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Même en 1994, un film de ce type reste assez déroutant. Il s’agit plutôt d’un thriller médical. Et même pour quelqu’un du métier comme moi, on a du mal à se faire une raison.

La pathologie mentale du roi ne semble rentrer dans aucune case, à part peut-être des troubles bipolaires très accentués. Ce sont alors les accès maniaques qui semblent l’emporter.

Mais en réalité, les praticiens sont piégés, surtout s’ils ne se sont pas arrêtés à la médecine de papa visant à se faire une idée sur les émonctoires, dont les urines « bleues ». Et puis on a tellement l’habitude de voire la symptomatologie bâclée au cinéma, qu’on pense dans un premier temps, que ce n’est ici qu’un énième galvaudage de la psychiatrie. Il faudrait non seulement lire à travers le filtre du temps mais aussi en fonction des conventions « intuitives » et fondamentalement farfelues du 7è art.

Ian Holm, qui figure le médecin atypique qui prend en main vigoureusement le traitement. Pour cette folie, il utilisera la contention, la persuasion et la privation, comme pour un enfant pas sage. Ce qui est totalement stupide dans un tel contexte bien évidemment. Le roi « guéri » sait bien que c’est le temps qui a résolu l’affaire et non pas les soins ineptes du charlatan. C’est une maladie à rémissions et rechutes.

Nigel Hawthorne est énorme en roi déchaîné. Une prestation hors norme et qui reste crédible. Bravo l’artiste.

La Porphyrie ! Il fallait y penser. « Les porphyrines donnent une coloration rouge porto à l’urine qui est particulière aux porphyries et constitue un élément important de diagnostic de la maladie » – A noter que cette coloration est révélée par une longue exposition à la lumière. Cela marche aussi pour les selles. Le générique final parle de porphyrie congénitale. Le diagnostic est très souvent différé en raison du polymorphisme des symptômes. On cite souvent en premier des douleurs abdominales. Et c’est le cas ici.

Gros bémol tout de même : l’hypothèse que le roi George III d’Angleterre était atteint de porphyrie nourrit une polémique scientifique. La relecture des annales et du dossier médical oriente plutôt vers des accès de psychose maniaco-dépressive. Ce qui ramène à mon point de départ.

On ne sait pas trop où classer sa foi de charbonnier. Il est exagérément dévot et prie sans arrêt.

L’aspect d’enquête médicale est certes très intéressant. Mais ce qui compte davantage, c’est le jeu de rôle autour du pouvoir. Les intéressés se soucient guère du sort du monarque malheureux. Eux ce qu’ils veulent, ce sont de bonnes place pour la suite.

George III d’Angleterre perd les colonies dont les USA. Et il semble en avoir de profonds regrets. Son rôle politique est très grand cependant, puisque il dirige la Grande Bretagne réunifiée (1707) et l’Irlande. Il règne de 1760 à 1820. Donc même après la chute de Napoléon.

En 1810, George de Galles occupe la régence. Contrairement à ce que laisse penser le final du film, George III ne sera pas guéri et sera quand même évincé. Rupert Everett doit assumer le rôle du fils ingrat qui veut prendre la place du père.

Le très fidèle George III aura pour épouse la princesse Charlotte de Mecklembourg-Strelitz – Le rôle de reine est tenu par Helen Mirren, qui sait parfaitement y faire. En tant que reine elle a su s’adapter à l’écran à de nombreuses époques ( Élisabeth II …) . A se demander si la monarchie actuelle n’essaye pas de se conformer à l’image de l’actrice au lieu du contraire.

Julian Wadham fait le premier ministre William Pitt le Jeune qu’on peut classer du côté des gentils. Le Jim Carter (Downton Abbey ) est Charles James Fox, est le chef madré de l’opposition. Les joutes sont intéressantes entre ces deux pôles. Le parlementarisme est bien mis en avant. Pourtant à ces époques, il se découvre encore.

Bon travail du réalisateur Nicholas Hytner. La musique adaptée de Haendel, colle très bien à l’ouvrage. Surtout quand le roi déjante et se met à la diriger. Morceau d’anthologie.