Bandini. Avis film chrétien. Faye Dunaway diablesse, sainte Ornella Muti. 7/10

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Wait Until SpringBandini (1989) est un film de Dominique Deruddere, un réalisateur belge, mais dans le fond il se veut profondément italien.

D’où la mythologie de la mater dolorosa, incarnée par Ornella Muti. Mais aussi l’importance d’avoir de nombreux enfants. Ainsi que le paternel au cœur d’or et cependant machiste tout puissant. Mais le plus caractéristique est la place laissée aux sentiments chrétiens.

C’est étonnant car il y a à la fois une forte implication dans la religiosité mais cependant un certain jeu avec la morale et l’institution.

Le jeune gamin Michael Bacall qui nous fait un crédible Arturo, expose à qui veut l’entendre sa théorie d’une confession qui permettant de laver tous les péchés, incite à en faire dans une relative impunité. De toute façon, la sentence du curée est toujours la même avec 3 Ave Maria et 2 Notre Père. Autant se lâcher si c’est au même prix. Ce point est du même ordre que cela qui m’a toujours étonné chez Saint Augustin. Une vie assez olé olé suivie d’une sanctification. L’extrême onction est du même ordre. Faites toutes les frasques que vous voulez et soyez pardonné à la dernière seconde.

Non, le religieux ici n’est pas à prendre au premier degré. D’ailleurs il n’y a guère qu’un tout jeune petit frère d’Arturo pour croire aux flammes de l’enfer.

Joe Mantegna est le pauvre Bandini éponyme. L’hiver est la période creuse pour les maçons. Le malheureux qui ne peut pas être à la hauteur lors des fêtes de fin d’année, n’est quand même pas à plaindre totalement. Il est dans les bras d’une aimante Ornella Muti. On a vu pire comme situation. Il se conduira mal, une fois son honneur blessé. Il aura certes des scrupules à laisser tomber sa famille au moment de Noël. Mais un certain plaisir à se réfugiant dans les bras de la richissime Faye Dunaway lui fera passé le cap. Là aussi on a vu pire. Son pote servant d’alibi est Burt Young.

Bandini estime qu’il a droit à cette retraite provisoire, puisqu’il ne se sent pas respecté suffisamment parmi les siens (dont principalement son affreuse belle-mère).

Bandini (1989) est donc un mélodrame romantique, entremêlée avec une histoire christique pleine de bons sentiments et de nécessaires pas-de-côté. Mais, je marche.

Une version sympathique de ces contes de Noël qui finissent bien. Mais aussi un remugle de tous les récits chrétiens sur la tentation. Faye Dunaway est la tentation incarnée, mais je la trouve assez mal à l’aise dans ce rôle grouillant de ritals. Quelque chose ne fonctionne pas dans son inteprétation. Ornella Muti figure la sainte rédemptrice, la femme fidèle à ses voeux devant l’éternité.

Il y aussi des allusions au départ et au retour du fils prodigue, du père prodigue, du chien prodigue.

Dans La femme du boulanger (1938), c’est le femme la traîtresse, à laquelle il faudra tout pardonner. Dans le film il s’agit du mari. Mais le silence métaphorique, les allusions discrètes sont du même ordre poético-religieux.

Raimu s’adressant à la chatte de retour, mais visant sa femme prodigue dans son propos :

« Ah ! Te voilà, toi ? Regarde, la voilà la pomponnette… Garce, salope, ordure, c’est maintenant, que tu reviens ? Et le pauvre pompon, dis, qui s’est fait un mauvais sang d’encre ! Il tournait, il virait, il cherchait dans tous les coins… Plus malheureux qu’une pierre, il était… Et elle, pendant ce temps-là avec ses chats de gouttières… Des inconnus, des bons à rien… Des passants du clair de lune. Qu’est-ce qu’ils avaient, dis, de plus que lui ? »

C’est la séquence bien connue : la tentation, le péché, le mea culpa, l’expiation, le pardon et le retour à l’ordre. Et là on n’a qu’une petite marge, contrairement à Arturo le fils qui négocie le pardon dans ses confessions.

Le gamin Michael Bacall joue bien d’ailleurs. Il n’a pas l’air d’un adulte en miniature. Ce qui est très rare. En adulte à drôle de tête, il fera une belle carrière.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bandini_(film,_1989)

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