Vénus de Willendorf, icône de la préhistoire. Avis archéologie féministe révisionniste. 4/10

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Curieusement, ces femmes savantes, qui nous abreuvent de leurs thèses ici, ne font pas bien différemment de la frange dure des féministes obsédées.

Par exemple ces archéologues ou assimilées posent comme principe absolu, que ces Venus paléolithiques ne sont ni des déesses de la fécondité, ni des effigies sexuelles. Une position en contradiction avec les données ethnographiques contemporaines, l’immense majorité des chercheurs, mais aussi le bon sens.

En fait, elles mènent un combat, car elles ne veulent jamais être enfermées dans la fécondité, la maternité et le care. Une “cause” stérilisante de femmes des sociétés nanties de maintenant, qu’elles veulent transposer sans nuances à ces périodes reculées, et en fait à toute l’histoire, interdisant la finesse d’appréciation et le débat contradictoire.

Surtout ne les appelez plus des Vénus !

Comme si en ces temps là déjà, il avait fallu faire la chasse aux images de femmes nues et lourdement chargées en sex-appeal.

Les combattantes féministes iconoclastes et vengeresses de maintenant, sont strictement dans le même état d’esprit. L’appel sexuel ou les specificités des femmes dans le domaine de la reproduction, serait une sorte de soumission implicite des femmes. Pour échapper à la biologie et pour réparer le mal, il faut punir l’homme en le privant de ces représentations. Elles ont le même dégoût iconoclaste pour les pin-up des publicités.

Leur « démonstration » est on ne peut plus pauvre en arguments. Les sociétés de chasseurs-cueilleurs ne peuvent se permettre de spécialisation… donc les femmes sont susceptibles de faire de telles statuettes tout autant que les hommes. En poussant le curseur – inégalitaire cette fois – elles seraient les seules à façonner les statuettes. En tout cas on les voit comme cela dans le « reportage », où ce rôle est dévolu à une donzelle. Elle même inspirée par les autres femmes de la tribu. Les hommes se roulent les pouces entre temps.

Ces créations artistiques ne représenteraient donc plus une sexualité. Pourquoi ? Parce qu’il le faut, sous peine de passer pour une nunuche retardée ou un macho obsédé insensible à une certaine réhabilitation du statut supposé opprimée de la femme. La complémentarité des sexes n’intéresse pas ces idéologues. Elles mènent un combat à mort ; en tout cas déjà dans la symbolique. Il ne s’agit pas de tuer le père, mais de tuer la masculinité en général.

Et comme il faut combler le vide, ces chercheuses pleines d’imagination voient dans ces “images” soit des représentations de grands mères adulées, au corps relâché, soit des femmes ayant accouché, soit tout ce que vous voulez à condition que cela flatte l’image d’une femme libérée des hommes. En fait le but intellectuel à atteindre inféode toutes les interprétations, qui ne sont en fait que de vaines suppositions. On est largement que dans des « intuitions » … certes féminines.

  • C’est la française Claudine Cohen qui s’accroche à cette idée de vénération des grands mères. Elle croit voir dans ces figurines, des femmes ménopausées et dont le corps se distend avec l’âge. C’est une vision littérale. Je n’ai pas le sentiment que ces sociétés souvent carencées et qui se veulent mobiles, se soient permises le luxe d’engraisser des vieilles improductives comme cela, en empêchant largement leur nomadisme, si vraiment elles ressemblaient vraiment à cela. C’est dommage que la chercheuse ne nous donne pas autre chose à penser que cette divagation, car c’est celle qui s’exprime le plus intelligemment ici.

Autre trope et imposture de raisonnement, elles jugent indispensable de prendre le contre-pied des thèses des découvreurs de jadis. Vous comprenez, c’étaient des hommes d’église et donc forcément ils étaient incapables d’envisager qu’une femme puisse en être l’auteur. Fort de ce péché mortel contre les femmes, c’est forcément la thèse inverse qui l’emporte. Là encore la démonstration n’est vraiment pas convaincante.

Une autre insistance féministe domine le documentaire. Il s’agit de « prouver » que les femmes étaient les égales des hommes en tous points.

Pour ce faire, on avance ceci. D’abord la polyvalence était indispensable dans ces petits groupes. Ce qui n’est pas faux jusqu’à un certain point. Elles insistent : si les hommes et les femmes pouvaient dépecer les prises conjointement, pourquoi n’auraient-elles pas chassé elles mêmes ?

