Vol de vélos, fléau hors contrôle. Belgique, ministres qui pédalent. 8/10

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Histoire en trois parties.

Suite de Mobilité malheureuse, vélos volés, panique des ministres belges. La politique déraille. 7/10

2ème partie :

L’affaire est grave quand même puisqu’il y a plusieurs centaines de vélos volés par jour. D’ailleurs un tiers des personnes dont on a volé le vélo, ne veulent plus en entendre parler et n’en n’achète pas un nouveau. La conscience des citadins métros-bobos-vélos est oxydable. Les vélos dans les têtes commencent à rouiller. Déjà que les rayons bio des magasins se réduisent inexorablement… la « révolution verte » prend l’eau de toutes parts. D’où l’urgence d’endiguer ces vols.

On devine que ce sujet d’actualité est particulièrement impliquant. D’où un grand sérieux dans son traitement. Ce sont des jeunes habiles et « modernes » qui l’ont réalisé. On les voit d’ailleurs en situation, avec micros et caméras, au générique final. Ce qui est une bonne façon de pouvoir les saluer.

Vraiment du bon boulot. Les jeunes générations ont visiblement réappris à réfléchir, tout en mouillant leur chemise. Fini la paresse et l’hédonisme, que nous avions nous tant chérie. La relève est brillante, surtout si elle s’abstient de s’enivrer d’idéologie (la « fée verte » en ce moment)

Nos limiers en herbe (verte et citadine) ont eu l’intelligence de ne pas nous infliger des leçons de ce civisme « conscientisé » et outrancier, qu’affectionnent tant les pourchasseurs de produits carbonés. On met donc un peu de côté, ces atteintes supposées à « la transition vers une mobilité plus respectueuse de l’environnement »

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Le déroulé du documentaire est agréable et le récit est vif et informatif. Mais même si le ton est allègre, le sujet est déprimant en soi. En effet, l’exposé multiforme tend à démontrer qu’il n’y a pas de parade au vol de vélo.

Commençons par la fin. Que deviennent ces vélos volés ? Et bien pour les plus chers d’entre eux, on les retrouve partout en Europe ou sur un marché de Bruxelles qui a très mauvaise réputation à Bruxelles. Vous voulez l’adresse ? Allez dimanche matin au Marché Matinal, quai des Usines.

  • Mais méfiez vous ! – « j’ai perdu la clé – Il n’y a pas la batterie, mais ça se remplace – C’est fracturé ici et là, je le sais, mais j’en ai été victime – vous faites une bonne affaire car ce vélo électrique que je vous vends à 200 euros vaut plus de 4000 euros » – Vous entendez cela et vous ne fuyez pas ? Sachez qu’un tel achat, si visiblement découlant d’un vol, vous rend complice de recel.

Le documentaire montre de façon claire et très documentée, les différentes parades qui ont été imaginées. Il y a bien sûr d’abord le grand classique de la chaîne, du cadenas et du pilier d’ancrage. Compte tenu de l’escalade inévitable entre l’arme et le bouclier, ces protections se sont faites de plus en plus mastoc, au fur et à mesure qu’elles étaient déjouées.

Mais ce attirail protecteur, aussi fort soit-il, est finalement facile à découper avec une disqueuse mobile. Même les chaînes réputées les plus résistantes ne tiennent plus. La leçon de tout cela, c’est que les voleurs tendent à se professionnaliser. Le petit dérobeur occasionnel cède le pas au brigand aguerri. Et pauvre cycliste tu es de plus en plus menacé.

  • A quand le bike-jacking ? Il paraît que cela se pratique à Londres. Autre sujet que le récit présent n’aborde pas. En Belgique on a quand même encore des « gentils ».

Alors, on a imaginé de renforcer la protection des vélos par des plots encore plus solides, avec en plus des sortes de mini-hangar sur trottoir, qu’on ouvre avec une clé. Et cela empiète sur le domaine des piétons ! Mais même ce système réputé inviolable, peut-être démonté facilement. Les créatifs du documentaires, montrent bien comment cela a été fait. Ils ont accumulé des documents de toutes sortes. La ministre des vélos, penaude, regarde ces vidéos devant nous. On sent une grande détresse. On a presque envie de la prendre dans nos bras pour la rassurer !

