Inspecteur Cadavre. Maigret, Simenon, Cremer, indulgence coupable. 8/10

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Cela arrive parfois en vrai, que le coupable tombe car il a trop voulu se mettre en avant lors de l’enquête.

Monsieur Etienne Naud est riche. Il roule dans ces belles bagnoles qui deviendront des collectors inaccessibles de nos jours. Ce gentleman farmer est un tantinet coincé dans ce qu’on attend de sa position sociale. Il a une fille et une femme. Pour son malheur.

La rumeur fait de lui l’assassin du jeune beau gars Albert Retailleau. Un gars qui fréquentait sa fille semble-t-il. On l’a retrouvé écrasé par un train. Et la police belge s’empresse de conclure que c’est un accident.

  • Le roman situe l’action en Vendée et le téléfilm la place en Belgique.

Maigret / Bruno Cremer est appelé à l’aide pour faire taire les cancans. C’est l’influente femme de Naud qui a déclenché cette approche non officielle, mais couverte par sa hiérarchie pour raison d’état.

Au début Maigret est prêt à croire à ce que les notables lui racontent. La vindicte populaire n’est-elle pas prompte à mettre au pilori les bourgeois friqués. On a vu cela à bruay-en-artois avec ce notaire « coupable idéal » aux yeux du petit peuple.

Il y a un hic cependant et même deux.

D’abord il y a son ancien collègue Cavre, surnommé « l’inspecteur Cadavre ». Qu’est-ce qu’il manigance là. Il est pratiquement partout où l’enquête « off » de Maigret le mène. Ils ont un contentieux de longue date. Désormais il est détective privé. Mais il agit pour le compte de qui ?

Et puis, la casquette de la victime a été retrouvée par un alcoolique à plusieurs centaines de mètres de « l’accident ». Elle est ensanglantée et tend à montrer que le jeune a été battu à mort avant d’être ramené sur les rails. Là cela devient un gros problème. D’autant plus que les langues se lient et que ceux qui pourraient parler ont eu de gros cadeaux.

Il apparaît que Cavre pourrait avoir servi d’intermédiaire entre X et les bénéficiaires. Maigret lui met la pression. Et Cavre finit par désigner le commanditaire.

Retour à la case Etienne Naud, mais avec des circonstances plus qu’atténuantes. La gamine Geneviève Naud a été engrossée. Mais le gros méchant responsable de la « cloque », ce n’est pas Albert Retailleau ; c’est le voisin de la famille M. Groult-Cotelle, un homme mûr, qui a joué « au docteur » avec la fille. Il a tenté de berner Albert en lui mettant sur le dos la paternité, lors d’une rencontre chez les Naud. Le vieux n’a pas tout compris, et croyant voir Albert sortir de chez sa fille, il s’est emporté et l’a tué par accident.

***

Curieux climat que celui de 1944, date de sortie du bouquin. Comment se fait-il que Maigret reparte les mains dans les poches en ne mettant pas en cause officiellement le vrai responsable de l’accident mortel ? S’agit-il d’une « indulgence » que Simenon s’accorde à lui même et à son jeu plus que trouble pendant l’occupation ?

Je mets cependant un 8/10 à cet épisode de 1998. D’abord c’est très bien filmé. Il y a un soin particulier dans les décors, les personnages et la restitution du climat de cette époque charnière (1944).

Jacques Boudet est très bon. Il a fait de nombreux films mais plutôt dans des rôles secondaires. Dommage !

La jeune Nade Dieu montre ici ses formes plutôt que son talent. Dommage également, car elle a un petit quelque chose, dans le genre recherché des pimbêches insupportables.

Bruno Cremer est bien entendu parfait, du haut de son expérience, de son talent et de ses 69 ans.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Simenon

https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89pisodes_de_Maigret_(1991-2005)#%C3%89pisode_28_:_Maigret_et_l’Inspecteur_Cadavre

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_Boudet

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nade_Dieu

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