Vendée, Robespierre bourreau, sauce thermidor. Ombre d’un doute. Thèse et anti-thèse économiques. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Pour tout dire, dans ce documentaire lourdement à charge contre ce Robespierre là, les points d’interrogation ne sont pas de mise. Et donc le titrage initial de 2012, « L’ombre d’un doute. Robespierre : Bourreau de la Vendée ? » n’a pas lieu d’être.

La question n’est pas « les révolutionnaires ont-il commis des massacres de 1793 à 1796 ? ». La cause est entendue. On estime à 170.000 morts chez les Vendéens, dont nombre de femmes, d’enfants et de vieillards.

Il faut plutôt se demander si le comité de salut public dirigé par Robespierre avait le choix et si les exécutants auraient pu s’y prendre autrement.

La toute jeune nation française était en danger. La contre-révolution menaçait. Pire, elle ne voyait pas le mal à tenter de profiter d’une aide étrangère.

En Vendée, les partisans catholiques les plus zélés, servaient la cause des nobles. Le glaive et le goupillon étant étroitement liés, comme toujours. C’est le classique césaro-papisme, décliné à petite échelle, dans les campagnes. A partir du moment où l’on s’est attaqué aux prêtres réfractaires et à la foi considérée comme une superstition, la cocotte minute était prête à exploser. C’est la thèse quasi officielle mais qui occulte le fait que la Vendée n’était pas hostile à la Révolution au début.

Il y a donc aussi des causes économiques et sociales à ce soulèvement. La Vendée a été spoliée, lors de conflits de classes. Les biens nationaux ont été empochés par seulement quelques-uns. L’émancipation des plus humbles tardait à venir. Alors que la classe montante de la bourgeoisie en profitait.

L’insurrection à d’abord été celle des paysans et des artisans, contre la levée en masse, avec cette obligation pour les territoires de fournir de futurs soldats révolutionnaires. On parle désormais de la « Vendée militaire » pour circonscrire la zone insurgée. Le déroulement des actions « militaires » est très complexe, on ne va pas s’étendre là dessus. Des figures illustres sortiront de l’anonymat, suite à ce conflit à têtes multiples.

Des manipulateurs habiles ont su profiter de ce flux favorable à une restauration. Les professionnels de ce camp ont mis en place une « Armée catholique et royale ». C’était inacceptable pour le pouvoir central.

Du côté révolutionnaire, on avait déjà d’importants tiraillements. Par exemple, entre girondins et montagnards. La cause devenait donc un enjeu politique. Une victoire sur le terrain devenant une confirmation pour son camp.

Les plus radicaux des montagnards ont fait cesser la récréation. Une poignée d’entre eux ont pris le pouvoir, puis les pleins pouvoirs et enfin ils ont créé la terreur généralisée.

A l’origine il s’agissait de court-circuiter les « brigands » de cet ouest très catho et si réfractaire à l’enrôlement citoyen. Pour le reste, un certain flou régnait. Un officier sur place, s’est laissé convaincre que tous devaient y passer. Pas de prisonniers, et peu ou prou pas de Vendéens. Et les dirigeants parisiens ont fini par avaliser par écrit cet état de fait. Ils ont eu ce qu’ils espéraient plus secrètement.

Les détails sont complexes et certains sont encore discutés. Mais il est indiscutable que la répression fut exceptionnellement sévère et cruelle. On parle d’exécutions, de noyades, de viols, de pillages… Le terme génocide est employé par de rares historiens. Mais si l’on considère l’intention écrite de s’en prendre aux brigands et non pas à toute la population, on doit écarter le terme. Dans les faits c’est moins clair.

Des responsables parisiens se sont réveillés quand ils ont constaté qu’en ne faisant aucun tri, en rasant les villages et toute leur population, les révolutionnaires tuaient même des gars de leur bord mais qui avaient le malheur d’être des Vendéens au sens géographique.

Un coup d’état thermidorien a mis fin au comité de salut public et Robespierre est passé à la trappe ; en tout cas sa tête.

Dès lors, des tractations ont pu avoir lieu. Mais on note quelques soubresauts par la suite. Désormais le ressentiment est instrumentalisé.

Le moins qu’on puisse dire c’est qu’on a perdu énormément d’énergie avec cette affaire. Ces atrocités et les horreurs de la terreur en général, ont fini par discréditer la Révolution chez certains. Depuis, les autres révolutions ont su se faire plus discrètes quant à leurs méthodes. Mais le nombre de morts de ces guerres civiles est toujours en augmentation.

Et même sans sa tête Maximilien de Robespierre reste un grand personnage. La tête de veau étant préemptée, ne reste plus qu’à accommoder ses restes avec la Sauce Thermidor. Il faudra que je songe à fêter ou non le 28 juillet, avec un homard.

Le commentaire assez iconoclaste envers les « gardiens de la révolution » fait la part belle à la déconstruction du propos de Georges Clemenceau « La révolution est un bloc auquel on n’a pas le droit de toucher »

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_de_Vend%C3%A9e

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vend%C3%A9ens

Envoi
User Review
0 (0 votes)

Laisser un commentaire