Conte de Noël. Avis film, Honni soit qui mal y pense. Niven, Grant, Loretta Young, drague divine. 7/10

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Le titre français Honni soit qui mal y pense est pourri, mais ce The Bishop’s Wife ne manque pas d’intérêt.

  • Je me demande bien ce qui poussait les auteurs, à se réfugier dans ces comédies de fantômes, d’anges et de diablotins, au sortir de la dernière guerre. Confer l’esprit-samuse-1945-david-lean.

Ange problématique, avez-vous une âme et la force d’aimer ?

Ce long métrage est plus futé que l’on croit.

L’ange Daniel qu’on nous refourgue est déjà un délicieux problème en soi. Le séduisant Cary Grant est volontairement à contre-emploi. Cet acteur, séducteur en complet veston, est d’habitude un marrant. A priori, il ne peut être la meilleure figure pour réparer le couple bancal ; ce duo improbable formé par la trop délicate Loretta Young et le trop rigide évêque David Niven.

  • Le terme d’évêque n’évoque pas forcément un homme marié. Mais une fonction de ce nom existe dans certaines Églises protestantes, dont en effet les épiscopaliens comme ici.

Le contraste fort entre les membres du trio est voulu. Et l’effet fonctionne.

Les catégories se croisent et montre une certaine mobilité dans leur devenir. L’homme étant perfectible, on doit laisser une grande place au libre-arbitre, et ce malgré les discrets « miracles » de Grant.

Activité sexuelle des anges (était « sexe des anges ») :

Pour rabattre les cartes on titille même l’envoyé du ciel Cary Grant. L’espace d’un instant, il est tourmenté la chair. La sainte nitouche Loretta fait son effet. Il a du côtoyer d’autres saintes innocentes et avenantes au paradis… ou les 11.000 vierges.

Cette femme improbable est essentiellement éthérée et docile, une vision datée mais répétitive de film en film. On la met au pinacle au cinéma à cette époque. On peut compter sur sa vertu. C’est elle qui repoussera, l’embryon d’un début d’une troublante tentative d’approche du gars ailé. Lequel est assurément un peu trop frétillant. Faut pas exagérer Cary Grant, sinon ouste vers le purgatoire.

  • Dans notre monde réel, je vois mal son équivalent, un beau sexothérapeute, s’immiscer si profondément dans la relation des « clients ». Avoir toutes les qualités et le montrer en permanence, devrait avoir pour conséquence de rendre le « vilain mari » encore plus repoussant. David Niven, qui a les pieds sur terre, s’en rend bien compte.
  • C’est un peu comme si un psychanalyste voulait résoudre les problèmes de Dora (Fragment d’une analyse d’hystérie) en y mettant un doigt. L’histoire de faire repartir la « machine » au bénéfice d’un futur mari tiers. Cela devient olé olé quand un thérapeute s’approche trop.

Lutte des classes :

Le côté sirupeux n’est qu’une énième resucée du chant de Noël de Dickens. C’est l’expression de la plus pure hypocrisie des classes moyennes et supérieures. La générosité et l’amour universel doit se répandre sur terre, sous réserve que cela n’arrive que le jour de Noël et que cela ne mette pas en danger le patrimoine. Plutôt un déluge de bons sentiments et un rite d’inversion fugace, qu’une réelle correction sociale. Ils ne sont pas fous ! Et puis c’est l’occasion de faire la leçon, ce qui est toujours mieux que de s’appliquer les principes à soi-même. Le procédé n’est pas exempt de frissons. Du moins pauvre au plus riche, on joue à se faire peur, en feignant de croire au père Noël un jour par an.

  • Je doute que le producteur ploutocrate Samuel Goldwyn ait été attendri par son investissement larmoyant, au point de céder sa cagnotte. Sa fortune aurait été d’environ 100 millions de dollars à sa mort. Je vous l’avais dit qu’il ne faut pas prendre les remugles de Dickens à la lettre. Hypocrysie du charité bien ordonnée commence par soi-même.

Paradoxe spatio-temporel :

On apprend à la fin que toutes les interventions « divines » vont s’effacer de la mémoire des protagonistes. Mais on ne laisse pas le temps au spectateur de se rendre compte des méfaits du paradoxe spatio-temporel. C’est toujours les mêmes tours de passe-passe. Pourtant, il y a forcément des néo-battements d’ailes de papillon qui ont modifié la structure de l’univers, malgré toutes les précautions. Vaste sujet qu’on laissera cependant de côté. Ce choix de scénario n’est pas central.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Honni_soit_qui_mal_y_pense_(film)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Ida_Bauer

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_chant_de_No%C3%ABl

https://fr.wikipedia.org/wiki/L%27esprit_s%27amuse_(film,_1945)

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