C’est une pétition de principe qui occulte volontairement les phases féminines obligatoires, comme la grossesse, l’allaitement et toutes ces sortes de choses. Des périodes qui restreignent déjà pas mal le champ strictement égalitariste. Elles tentent une contre-attaque… oui mais les grossesses de ces groupes étaient moins nombreuses que chez les sédentaires et donc leur participation à ces fonctions féminines étaient réduites. Là encore c’est une déduction discutable. La précarité et la difficulté à s’alimenter et à véhiculer, tendent en effet à avoir moins d’enfants. Mais les analyses de petites formations retrouvées montrent que à un instant T, les enfants étaient relativement nombreux par rapport aux adultes. Je lis ceci « une femme qui atteint 40 ans en bonne santé a eu en moyenne six à sept enfants. ». Ce qui est assez accaparant, n’est-ce pas ? Que les enfants survivent ou non.

On a l’impression que nos féministes engagées, voire militantes, ont des œillères.

Et bien entendu l’idéologie les empêche de voir des différences musculaires et squelettiques susceptibles de favoriser le rôle des hommes dans la chasse. D’ailleurs le documentaire s’empresse de montrer qu’il existe des propulseurs qui aident, comme si ce gain était juste là pour aider les femmes. Il rajoute que ces groupes mangeaient de petites bêtes, dont la capture était parfaitement à la portée des femmes.

L’imposture est aidée par les reconstitutions filmées et un certain flou dans l’exposé des idées. Il y a quelques mises en garde sur ces suppositions, mais c’est bien planqué dans des considérations générales. Et donc malgré cela, l’ensemble dirige la pensée dans une seule voie.

Comme ces femmes sont « visiblement » des chasseuses à l’écran et que c’est du « vu à la télé », cette « vision » s’impose d’elle même. Vous voyez bien que c’est possible … et donc prouvé ! On en est là. La conclusion orientée conditionne le “raisonnement”.

Pour tenter de conforter ce sytème boiteux, on va chercher un des très rares exemples de sépulture de femme guerrier, au fin fond de l’Amérique du sud ; en des temps bien plus récents d’ailleurs. Une femme semble donc avoir manié les armes. La belle affaire !

On nous assène cela, tout juste après nous avoir parlé d’une sépulture de guerriers mâles, contemporaine des Vénus et cette fois en Europe et cette fois contemporaines des Vénus.

En fait, c’est toujours la même histoire de vouloir prétendument rendre justice aux femmes, en créant une sorte de suspicion légitime préalable, avec inversion de la charge de la preuve. On part arbitrairement du principe que les femmes étaient égales de l’homme sur tous les sujets et capables d’en assurer toutes les fonctions. Prouvez-nous le contraire ! Ce qui est évidemment impossible, puisqu’on ne peut prouver ce qui n’est pas. Et forcément la femme est de ce fait supérieure, puisque non seulement elle fait tout comme l’homme mais en plus elle se tape les spécificités de son sexe.

La mécanique causale est la même que dans l’axiomatique délirante qu’on veut nous imposer, comme quoi l’homme est forcément menteur et coupable, quand il est dénoncé par une femme. Et que ce serait à lui de démontrer le contraire. C’est moyenâgeux et dangereux.

  • Sandrine Rousseau voudrait faire reconnaître le non-partage des tâches domestiques et le faire sanctionner par la loi. De tels personnages sont capables de nous pondre une sorte de Loi Gayssot interdisant la remise en cause de l’égalité historique dans l’accomplissement de toutes activités, entre hommes et femmes. Le fascisme intellectuel n’en est qu’à son début.

Autre tic de la modernité relativiste, on met à l’écran des noirs et des blancs, en damier, à « égalité » dans ces tribus.

***

En dehors de ces élucubrations, des points sont indiscutables et des pistes sont solides :

