Avis. Bigard met le paquet. Lamoureux des mots. Seul en scène. 8/10

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Les vieux woke ont été nourris aux mamelles des vaches des prairies de Woodstock. De nos jours, ils sont bien embêtés. Leur cerveau est en ébullition, incapable de trancher entre l’esprit ultra-libertaire crépitant et fortement sexué, et la moraline qui propage sa viscosité mentale décroissante et castratrice.

Une soupe loin d’être primordiale et féconde.

Et donc mon contemporain Jean-Marie Bigard (1954) est un problème pour eux. Dans ce spectacle de 2000 au Bataclan (et pas ce « show ») il a cette liberté de ton totalement sauvage – quoique maîtrisée en réalité. Avec des assauts contre les frontières de la décence.

Et comme cela ne lui suffit pas tel un Ricky Gervais franchouillard, il ose les gags provocateurs et tente le rire intelligent. Tout ce que détestent les critiques de cette néo-gauche ultra-conformiste dans ses anathèmes faciles. Les commissaires du peuple sont menacés. Mais le Bigard s’en branle (je parle comme lui). Il leur refuse même des billets professionnels gratuits. Il a bien raison car ils en profitent pour lui chier dessus (je parle comme lui)

C’est un travail d’une très grande minutie dont l’exercice est loin d’être donné à tout le monde. C’est bien pour cela qu’il a toute la profession des « farceurs » à ses trousses. Les autres éructent et vilipendent… donc ils se croient drôles.

Bigard est dans cette curieuse catégorie d’amuseurs, que l’on pourrait croire vulgaires de loin mais qui tendent vers la finesse, la poésie et la subtilité. Des fleurs éclosent du purin. Ce qui est tout à fait naturel, voire écologique. Ça vous la coupe (je parle comme lui) ?

On peut être deux des plus grands versificateurs au monde et co-écrire le troublant Sonnet du trou du cul. Mais cela nos Trissotin acculturés l’ont oublié. Les partisans de la table rase ont surtout du gazon coupé court à la place de la cervelle.

D’ailleurs Bigard ne craint pas de rendre hommage aux poèmes, dont un de Robert Lamoureux (1920-2011 et donc encore vivant au moment du spectacle filmé). Ce qui est inattendu et casse-gueule. On craint qu’il se ramasse comme dans le sketch de la valise de Luis Rego / Les Bronzés. Quel clown intermittent d’aujourd’hui pourrait faire cela avec autant de panache ? Et puis il y a rien de moins vulgaire que cet hommage à son père spirituel.

Et puis Lamoureux du mot français juste (right word, in a right place) défend le « seul en scène » contre le « one-man-show ». C’est donc bien un spectacle culturel.

Petit bémol ? Je ne suis pas un fan de sa scie musicale « on met le paquet ». P – A – Cul – è.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sonnet_du_trou_du_cul

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bronz%C3%A9s

https://fr.wikipedia.org/wiki/Robert_Lamoureux

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