Vers le Bonheur. Muet 1920. Erotikon, polyandrie, immoralisme. Tora Teje dévergondée pas sexy. 4/10

Temps de lecture : 3 minutes

Vers le bonheur est un mauvais film muet, qu’on se le dise. Il doit sa réputation à un certain immoralisme, mais qui tient presque tout entier dans le titre initial « Erotikon ». Il n’y a absolument rien d’érotique ou de vraiment coquin dans le contenu. Ce n’est qu’un cri d’appel trompeur.

A moins que de considérer que les tentations adultérines, consommées ou non, soient des obscénités. En 1920, lors des années folles, j’ose espérer qu’on n’en était plus là.

En fait le plus gros marqueur de déviance, tient dans ce questionnement sur la polygamie, ou plutôt de la polyandrie comme on le verra.

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Les spectateurs un peu curieux, un peu cinéphiles, et qui savent s’adapter connaissent de bons films muets. Les réalisations de qualité de ce type sont intemporelles. Les acteurs d’alors nous parlent et nous émeuvent, à travers cette lucarne spatio-temporelle. Et il n’est pas si difficile que ça, de transposer dans notre monde, les intrigues qui pourraient avoir pris un coup de vieux.

Mais là, avec ce film c’est tout l’inverse. C’est ringard et peu intéressant et puis les présupposés sont curieux.

Comment croire que ce professeur d’entomologie puisse mener grand train, avoir une immense maison, aller au spectacle… bref dépenser sans compter.

Ce métier, même jadis, ne devait pas être si rémunérateur que ça. On pense forcément à la pauvreté intrinsèques de ces professeurs Unrat, comme dans L’Ange bleu (film, 1930) – Le moins qu’on puisse dire c’est qu’il ne paraît pas rouler sur l’or, ce qui est plus crédible.

Qu’est-ce qu’il y aurait d’original dans cette histoire de femme mariée et partagées entre deux autres soupirants/consommateurs ? Il n’est pas irrespectueux de dire qu’un film de cette époque puisse être mauvais.

Personnellement je trouve Tora Teje, l’actrice principale, vieillotte. Son jeu est dépassé, même pour l’époque et puis elle n’est pas si désirable que cela. Ce qui fragilise le thème principal. Mon indulgence a des limites. Elle est bien moins sexy que la danseuse principale du ballet exotique.

Certains pensent que le cinéma est là pour nous faire rêver. Mais ces intérieurs bourgeois, ces manières aristocratiques, ne donnent pas si envie que ça. C’est assez toc, poussiéreux, enfumés et peu intéressant

D’autres pensent que le cinéma est là pour nous instruire. Mais cette petite conférence qui n’a que quelques étudiants est assez misérable. Voilà le cours : il y a trois gros cafards censés représenter trois courants. L’animal monogame, le polygame et le bigame qui parfois va compter jusqu’à 3.

Rien de folichon et rien de vraiment instructif, dans ce comparatif avec le zoo humain. Décidément tout tombe à plat dans ce film. Éthologie très approximative d’ailleurs, puisque dans notre cas, ce n’est pas de la bigamie ou de la trigamie mais de la polyandrie.

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Nos amis les Molander sont là. Gustaf travaille au scénario et sa femme Karin est alors une jeunesse qui joue la nièce « innocente » qui cédera à Anders de Wahl, le professeur cocu. Elle c’est une gamine et lui un fier gaillard dans la force de l’âge.

Les amours d’un oncle et nièce ne paraissent déranger personne. Alors que c’est un lien de sang qui interdit ce type d’union. C’est inscrit dans la loi française.

La grande différence d’âge n’était pas un si grand obstacle à cette heureuse époque. Maintenant les Yann Moix se font tirer dessus, pour moins que cela.

Tora Teje qui incarne la femme du savant, est la « salope », au look de mémère, qui en veut le plus possible. Elle pourrait chanter J’ai deux amours, mais cela fait trois, si on tient compte du mari.

Lars Hanson est le soupirant romantique, souvent perdu dans ses pensées. Alors que Vilhelm Bryde incarne le deuxième candidat, un baron (rouge) battant.

Tout le monde tente d’évincer tout le monde, ou presque dans cette adaptation du “Renard argenté” de Ferenc Herczeg.

Torsten Hammarén est un vieux professeur Tournesol qui ne fait que passer par là. Sans doute devrait-on rire de ses handicaps.

On s’ennuie prodigieusement et le ballet oriental projeté ne nous déride pas.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vers_le_bonheur

https://fr.wikipedia.org/wiki/Karin_Molander

https://fr.wikipedia.org/wiki/Immoralisme

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