Jusqu’à présent on décrivait trois types de protection : le stationnement réservé (box vélos) ou sécurisé hors voirie (parkings) et enfin le stationnement non-sécurisé (arceaux).

Mais la ministre pense à nouveau avoir trouvé la solution. Elle promeut à présent les bornes à arceaux sécurisés.

Avant que de construire de nouveaux blockhaus, il existe quand même des solutions bétonnées plus acceptables. Il faut des parkings spécialisés et surveillés par des moyens modernes. Mais là encore, des caméras démontrent qu’on arrive à y pénétrer, voire à y voler. L’enfer de la vidéo-protection éreinte pas mal de certitudes. N’est-ce pas Mme la ministre ?

Des balises GPS permettent au moins de localiser le vélo volé.Elles peuvent être étroitement liées aux systèmes des moteurs électriques.

Et le sujet nous montre le témoignage d’un jeune déterminé, qui a tout fait pour tenter de récupérer son vélo traçable. Mais même avec de tels arguments de géolocalisation, il nous montre que ce n’est pas gagné.

Il a pu démontrer que son vélo était quelque part dans un pays de l’Est et son véhicule à deux roues a terminé en Albanie. Les autorités albanaises ont mis la main dessus, grâce à ses indications. Mais les autorités belges ont failli, ne délivrant pas le papier nécessaire à sa récupération internationale.

Une maman fait des pieds et des mains pour que la police retrouve le vélo volé de sa fille, grâce à la balise et aux indications qu’elle donne. Mais la police déclare ne pouvoir intervenir que quand on lui indiquera le local très ciblé ou l’appartement, où est le vélo. Or le GPS reste imprécis et donc bien que ce vélo soit repéré à des endroits multiples, rien n’est fait.

Le gardiennage des vélos peut-être coûteux.

Les assureurs contre le vol sont très pointilleux. Ce jeune garçon l’a appris à ses dépens. Il est de bonne foi. Il a bien mis son cadenas. Mais l’assurance lui demande de pouvoir le démontrer. Comme s’il devait faire une photo à chaque fois qu’il laisse son engin quelque part. C’est décourageant et ubuesque.

D’ailleurs à Bruxelles, certains assureurs ne veulent même plus couvrir ce risque. La capitale belge représente la majorité des vols commis et si l’on devait appliquer le tarif réel, au lieu d’un tarif lissé sur tout le territoire, il serait astronomique.

Localement, des « miliciens » se chargent de récupérer les vélos traçables, là où les autorités baissent les bras. Cela ne marche pas à tous les coups. Mais ils arrivent à en impressionner certains. Ils peuvent même voler à leur tour le vélo volé, pour le restituer au légitime propriétaire. Pas trop légal, mais qui s’en soucie dans cette nouvelle jungle « verte ».

Goutte d’eau dans la Senne ? La police spécialisée n’hésite pas à dire qu’elle manque cruellement de moyens. Ils ne seraient plus que deux à s’occuper de ce fléau. Le vélo-appât est une ultime tentative de paraître faire quelque chose. Cette gesticulation bien visible permet de mettre un vélo « piège » à la portée des malfaiteurs. Les flics sont embusqués et leur tombent dessus, une fois le larcin commis. A l’échelle des 300 vols quotidiens, cela ne résoudra pas le problème. Et puis les policiers peuvent eux-mêmes être surveillés si l’on a à faire à des bandes organisées. On n’attrape ainsi que les petits poissons.

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A suivre – 3ème épisode – “Petit bourgeois culturel qui perd les pédales” : « Voiture, alternative au vélo. Vérité maudite. Voleurs typés. Giec perdu. »

Le premier épisode est ici : Mobilité malheureuse, vélos volés, panique des ministres belges. La politique déraille. 7/10

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Déguerpissez, avec votre vélo si cela vous arrange, si une ligne aguicheuse sur Google commence comme ainsi :

« Chaque année plus de 100.000 vélos sont volés en Belgique. Ceci constitue un véritable fléau qui menace la transition vers une mobilité plus … »

Sur la page qui vous demande de payer pour voir, il n’y a pratiquement rien de plus. C’est du blabla de robot. Ne vous laissez pas arnaquer. Et dites à ce Google, qui propulse de telles arnaques au sommet, votre façon de penser.

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