Wimbledon kidnapping. Muriel McKay. Rolls-Royce Murdoch. Frères Hosein. 8/10

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Les enquêtes criminelles se suivent et se ressemblent, à peu de choses près. Et les séries systématisent par thèmes pour paraître innover. Crimes dans des trains, crimes de femmes, crimes de couples, crime dans la région X ou Y, cold case… Mais ce sont généralement les mêmes salades.

Alors, quand survient un crime des plus bizarres, une affaire de meurtre des plus obscures, des kidnappings faits par des pieds nickelés… on dresse l’oreille.

C’est le cas avec ce kidnapping survenu à Wimbledon. Autant le dire de suite, on a arrêté les coupables. A ceci près qu’on ne connaît pas clairement les rôles réciproques de ces deux ou trois amateurs.

Ce qui aurait pu être marrant, s’il n’y avait eu pas une morte au final, c’est que les malfrats improvisés se sont trompés de victime. Le fait qu’elle ait été véhiculée dans la Rolls-Royce de Murdoch a faussement rassuré les branquignols. Mais la fringante Muriel McKay n’était que la femme d’un adjoint de Rupert Murdoch et non pas la femme du Tycoon de la presse, Anna Murdoch (une bien jolie femme). Méfiez-vous des signes extérieurs de richesse !

Arthur (32 ans) et Nizamodeen Hosein (22 ans), de la Trinidad, n’étaient pas à une bévue près.

Ils se sont présentés lors de la demande de rançon comme des rouages d’une Mafia 3 (M3) et ne semblaient pas très clairs dans leurs façons de faire. Ils ont organisé leur coup comme dans un mauvais film policier, avec des mots glissés dans des cabines téléphoniques et toute ces sortes de choses. Mais finalement cela tenait encore assez bien la route… vu de loin.

Les autorités étaient très logiquement exigeantes, puisqu’elles réclamaient des preuves de vie de la pauvre femme, avant qu’on ne lâche la tune. Mais l’insistance des malfrats a fini par payer, sans qu’ils aient à fournir d’attestations. Ils avaient pris soin de faire écrire 5 lettres par la malheureuse. Et ils les ont envoyé méthodiquement. Mais dans le contenu d’une d’entre elle, figurait une incohérence qui montrait que ces missives étaient anachroniques.

Cependant les sommes faramineuses demandées ont été réunies (en fait la moitié des 1 million de livres sterling réclamés); en vraies et fausses coupures. La police n’a pas été très maline non plus, puisque ses sbires sont venus surveiller les lieux de remise de l’argent, de manière extrêmement voyante. Tout un barnum de voitures. Les brigands ont pris peur et ont détalé. Logique !

Ils ont donné une autre chance pour l’échange précédée de la récupération du fric. Et là ils ont commis une autre erreur en faisant tournicoter une Volvo bleue autour de ces deux valises bourrées de billets, placées sur le trottoir, à ce nouveau point de rencontre. Amateurs imprudents, ils n’ont même pas falsifié les plaques.

Et donc en remontant la piste, avec la seule immatriculation, les deux frères ont été rapidement serrés, dans leur maison délabrée à la campagne.

Il n’y avait aucune trace de la kidnappée et finalement aucun indice clair.

Fort de cela, les frangins se sont enfermés dans un déni massif et assez imbécile. L’un d’entre eux, Nizamodeen, a fini par craquer sous les menaces et de véritables « violences policières » – cela se passait encore comme cela en 1970 -. C’était le plus faible. Il était manifestement soumis à la volonté de l’autre, le dénommé Arthur. Sa voix a été clairement identifiée sur les enregistrements du présumé M3. Il a pourtant été condamné à un peu moins que l’instigateur présumé. Libéré vingt ans après, il témoigne dans le documentaire, en reprenant ses dénégations puériles, avec une force de conviction qui égale la foi d’un charbonnier. Il y a toujours quelques nigauds qui se laissent berner par ces criminels qui « clament leur innocence ».

Comme vous l’avez sans doute noté, je parle au début dedeux ou trois amateurs. C’est qu’il se pourrait bien qu’il y ait un troisième frère dans le coup. Un planificateur qui aurait scruté et dirigé la manœuvre de loin.

Le corps de la victime n’a jamais été retrouvée. De mauvaises langues prétendent qu’elle a été donnée à manger aux cochons. Il y a peu Nizamodeen, qui n’a plus rien à perdre, semblait prêt à révéler où Mme McKay était enterrée.

Les réalisateurs du documentaire ont bien fait le job. Ils interrogent des protagonistes qui se confient sans doute plus librement tant de décennies après. Mais qu’est-ce qu’ils ont vieilli !

Et je ne sais toujours pas qui avait la possibilité de réunir tant d’argent ! Les McKay ou les Murdoch ?

Nos deux lascars ont eu droit à leur effigie de cire dans la chambre des horreurs de Madame Tussauds. J’ai du passer à côté d’eux lors de ma visite du musée mais je ne les ai pas remarqué. Il faut dire que Jack était plus connu.

Cette affaire est énorme et intrigante, pourtant elle ne bénéficie même pas d’une page sur le Wikipédia francophone.

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https://en.wikipedia.org/wiki/Murder_of_Muriel_McKay

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