Vie Destin Livre Noir. Einstein, Ehrenbourg, Grossman, Mikhoels. 8/10

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Le réalisateur de cet opus de 2019 est Guillaume Ribot. On peut le féliciter. Il a su rendre cet épisode complexe captivant. Le documentaire est servi par les voix off de Aurélia Petit, Denis Podalydès, Hippolyte Girardot et Mathieu Amalric. Ce dernier est émouvant en Vassili Grossman.

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Le Livre Noir est un recueil de récits vécus de survivants de l’holocauste dans les pays de l’est. On y trouve aussi des histoires reconstruites de personnes qui y ont laissé leur peau, mais pas de témoignages directs. On reconnaît généralement une véritable honnêteté dans ce travail à plusieurs mains. C’est Albert Einstein qui en a suggéré la rédaction.

Vassili Grossman, un brillant reporter de terrain, révélera l’horreur des camps nazis dont l’infâme Treblinka. Son témoignage argumenté servira au procès de Nuremberg.

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Les rapports entre les organisations juives soviétisées, comme le Comité antifasciste juif, et Staline n’ont pas toujours été au beau fixe.

Au début de la guerre le dictateur s’est servi d’eux et de leurs témoignages pour faire venir l’argent de l’étranger. Certains organisateurs ont même eu droit à un périple aux USA pour récolter des fonds. Les instances communistes capitalisaient alors sur les pogroms et les massacres perpétrés par l’envahisseur nazi tout en étant réellement choqués par les exactions allemandes. Mais par la suite les dirigeants soviétiques ont plutôt vu dans cette prise de conscience juive un « particularisme » et une volonté de ne pas s’assimiler. De plus par leurs contacts ils ont été jugés trop proches de l’occident. A noter également que le livre démontrait qu’il avait existé une « collaboration » des Russes avec l’occupant, ce qui n’était pas acceptable pour la propagande monolithique du régime.

Ils ont fait poireauter les auteurs des années pour finir par leur signifier l’interdiction totale de publier ce brûlot.

Les autorités ont été de plus en plus inquiètes et hostiles envers les juifs. Cela a atteint son comble quand ces derniers ont proposé à Staline la création d’une république autonome juive en Crimée.

Pour finir, Staline a déclenché une véritable guerre interne contre ces juifs trop libertaires à son goût. On connaît le supposé complot des juifs en blouses blanches. Et la paranoïa a fait le lit de la « nuit des poètes (juifs) assassinés »

Ilya Ehrenbourg est un écrivain juif très en vue au début de ce phénomène. Il dirigera longtemps la rédaction du Livre Noir. Mais il finira par se plier au caprice du führer de Moscou. Il a reçu le Prix Staline en 1948.

Ces compromissions occasionneront une brouille avec son ami et complice, l’intransigeant reporter de guerre Vassili Grossman. Ce sympathique Grossman fut le deuxième pilier rédactionnel majeur de cette aventure.

La figure grand public du groupe en fut le célébrissime comédien Solomon Mikhoels. Hypocritement Staline , qui l’a fait assassiné à Minsk, lui donnera des funérailles nationales.

Très bon travail qui sait ne pas sombrer dans le pathos et reste factuel.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Solomon_Mikhoels

https://fr.wikipedia.org/wiki/Comit%C3%A9_antifasciste_juif

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ilya_Ehrenbourg

https://fr.wikipedia.org/wiki/Vassili_Grossman

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