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Cet immense panoramique sur les châteaux-forts et leur époque, vise le “Whole picture” (Cf concept Whatever works – Woody Allen). La densité est impressionnante. Il faut vraiment être très attentif pour suivre, même si c’est subdivisé en deux belles et grandes parties.

Grâce à leur rigueur légendaire, les Allemands ont pris les commandes et imposent que l’on soit exhaustif. On en tremble déjà – Et si je prends ici ce ton persifleur et blagueur, bien français, je n’en pense pas moins que ce travail est instructif et intéressant. On a vraiment envie d’aller y voir. Ce qui signe un bon « spectacle » éducatif.

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La justification de ces constructions non éphémères, varie selon les périodes et les progrès techniques. Cela dit il y a toujours eu du cyclopéen dans l’air ; c’est un marqueur civilisationnel parfois très abstrait.

Mais ici, le déterminisme est plus pragmatique, cela tient de l’éternelle escalade entre la cuirasse protectrice et l’arme transfixiante, sur fond d’être humain querelleur… et de progrès !

Mais il y a eu aussi des essais et des erreurs, voire des récréations… comme ce château en Italie, le Castel del Monte qui se révèle être un hammam, ou les pièces de pâtisserie de Louis II (roi de Bavière).

Le documentaire fait la part belle aux réalisations germaniques, c’est de bonne guerre (hum).

Mais il ne néglige pas complètement ce qui s’est fait en France, avec cependant des cartes explicatives qui obstinément nous privent de l’Alsace Lorraine (les coquins).

Ah si ! On nous reconnaît d’avoir inventé le tournoi, ce qui signifie qu’on est juste bon à jouer la guerre, pas à la faire (c’est quand même nous qui occupons Strasbourg ; nananère).

Nos chers voisins insistent sur les Regalia_du_Saint-Empire, pour bien nous montrer que eux étaient un Empire et pas nous (la faute à François Ier) – Cf également le « trésor caché » des nazis – Wewelsburg– Encore cette affaire de Charlemagne que tout le monde revendique y compris France Gall dans sa chanson Sacré Charlemagne.

Mince cela me scie à nouveau la tête, des décennies après.

Autant d’ouvrages, autant de points sur la carte de l’Europe et il faut bien dire que nos deux pays dominent très largement, avec des milliers de référence à la grande époque. Mais le dépérissement et les déconstructions ont sévi également sur toute l’Europe. Et bien moins de la moitié subsiste encore.

Mention rigolote pour ces châteaux créés lors du siège, pour attaquer le château plénipotentiaire d’en face. On se croirait dans la séquence des immeubles qui s’attaquent les uns les autres de Monty_Python Le_Sens_de_la_vie.

Plus loin que nos deux pays contigus ennemis / faux-amis, il y a quand même une poussée vers l’Angleterre, que l’on doit à « notre » très normand Guillaume le Conquérant. Dont la célébrissime Tour de Londres qui a fait des petits. On devrait revendiquer d’être les possesseurs de ce royaume, mais Honi soit qui mal y pense, pas de Guerre de Cent Ans à l’envers.

Je me charge déjà de hisser un drapeau français sur « notre » Tour de 1078 près de la Tamise, lors de mon prochain voyage chez les perfides.

Il y aussi des petites incursions en Italie, comme nous l’avons vu avec Castel del Monte, ce « château » qui est en fait une immense salle de bain. Pas sérieux ces Italiens. Ah oui, il y a ce style que nous maintenons être inventé par Vauban mais serait en fait une copie de ce qui se faisait en transalpin. Les Allemands aux commandes du reportage font de nous ce qu’ils veulent, ça nous apprendra à avoir les documentaires les plus bêtes du monde (ceux qui sont si inutilement anachroniques et woke) !

On peut mentionner aussi de timides incursions en Espagne, pays des châteaux de sable.

En ce qui concerne les magnifiques châteaux tchèques, ils sont bien entendu annexés, une fois de plus, par nos turbulents voisins en mal « d’espace vital ». Donc on n’en parle pas ou on les germanise. Karlstein (Karlštejn), cette sorte de Château du Haut-Koenigsbourg, est tout juste évoqué sans être montré. J’en parle car je fais mon « savant » qui l’a visité.

Selon la thèse du documentaire, les châteaux actuels seraient ces immenses édifices des services secrets qui sont ultra protégés, presque à l’ancienne. Il va falloir s’écarter pour ne pas se prendre de l’huile bouillante sur la tête.

Que conclure ? Pas mal de choses qui nous éclairent sur nous-mêmes, comme on dit généralement.

Eh bien à force d’être fonctionnels, les châteaux forts du Moyen Âge ont fini par créer une certaine esthétique. C’est déjà bien.
Au plus profond d’entre nous, siège un état de siège permanent, qui nous incite à dresser des murailles. Pas étonnant que ces édifices nous parlent encore tellement, surtout chez les gosses. Dommage que le wokisme interdise absolument que la marmaille joue à la guerre. Comme s’il fallait prendre au premier degré ce jeu de rôles. Ah qu’elles étaient belles nos maquettes et nos reconstitutions plus hétéroclites que bêtement fidèles (que fait la Chrysler New Yorker dans les douves?).
Ah, notre déception d’enfant quand on prétendait le dimanche nous mener à un château et que ce n’était que des ruines dans lesquels il était impossible de se projeter. On ne triche pas avec ces choses là.
Si tu veux la paix prépare la guerre, dit-on. Et la fabrique d’armes en surnombre va bon train, avec son côté défensif plutôt contre-intuitif. Si tu veux te protéger, va plus loin que ces murs de plus en plus épais. Envisage d’y mettre des canons et toutes ces choses. Et puis, si ces armes sont mobiles, fais-toi plaisir et sort les faire un tour… le gibier n’est pas loin. Surtout si l’on adopte cette pensée moyenâgeuse qui voit le mal partout et en particulier chez les plus proches voisins. On s’est quand même pas mal épuisé avec ces concepts. D’ailleurs, il est avéré que les Allemands ne savent pas se tenir quand ils ont des armes à la main (ehehe, je me venge).
C’est sans doute triste à dire, mais la guerre est la mère de pas mal d’inventions.
Les réalisateurs abusent ici de l’effet maquette du tilt and shift. Mais cette remarque ne nous éclaire que sur l’étendue de nos connaissances dans l’art photographique (ehehe, j’ai pratiqué cela aussi).
Des « choses » intelligentes seraient encore à dire… mais là le béotien que je suis ne me sent pas à la hauteur. Je passe le jalon à mes lecteurs, dont je sais que les neurones crépitent (j’ai de quoi mesurer… déjà avec le temps que vous passez sur ces textes… On n’est pas dans TikTok ici).