Walk the line (2005) 7/10 Joaquin Phoenix, Johnny Cash

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Voilà un sympathique biopic, de deux heures et demie, sur le chanteur country Johnny Cash. Un artiste qui a connu une brillante carrière, avec des hauts et des bas. On y montre ses forces et ses faiblesses.

Ce guitariste, chanteur et compositeur, a son public. Mais il est un peu mis de côté par l’intelligentsia. Pour eux, outre atlantique, c’est ce qui correspondrait chez nous, à un yéyé des campagnes. Pour ces gens là, le fait qu’il ait réussi à vendre 90 millions d’albums, est plutôt considéré comme un défaut.

On a connu cela nous aussi, ce mépris pour les succès des artistes de la chanson(nette). Gainsbourg, lui même pratiquant, avait un dédain pour ce genre musical. Pour lui, un art mineur qui n’arrivait pas à la cheville de la poésie.

Frank Zappa s’est moqué sur scène de « Ring of fire », un des grands tubes de Cash, disque d’or ici, disque de platine ailleurs.

Mais curieusement, ceux qui boudaient cette production de l’époque, ont fini par se repasser ces tubes. Ils montrent maintenant beaucoup plus d’indulgence, voire de l’enthousiasme, quand ce n’est pas une pointe de snobisme à les réécouter.

Et ce n’est sans doute pas, parce que leur « génie » était méconnu.

Et il faut quand même souligner qu’ici, nous n’avions pratiquement que des interprètes. Ils ne faisaient que de transposer des tubes venus d’ailleurs.

Non, ce « come back » est plutôt dû à une sorte de puissante nostalgie de l’époque. C’est la rassurante bande son, d’une ère révolue.

L’artiste dont nous parlons, a fait quelques pas de côté. Et donc, il n’a pas toujours suivi le droit chemin, ce « walk the line » éponyme. On parle ici d’infidélité, de groupies, de drogue, d’alcool, de prison… Il a même fait des séjours en enfer.

L’homme est pourtant décrit avec respect, et même avec une certaine indulgence. Dans le film, c’est à l’évidence un gentil sans malice, un bon petit gars, incapable de faire du mal à une mouche… à condition qu’il soit sobre et « clean ».

Pourtant le Johnny Cash en vrai, s’avère plus tourmenté et plus complexe qu’il n’y paraît. Il est capable de calcul et de méchanceté, en tout cas au cinéma. Il suffit de le voir jouer son rôle de musicien, mais aussi d’assassin retors, dans un Columbo, « Le Chant du cygne » . C’est convaincant. Il a le potentiel.

L’acteur Joaquin Phoenix, le taciturne, joue une autre partition, plus innocente. Il est fusionnel et crédible lui aussi, bien que cela soit un peu « off the line » du vrai caractère. Une brillante démonstration avec un engagement intense. Il ne sera que nominé (sélectionné) pour l’Oscar du meilleur acteur, mais obtiendra le Golden Globe pour son interprétation.

L’actrice Reese Witherspoon incarne divinement cette chanteuse de talent, June Carter. Ici c’est une petite blondinette finaude qui accompagne professionnellement et sentimentalement Johnny, pour un bon bout de chemin. En vrai, c’était plutôt une brune de caractère. Elle deviendra, après un cheminement tortueux, la madame Cash numéro 2, et ce jusqu’à sa mort. L’actrice intelligente et pétillante, emportera l’Oscar de la meilleure actrice.

A noter que les deux personnages principaux interprètent réellement les chansons. Et cela permet de rendre les rôles encore plus cohérents.

Et comme d’habitude, je recommande la V.O. qui donne bien plus de nuances.

Dans le « background », on voit défiler de nombreux personnages célèbres. C’est l’exercice délicat des ressemblances. Une sorte de défilé de sosies, plus ou moins fidèles.

Mais au-delà de la qualité des acteurs, ce qui emporte l’adhésion, c’est la réalisation. L’image est belle, précise et claire. Les scènes sont riches, amples et équilibrées. La photo est soignée et colorée. Un régal pour les yeux.

Les enchaînements sont propres. Le « story telling » est bien mené.

Une belle balade dans les années 50 et 60.

Le réalisateur a vraiment du talent.

La musique est bien entendu de qualité. Et cela, au-delà de ce qu’on penser du genre, en mettant de côté certaines réserves. Il y a forcément du bonheur à écouter la guitare sèche, par exemple.

Le gospel des débuts a ses limites. Et une intéressante discussion avec son premier producteur nous éclaire sur ce point.

Et parfois des éléments un peu plus audacieux, peuvent s’avérer entraînants. On flirte avec la comédie musicale.

La trajectoire heurtée du chanteur se termine bien. Bon, c’est quelque part, le canevas classique qui mène à la rédemption, et qu’affectionnent tant les Américains.

Du cinéma qui se veut factuel et direct, « Cash », en quelque sorte.

Et finalement un film « feel good », ce qui ne peut pas faire de mal par les temps qui courent.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Walk_the_Line

Joaquin Phoenix
Reese Witherspoon
Ginnifer Goodwin

Ce film est un véritable exploit. Il arrive presque à nous faire aimer la musique de Cash !

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