La Route de Sommets – Du Karakorum au Tibet (2014) 7.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Épisode : Sur le toit du monde et au Népal

  • J’ai la mémoire qui flanche ?
  • J’me souviens plus très bien ?

Ce reportage est bien conçu car il permet de raviver sa mémoire d’ancien voyageur. C’est une belle itinérance népalaise avec une intéressante visite de la capitale et des environs. Et pour une fois il n’y a pas un présentateur narcissique qui cache le vrai fond et empêche de faire vagabonder le regard.

Cela tombe fort à propos, car justement je me posais des questions sur ce qu’était devenue cette célèbre ville, et ce principalement en tant qu’ancien routard. Mais aussi en tant qu’éventuel néo-visiteur, qui se serait dégagé des chaînes du passé. L’un et l’autre se fait ou se font.

Et comme cela me titillait vraiment, j’ai même démarré des forums, à peine quelques jours avant, déjà pour avancer sur la question du passé. Pour le présent et l’avenir on a bien le temps (*)

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Au début des années 70, le vieux Kathmandu était bien plus en terre battue que maintenant, surtout dans les faubourgs.

D’après certaines photos de maintenant, les murs rectilignes et peints ont remplacé pas mal d’anciennes structures plus artisanales. Et dans mes souvenirs cela faisait moins « sale » qu’avec ces maisons plus récentes mais où l’on constate plus le délabrement, la peinture passée ou écaillée.

Le coffee shop que nous fréquentions était dans une rue en pente, non loin de Durbar square, mais ce n’était pas « freak street » me semble-t-il. Il était à droite en descendant.

  • Sur le plan (google map), deux routes semblent des hypothèses sérieuses (mais il y en a d’autres) entre Durbar et la direction Swayambunath – Ashok binayak marg et Chwas pakha marg – mais pour l’instant je n’arrive pas à valider.

Des voyageurs du Hippie trail avaient apporté des 33 tours. On écoutait Hot rats (Zappa 1969) et Let it Bleed (Stones 1969) dans ce petit boui-boui.

En continuant sur un chemin en direction du célèbre Swayambunath, on passait le fleuve. Dans mon souvenir, mon petit logement traditionnel était à l’étage d’une maison à gauche, quand on allait de la ville au site touristique sacré. Une nuit des chants bizarres m’ont réveillé… en fait on honorait un mort à la tibétain.


Les macaques jouaient sur la colline. Un jour l’un d’entre eux est venu me piquer une banane. Je le vois encore tout fier sur son muret. Le lever ou le coucher de soleil vus depuis ces hauteurs, étaient des points de ralliement de toute une faune. Il me semblait alors qu’il y avait plus de voyageurs conscients que de vains touristes. Mais je peux me tromper.

En rejoignant le fleuve il y avait des incinérations – Mais les ghats de crémation sont supposés être à un autre endroit du fleuve, à Pashupatinath, de l’autre côté de la ville. Donc ma mémoire me joue des tours.

Dans quel rez de chaussée de maison était donc égorgé un cochon ?

Il y a eu aussi le festival Holi, la fête des couleurs – et je vois que c’est en mars.

Un temple sur une grand place en ville avait une tourelle du même genre que celle de Swayambunath. J’ai une vague réminiscence que derrière un pilier on m’a tendu des feuillets bouddhistes. Les ai-je lu ? J’ai l’impression lointaine qu’il était question de diamant symbolique ? (Le vajrayāna, ou bouddhisme tibétain, « véhicule du diamant ») ? (Stûpa de Bodnath?)

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Tout n’était pas rose là bas. D’abord bien sûr la misère. Mais elle était vécue souvent avec un généreux sourire.

Certains occidentaux y ont perdu leurs repères. J’ai encore l’image de cette junkie qui m’a dit un jour « jamais tu ne dois toucher à cela ». Cela venait des profondeurs et ne souffrait aucune objection. Je l’ai écouté et je l’en remercie. Mais ma reconnaissance est sans doute posthume.

Des riches venaient faire du tourisme sexuel dans les grands hôtels, sans doute avec ces hippies accros aux drogues durs, dont cela ne pouvait être que la seule ressource. Paix à leur âme.

Les autres « voyageurs » venaient de tous les horizons.

  • Il y avait des jeunes Français qui devaient être des apprentis dans leur métier (boucherie?). Simples et sympathiques. Que venaient-ils chercher là ?
  • Il y a eu Joseph qui était de niveau éducation supérieur et nous avons été sur les petits chemins ensemble. Il appréciait d’être dans des états différents, alors que moi je restais sobre. Il préférait cela à l’inverse. Nous avions plaisanté sur ces porteurs de parapluie. Plus tard je l’ai revu dans les pré-Alpes. Mais ce n’était plus comme avant. Il devait résider du côté de Bordeaux et là il était en mission de conciliation pour les expropriations autoroutières.
  • Il y a eu ce brave garçon qui était venu pour apprendre les percussions complexes de ce pays. Je l’ai accompagné à un des ces cours et j’ai encore en tête la mnémotechnie chantonnée. Je l’ai aidé un tout petit peu. J’ai encore en mémoire son sourire (barbu?) un peu comme dans Alice au pays des merveilles, un sourire sans substrat.
  • Il y avait aussi pas mal d’Américains qui bien qu’étant hospitaliers étaient dans leur monde à eux.

Rétrospectivement j’ai appris que de grandes figures de la Silicon Valley et autre, avait fait un passage par la contre-culture et en un endroit ou à un autre du Hippie Trail (Steve Jobs…) – on parle des origines hippies de la révolution numérique.

J’ignore si ce sont les substances qui les ont inspiré ou bien s’ils se sont juste débarrassés de l’encombrant bagage de l’american way of life, par ce retour aux sources, ou bien si tout cela a été juste fantasmé. Par contre il est sûr que certains ont eu une « vision » qui leur a permis de dépasser les vieux modèles. Il faudrait creuser.

Où est-ce que je veux en venir au final ? C’est somme toute assez simple. La question posée est : est-ce que cela vaut le coup de revenir dans ses traces passées ? Il y a un peu de Broken Flowers (2005 Jarmusch / Bill Murray) ou de Mammuth (2010 Depardieu) dans cette obstination à faire un road trip dans le temps et l’espace. Ce qui engendre méfiance et fascination.

(*) J’ai créé deux groupes google pour tenter de connecter à l’international

kathmandu-1970@googlegroups.com et kathmandu-1971@googlegroups.com

Hi, i am sharing experience with travelers in kathmandu around 1970 – Bonjour, je cherche des personnes qui se sont rendues au Népal en 1970 (ou autour de cette année) – Pour partage d’expériences et reconstitution mémorielle.

J’ai aussi commencé une discussion sur : https://www.routard.com/forum_message/5100911/katmandu_1970.htm

https://cfeditions.com/utopie-numerique/ressources/Utopie-numerique-SPECIMEN.pdf

Par Roger McLassus. – Own work, CC BY-SA 3.0

https://fr.wikipedia.org/wiki/Route_du_Karakorum

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