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Critique en 3 actes sur Haydn et sa Création (Jordi Savall) – Yeree Suh (soprano), Tilman Lichdi (ténor), Matthias Winckhler (baryton); La Capella Reial de Catalunya ; Concert des Nations.

Die Schöpfung (« La Création ») est un des oratorios les plus prenants qui soit.

Savall demande à ce qu’on utilise pour ce délicat exercice, des instruments d’époque. Pourtant j’ai cru voir quelque chose qui ressemblait plus à une sorte de piano qu’à un clavecin. Mais j’ai pu me tromper.

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Je ne suis pas un spécialiste des critiques musicales. Ne comptez pas sur moi pour d’audacieuses métaphores, doublées de vertigineux superlatifs. D’ailleurs ce genre de littérature en circuit clôt à ses limites. Et personnellement, cela ne me convient pas vraiment.

Donc, je me résume à dire que le chef d’orchestre rénommé domine parfaitement ses troupes. Que l’œuvre est bien interprétée par les instrumentistes, en tout cas autant que mes faibles connaissances me permettent d’en juger. Et que les solistes nous font du bien.

Connaissant bien cet oratorio, pour l’avoir écouté tant de fois, je n’ai pas été déçu. J’ai retrouvé toutes choses à leur place et la magie a parfaitement opéré. Le rendu visuel sur la chaîne KTO était en basse définition, ce qui est plutôt dommageable. Mais compte tenu de la qualité musicale et de la surprise de tomber dessus par hasard lors d’un zapping, je peux parfaitement passer outre la question de l’image.

La chaîne KTO est généralement déprimante avec ses transmissions d’offices catholiques, plus sinistres les uns que les autres. Côté musical, les envolées monocordes des prélats sont même réfrigérantes. Si au moins il y a avait du gospel !

Mais il arrive aux responsables des émissions, de diffuser des concerts, sous réserve qu’il y ait quelque chose de clairement religieux, au moins dans le titre. Et comme la portée de certaines musiques dépasse de loin ce cadre rigide là, tout le monde peut y trouver son compte.

C’est là où nos racines chrétiennes se transforment en efflorescences culturelles et civilisationnelles débarrassés de l’encombrant substrat. Et sans qu’on ait besoin de s’agenouiller devant. D’ailleurs rares furent les musiciens authentiquement mystiques, dans cette tradition contraignante des siècles passés.

On peut citer Anton Bruckner, ce génial dévot naïf, dont les belles symphonies ne sont pas des travaux en rapport avec l’église. L’artiste et son parcours peuvent être aisément détachées de ses œuvres. Ouf !

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Yeree Suh est séduisante, puisqu’elle est à la fois, l’ange tombé du ciel et qui nous parle, une promesse de volupté à faire palir les vierges offertes dans le paradis musulman, la mère bienveillante universelle, un beau produit de l’exotisme universaliste (à point de départ coréen) etc. Elle a beaucoup donné dans le répertoire religieux, s’emparant avec talents des messes, oratorios, passions, renommés et consensuels.

Curieusement, on ne trouve nul part sa date de naissance.

En fait et sans vouloir déprécier Yeree Suh, Gabriel est un rôle en or, quasi inratable.

Tilman Lichdi, ténor fait un Uriel très convaincant. C’est un habitué de ces figures barroques ; , Matthias Winckhler, Baryton relaie avec conviction les dires de Raphaël – mais ne faudrait-il pas une basse à ce poste ?

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Un enregistrement, disponible en numérique, a eu lieu, avec une configuration proche, dans le château de Cardona, située dans la Catalogne natale de Savall – Et même si l’interprétation et la direction sont également brillantes, il y aurait parait-il des problèmes de locaux réverbérants et de prises de son.