Vanity Fair Confidential. Bambi victime ou coupable. Doute profite au magazine. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Plutôt que « Bambi », la femme de ce couple magnifique, qui au centre de cette affaire, devrait s’appeler Barbie et son amant Ken. A ceci près que ces loustics n’étaient pas des prétendants exemplaires, susceptibles de faire de beaux jouets pour les petits, mais des amateurs de partouze et tutti quanti. Ce qui rajoute du sel à l’affaire.

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Vanity Fair est un magazine luxueux qui a toujours privilégié une excellente présentation. Ses managers ont su prendre les bons tournants. Ils ont senti le vent tourner alors que leur public se détournait de ce genre de publication et leur préférait ce dont on pouvait disposer sur le Net. Contrairement à d’autres ils ne se sont pas cramponner alors qu’ils étaient au bord du gouffre. Ils se sont habilement diversifiés.

En 2013 ils ont mis au point, Investigation Discovery for Vanity Fair Confidential. Une série documentaire léchée qui ne lésine pas sur les moyens et où les reporters du groupe s’engagent. Comme tout ce qui tente d’aller au plus haut, ils se sont pris quelques gamelles tout de même. Les quérulents processifs ne s’intéressant qu’aux plus gros.

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Plus fort que la fiction !

Lawrencia « Bambi » Bembenek est rapidement désignée comme ayant tué la femme de son amant. Les « preuves » s’accumulent. Mais des rumeurs circulent comme quoi ces éléments seraient fabriqués de toutes pièces. En effet la belle (vraiment) a eu maille à partir avec la police de Milwaukee, alors qu’elle y était employée.

Elle est finaude et pour se venger de ne pas avoir été intégrée dans la police après la période d’essai, elle a tenté de dénoncer des scandales internes (orgies, cocaïne etc). Elle avait pris soin d’utiliser des photos très parlantes. Son amant Schultz y figure. Mais elle aurait participé aussi, une fois ou l’autre.

Elle pourrait être devenu la femme à abattre… par la police. Et il est vrai qu’avec le parcours judiciaire qui va suivre, l’action contre les policiers soupçonnés s’est curieusement éteinte. Et elle ne reprendra jamais.

Il y a eu une sorte de jeu d’échec entre elles et les flics la poursuivant. Bien plus tard les Canadiens chez lesquels elle a tenté de se protéger, découvrent que l’impact de balle est incompatible avec le pistolet qui serait l’arme du crime. Une mèche blonde qui aurait été sur les lieux du crime apparaît miraculeusement dans les scellées, alors qu’elle n’y figurait pas dans l’état initial. Une perruque qui a été jetée dans les canalisations se trouve là dans une chronologie bizarre voire impossible. Cela fait beaucoup, d’autant plus que ce sont quasiment les seuls éléments incriminants. Des éléments à décharge ont été occultés, dont le témoignage du jeune fils de l’amant, qui pourrait jurer que c’était un homme et non pas cette femme, qui était sur les lieux.

Elle a fait une longue période de prison, ayant été condamnée à perpétuité. Les USA ne lui ont jamais reconnu le droit à un appel. Elle s’est enfuie en manipulant Gugliatto, ce soupirant à distance. Elle a tout organisé et réussi son coup, preuve supplémentaire de sa sagacité.

Des grands juristes canadiens et autres investigateurs, l’ont pris sous leur aile et ont fini par semer un doute ultra raisonnable – sept mille pages de rapports officiels à digérer !

Elle a accepté un deal avec la justice américaine. En enlevant la préméditation, après acceptation des années déjà passés en prison, elle était libre sous le chef réduit d’homicide volontaire. Un moindre mal pour elle qui était épuisée. Ce fut une déception pour son club de fans. Mais cela la privait aussi de tous recours, étant elle « coupable » désormais, il n’y avait plus à chercher le vrai responsable. On a donc interdit de revisiter les preuves à la lueur des nouvelles techniques (ADN…).

La police, et sur ses frasques orgiaques et sur la possible manipulation de preuve, s’en sortait donc largement. La chape du silence se refermait.

Pourtant il y a un candidat sérieux pour le meurtre de Christine Schultz. Frederick Horenberger est récidiviste au look inquiétant qui a utilisé le même mode opératoire sur une autre victime, pas loin de là. Il aurait pu être commandité pour l’élimination de Christine. Des ombres pèsent (hum) aussi sur le mari. D’ailleurs Bambi accuse ce Fred Schultz. Horenberger décèdera fort opportunément.

Au final les avis sont partagés, comme l’indique le titre de l’émission : Bambi victime ou coupable ?

On ne saura sans doute jamais la vérité. Il ne nous reste plus qu’à “juger” sur sa bonne tête, le plus subjectivement du monde. Femme fatale qui cache bien son jeu (teinte en brune) ? Ou victime du système (teinte en blonde) ?

Elle est morte à 52 ans, ce qui est un peu trop pour en faire un martyr iconique. Il aurait mieux valu disparaître à 27 ans, comme dans le fameux Club des 27 ou à 33 ans pour ceux qui visent un succès posthume de 2000 ans. Mais ces obstinés de la vie choisissent plus facilement l’heure de la mort des autres (assassinat) que la leur (suicide).

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Laurie Bembenek est d’une beauté hors du commun. Elle convient donc parfaitement en tant que pin-up, comme présentées par ce groupe Condé Nast, soucieux de montrer élégance et esthétique. Elle aurait pu être un des mannequins. Mais sa vie romanesque est aussi du pain béni pour Vanity Fair. Une belle conjonction astrale qui ne leur a pas échappé.

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Laissez tomber les sites bidons qui encombrent les premières places du Net (merci Google!) et qui commencent (et terminent) leur intervention à :

La belle Lawrencia Ann Bembenek, dite “Bambi”, a-t-elle réellement ligoté et assassiné Christine, la première femme de son mari, Elfred Schultz ?

En plus ils voudraient vous faire payer pour voir. Triste époque où les robots parlent aux robots.

Et nous dans tout cela ? Je pense que vous serez d’accord pour dire que le travail présenté ici est consistant et qu’il n’y a pas le doute qu’on ait pas vu le documentaire in extenso. Pourtant, on n’aura pas droit à une position privilégiée dans le « ranking » Google.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vanity_Fair_(magazine)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Qu%C3%A9rulence

https://archive.vanityfair.com/article/1991/10/was-bambi-framed

https://fr.wikipedia.org/wiki/Laurie_Bembenek

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