qui la tromperie arrive.

Le jeu est complexe. Puisque chacun finit par comprendre les interactions des uns et des autres. Reste à trouver une solution. Et finalement le plus riche, le mari officiel finira par récupérer son « bien », à titre exclusif. Mais elle ne devra pas dire à son ex-amant que son mari sait désormais ce qui s’est passé. Mais bien entendu elle s’empressera de dévoiler ce « secret ». On est donc dans une hypocrisie de bon ton, largement partagée. Toute vérité n’est pas bonne à dire, mais tout mensonge non plus. Enfin moi je me comprends.

Sexe et emprise.

Le premier sketch est bizarre. L’intrigue est pourtant simple, mais le jeu ne paraît pas si naturel que cela. Pour moi c’est un raté.

  • Si on inverse le rôle de la femme et de l’homme on retombe sur des terres connues. Celles de l’emprise des beaux mâles enseignants sur leurs mignonnes petites élèves.

Une jeune professeure d’université mariée, se veut moderne et donc polygame. Elle séduit un de ses élèves, façon « coup d’un soir ». En théorie, ce n’est pas bien. Et de toute façon, ce nid à embrouilles mélangeant travail et cul, n’est pas recommandé. On y perd forcément le respect.

  • Radhika Apte n’est pas la plus belle actrice du moment, et c’est bien pour cela qu’elle bénéficie du rôle. Elle ne doit pas avoir tous les atouts en main. Il faut qu’elle se batte.

Le post-adolescent naïf qui tombe dans ses filets, aurait 21 ans. Mais compte tenu des chasses aux sorcières, elle s’inquiète. N’est-il pas plutôt mineur ? Elle le contraint à dire un message la disculpant. Elle l’enregistre maladroitement sur son smartphone. Il en est un peu décontenancé.

Plus tard elle se ravise et cherche à se rabibocher avec lui. Elle a ouvert les vannes et cet amant va voir ailleurs en douce, avec une jeune fille qui lui correspond mieux.

La « vieille » Radhika ne l’entend pas de cette oreille et elle lui fera la guerre. Ce peut-il que la « fornication » soit si fondamentale que cela, au point qu’elle en perde un peu la raison ? « That is the question » comme on aime à dire dans cet hindi émaillé d’anglais.

  • Le terme « fornication » est celui utilisé dans le film.

Sexe ancillaire contre sexe marital.

Le deuxième sketch est plus crédible et plus émouvant. Il nous interroge pour de vrai. Un beau jeune homme est au lit avec une jeune femme, Bhumi Pednekar. Et cela semble bien satisfaisant pour les deux. Mais rapidement on se rend compte qu’il s’agit de la bonne chargée du nettoyage de ce tout petit appartement. Les parents débarquent avec les futurs beaux-parents. La promise est une belle jeune fille classieuse. Je ne suis pas assez connaisseur pour déterminer s’il s’agit de Nikita Dutta ou Rasika Duggal. Qui n’en voudrait pas. Du coup l’employée de maison semble bien pâlotte.

Elle doit servir tout ce beau monde, et paraître le plus effacée possible, selon la grande tradition ancillaire.

Mais nous, on est dans les coulisses et on ne peut que constater sa tristesse. On la comprend. On est tenté de la plaindre selon nos vieux critères judéo-chrétiens. Doit-il forcément y avoir une morale.

Et comment pourrait-il en être autrement ? Le film n’apporte pas de solution à ce « faux pas ». On pourrait redouter ou admirer ne serait-ce qu’une petite révolte. Elle n’en fera rien. Et son amant de circonstance se réfugiera dans une certaine distance. Ite missa est, comme on le dit chez les rares chrétiens de ce « sous-continent ».

On nous vend tout cela comme les produits « sélect » des meilleurs réalisateurs indiens du moment. Anurag Kashyap, Zoya Akhtar, Dibakar Banerjee, Karan Johar.

Pourtant ce n’est pas l’impression que cela donne. Où est donc passé l’élitisme des plus grands ? De plus, il est étonnant de constater une certaine uniformité de ton, là où l’on s’attendrait à de grands écarts, du fait des personnalités tranchées des créateurs.

  • Cet exercice polyphonique, donne un son de cloche bizarre, avec pas assez de hauts et trop de bas. En général, dans cette exercice, il y a des séquences qui emportent l’adhésion, comme dans Boccace 70. Anita Ekberg, Romy Schneider, Sophia Loren. Fellini, Visconti, De Sica où le sketch « Les Tentations du docteur Antoine de Fellini » domine selon moi, avec son fameux « Bevete più latte » que l’on doit à la très « laitière » Anita Ekberg.
  • On peut aussi parler d’un autre sketch de Federico Fellini « Toby Dammit ou Ne pariez jamais votre tête avec le Diable » provenant d’un autre film, dans les Histoires_extraordinaires_(film,_1968), où Terence Stamp (celui de Théorème ) est génial ? Une « œuvre » courte et dramatique, qui a le don de me faire le même incroyable effet que le plus rigolo « Bevete più latte ». Encore une histoire de folie, mais surtout un rythme entraînant, avec une redoutable course vers l’abîme, ici aussi.

Cherchez dans ce casting, vous y trouverez quelques bombasses : Radhika Apte, Bhumi Pednekar, Manisha Koirala, Kiara Advani, Neha Dhupia.

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https://en.wikipedia.org/wiki/Lust_Stories

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