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Cela me fatigue un peu de répéter dans le désert que Agatha Christie n’est pas la grande pointure du suspense meurtrier que l’on croit. Et cela vous lasse sans doute aussi d’avoir à lire cela encore et encore.

Oui mais que faire si ce constat est indiscutable. Allez braver les opinions publiques mal informées ? S’en prendre aux critiques imbéciles et complices ?

Non, je vais continuer mon petit travail de sape.

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Si le scénario/roman est médiocre, les acteurs sont de premiers plans, ce qui sauve in extremis le téléfilm. L’un dans l’autre, cela se regarde donc.

Ici la malfaisante mène la danse dans une provocatrice bibliothèque. Le titre « Cadavre dans la bibliothèque » fait très Cluedo et on s’attend à ce que ce soit « Mme Blanche » ou le « colonel Moutarde » muni de sa « clef anglaise » qui soit la coupable.

L’intrigue de 1946 est extrêmement alambiquée, une fois de plus. Il est facile de multiplier les lieux, les suspects, les coïncidences, quand on est assis bien tranquille devant sa page blanche.

Et encore Agatha n’avait pas de traitement de texte, et donc elle n’avait pas la possibilité de rajouter, retrancher, modifier à sa guise. Maintenant avec ChatGPT, il semblerait qu’on puisse se passer de la romancière pour continuer à l’infini son œuvre. J’avais déjà évoqué cela avec mon analyse de Pension Vanilos. Intrigue ChatGPT, Agatha Christie, …

Il y a comme à l’habitude plusieurs meurtres. Ce qui soit dit en passant tend à montrer que les David Suchet / Roger Carel / Hercule Poirot ou les Marple / Geraldine McEwan portent la guigne et/ou sont particulièrement inefficaces.

La haute société est représentée par le colonel Bantry, son château, sa tribu.

Agatha qui est roturière aime s’en prendre aux châtelains. En Grande-Bretagne c’est moins agressif que de s’attaquer directement aux nobles et à leurs privilèges.

Geraldine McEwan est la seule Miss Marple valable de la série. Je ne reviendrai pas là dessus, c’est ma conviction absolue.

Elle a pour copine la puissante Joanna Lumley, laquelle a brillé dans un duo comique dans Absolutely Fabulous. De part son physique et son tempérament léonins, notre végétarienne est pas mal carnassière et dominatrice.

Ici elle passerait vraiment pour une coupable idéale, en particulier du fait de sa proximité inédite avec notre détective amateur. Elle ne peut pas être là par hasard.

Voilà à quoi nous sommes réduits dans nos déductions. Il ne s’agit pas de logique médico-légale mais d’approximations pour contourner l’esprit méandreux de l’auteur(trice). Et cet a priori sans queue ni tête à gâcher un peu plus mon visionnage.

Le viveur Ben Miller / Basil Blake est libertaire et libertin. Rôle bien assumé ! Il attire vers lui tous les soupçons, ce qui doit le disculper immédiatement à nos yeux ; toujours selon le retroengineering que nous impose la romancière. On nous imposera l’idée loufoque qu’il feint de ne pas être marié avec son épouse légitime. Quoi ? Un quiproquos fera de lui un metteur en scène susceptible d’attirer les jeunes filles à lui en leur promettant un rôle. Mais en fait il s’agissait d’une « metteur en scène / metteuse en scène »… ouarf, je m’époumone.

Le grand acteur James Fox joue ce colonel, qui est aussi dans le viseur. Il est clair que dans l’esprit tortueux d’Agatha, les hommes, surtout les vieux beaux friqués, doivent être punis de regarder trop attentivement les très jeunes filles. Surtout si ces jeunesses leur rendent bien.

Autre amateur de jolies boutons de rose, le très efficace acteur Ian Richardson. Il figure un vieil invalide riche à millions et qui voudrait bien qu’on le laisse faire ce qu’il veut de sa fortune, y compris la léguer à une belle fleur qu’il a rencontré il y a peu et qui lui redonne la joie de vivre. On se doute que cela n’est pas du goût des potentiels héritiers directs.

Simon Callow incarne le « Chief Constable of Radfordshire » débordé de toute part, par la finaude et titillante Marple. Il joue bien cet homme coincé et réduit à mendier l’information à McEwan. Également un bon comédien.

Last but not least, Florence Hoath du haut de ses 20 ans est une éblouissante petite blonde. On lui donnerait le bon dieu sans confession… ce qui doit donc nous alarmer.

Agatha Christie, visiblement en panne, nous recase l’éternelle solution liée à un héritage. En disculpant d’abord les héritiers directs, puis en remettant en piste la femme de ce couple Tara Fitzgerald en difficulté financière… avec l’astuce d’amours homosexuelles. On croit rêver tellement les « détails » tuent l’intrigue.

Il est question aussi d’ongles coupés, de double meurtre inversé et maquillés l’un à l’autre, pour permettre des alibis. En clair les deux victimes ont été interverties. Et bien sûr personne ne se rend compte de la supercherie. Les corps ont été déplacés, ce qui est ultra facile à démontrer en médecine légale mais que personne ne le remarque ici. Agatha nous prend vraiment pour des idiots.

A force d’en rajouter tant et plus Agatha a gâté la recette. Je retourne à mon Cluedo, bien plus logique.