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Cette visite de La Création de Haydn se fait en 3 actes. (Jordi Savall) – Yeree Suh (soprano), Tilman Lichdi (ténor), Matthias Winckhler (baryton); La Capella Reial de Catalunya ; Concert des Nations / Jordi Savall.

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C’est un oratorio, donc une musique descriptive.

En fait cette Création montre bien que la musique figurative est totalement polysémique et n’a jamais réduit la réalité à des lignes musicales, aussi expressives soient-elles. C’est même pour ce détachement possible et souhaitable, que cette conceptualisation est si prenante. Quoi qu’on en dise dans les écoles, c’est cette absence de lien obligé avec ce qu’elle décrit qui permet même d’obtenir une musique abstraite et inventive, alors que dans nos têtes on la débarrasse de son objet. Ces nouvelles lignes mélodiques feront donc des petits.

Sans aucun doute, Haydn a voulu nous montrer et nous faire entendre quelque chose ; comme par exemple les éclairs, le bruit de l’eau et des autres éléments. Mais ce faisant il a en fait conçu des objets totalement désincarnés. Des lignes mélodiques qui peuvent se détacher du réel et pour lesquels nous pouvons librement réinvestir toutes nos interprétations et même nos rêveries.

Le son des gouttes de pluie qui percutent le sol est sans doute ce qu’il pourrait passer pour le proche d’une réalité. Mais en fait cette synesthésie est tout autant de la poussière d’étoile scintillante ou tout ce qui vous plaira. Le decryptage à la lettre n’a donc aucun intérêt.

A l’inverse le déchirement des Ténèbres (fisternis) qui fait apparaître la Lumière, fait l’objet d’un écart dynamique « astronomique » à faire péter vos enceintes. Or le son ne se propage que s’il y a un milieu qui le transporte. Cette séquence n’a pu être que silencieuse, ce qui n’arrangeait sans doute pas Joseph Haydn. Même le Big Bang scientiquement prouvé n’a pas du faire de bruit. Cela vous la coupe, hein !

Pierre HENRY, a concu en son temps les Variations pour une porte et un soupir. Ce qui sur le plan théorique est l’oeuvre la plus figurative qui soit. Puisque au bruit d’une porte correspond le bruit d’une porte et à un soupir correspond un soupir. Et pourtant cette « musique » s’élève au dessus de cette évidence. Il y a donc définitivement un grand écart entre la conception et la perception individuelle.

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En poursuivant sur cette lancée. Au delà de toutes vraisemblance, l’Ange Gabriel ici présent nous parle à tous. Et pourtant c’est en allemand. Et nous pouvons nous dispenser d’y entendre son message précis tel que figurant dans la Bible.

En fait ce « chant magnétique / champ magnétique», porté par Yeree Suh (soprano) est une expression « divine », non pas au sens religieux du terme, quoi que ça puisse l’être pour certains, mais par le fait que c’est quelque chose qui est « juste au-dessus » de nous, une sorte d’idéal du « sublime » et donc nous avons pas à comprendre le substrat. Il est à la fois en nous et hors de nous. L’ange parla à la bête et réciproquement.

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Un enregistrement, disponible en numérique, a eu lieu, avec une configuration proche, dans le château de Cardona, située dans la Catalogne natale de Savall – Et même si l’interprétation et la direction sont également brillantes, il y aurait parait-il des problèmes de locaux réverbérants et de prises de son.