  • Les Vénus déjà exhumées ont de 15.000 à 40.000 ans. Elles sont donc contemporaines de la glaciation. Des proto-figurations de ce type pourraient avoir plusieurs centaines de milliers d’années.
  • Elles sont exécutées dans des styles proches, avec un poids transportables (certaines ont un anneau pour se faire) et sont souvent recouvertes d’ocre rouge. Il existe une sorte d’identité de la Russie européenne à l’Europe proprement dite. On avait déjà remarqué cette unité symbolique et culturelle avec ces immenses mégalithes, sur de très grandes distances. Des éléments fédérateurs si importants qu’ils pouvaient être déplacés sur des centaines de kilomètres.
  • Fait généralement occulté, il existe aussi des représentations phalliques et même mixtes avec les sexes masculins et féminins en même temps. Qu’on n’aille pas nous dire qu’il n’y a rien de sexuel là dedans ! D’ailleurs en amalgamant toutes les représentations de Vénus, en cherchant le PPDC, c’est la vulve explicite qui revient le plus souvent.
  • Ce sont des stylisations et donc cela n’est en rien une vue réaliste d’un idéal de beauté préhistorique ou de grands mères.
  • Mais le gras disposé ainsi et les seins volumineux sont quand même synonymes de meilleures chances d’allaitement, surtout si la vulve accueillante a montré le chemin.
  • Ce n’est pas une femme en particulier car les visages sont le plus souvent minimisés ou absents, mais une vision archétypale. Les bijoux ou autres ornements figurés, les placent en haut de l’échelle symbolique.
  • Elles étaient portées ou portables et en tout cas déplaçables. L’idée d’une amulette ou d’un signe de reconnaissance ethnique est aussi acceptable.
  • On en a trouvé plus de 200. C’est donc un objet relativement commun. Pourtant il pourrait avoir un rôle statutaire. Porté par les chamanes, les sages femmes, les guérisseurs ? Autre possibilité.
  • Il y a plus de femmes représentées que d’hommes. Et qui de plus que les hommes sont intéressés par les femmes ? Il faut se demander parfois à qui le crime profite. Bien sûr il y a une valorisation des femmes à la période paléolithique, mais cela ne signifie pas un matriarcat. Nos féministes ne se posent à aucun moment la question de savoir à qui profite d’abord ses statuettes.
  • Le matériau conditionne certains aspects des Vénus. Les supports étroits comme certains os font des Vénus moins généreuses. La plupart sont en ivoire de mammouth d’où un certain rendu. L’oolithe utilisée pour façonner la Vénus de Willendorf (Autriche) est poreuse et très facile à travailler. C’est un matériaux lointain (italien?) Le résultat est forcément différent.
  • Il faudrait quand même demander leur avis aux artistes si l’on veut se permettre de comprendre un peu mieux cet art. Picasso était fasciné et son travail leur rend justice. Elles ont sans doute été inspirantes pour Botero et Niki de Saint Phalle. Il y a fort à parier qu’ils aient ressenti cette transcendance des premiers créateurs. La beauté artistique signifie quelque chose pour l’homo sapiens. Mais de cela nos féministes ne parlent jamais.
  • La stylisation et le résumé à l’essentiel des stimulants sexuels féminins, pourraient être une tentative de recherche de captation dans l’inerte de cet essentiel motivant. Les artistes « impressionnistes » peuvent comprendre cela.
  • Le révisionnisme archéologique féministe monomaniaque empêche toutes autres interprétations que la leur. Et si ces statuettes n’étaient que des poupées pour enfants, ou des support didactiques ? Ce n’est juste qu’un ou deux exemples. La science ne fonctionne pas par coups de force, comme elles le pensent.
  • Malgré toutes les objections présentées, rien n’empêche de penser qu’elles aient pu être conçues par des femmes. Bien qu’on n’en comprenne pas bien la raison. Une théorie, absente du film, montrerait que cette déformation pourrait être un angle de perspective pour une femme enceinte exécutante se figurant elle-même. C’est discutable.

***

Ci-dessous la préhistorienne Marylène Patou-Mathis veut « déconstruire » l’image de ce qu’elle considère comme une préemption de l’Homme dans le domaine préhistorique. Elle a écrit L’homme préhistorique est aussi une femme. Elle « s’indignerait » ainsi : “On a beau l’écrire avec un H majuscule, c’est toujours le mâle que l’on entend quand on parle d’Homme préhistorique. Pourquoi ?”. Elle en rajoute, telle une Jeanne d’Arc combattant le fait que la «pensée patriarcale » a écrit l’histoire.

Avec le même anathème revanchard : « Les premiers préhistoriens européens étaient des hommes, tous. Abbés, médecins ou instituteurs, ils ont calqué leur système de pensée sur leurs découvertes » – On n’est pas loin de l’esprit Woke et on ne permettra bientôt qu’aux femmes féministes obstinées de « reconstruire » l’histoire, désormais genrée.

L’article montre que cette archéologie féministe est plus un combat qu’une science :

« le métier d’archéologue aussi se féminise, même si les femmes sont encore rares à en faire leur métier : en 2014 et 2016, alors que les femmes étaient majoritaires dans les études d’archéologie en France, avec 58%, elles ne sont plus que 26% à en faire leur métier ou leur sujet de recherche, lit-on sur le site d’information de nos partenaires belges de la RTBF. Aujourd’hui encore, le projet @Paye ta truelle lutte pour l’égalité et la diversité en archéologie, mais aussi contre le sexisme qui s’est installé dans cet univers si longtemps masculin. »

https://information.tv5monde.com/terriennes/le-role-des-femmes-la-prehistoire-chasseuses-peintres-guerrieres-382233

https://www.nationalgeographic.fr/histoire/qui-etaient-les-reines-de-lage-de-pierre

https://www.persee.fr/doc/bspf_0249-7638_1927_num_24_7_6106

Les statuettes féminines préhistoriques :nouvelles critiques féministes du mythe

de la déesse-mère – Patrick SNYDER :

http://www.religiologiques.uqam.ca/no36/36_091-103_Snyder.pdf

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01941677/document

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