Maigret et le Fantôme. Harengs contre Lohikeitto. Finlande francophone. Faux tableaux belges. Putes. 7/10

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Maigret et le Fantôme soit. Mais l’affaire est plus exotique que cela. Les fantômes on sait bien que cela n’existe pas. Alors que la Finlande d’après-guerre a des choses à nous dire sur son proche passé et ses rapports présents avec les pays de l’Est.

Sans doute effrayée par son voisin soviétique le pays nordique s’est fourvoyé dans la co-belligérance avec l’Allemagne nazie de 1941 à 1944. On n’en parle pas trop de nos jours.

Bref le brave Maigret / Bruno Cremer se retrouve avec une sale affaire de policier français blessé par balle, dans cette contrée lointaine. Ce Lorgnon s’approchait dangereusement de Nadine Spinoza – une fille « facile » comme on dit. On ne va pas quand même nous refaire le coup du Pacha de Georges Lautner !

Notre fin (hum) limier n’est pas du genre à déguster le Lohikeitto, cette délicieuse soupe de saumon que j’ai découvert là bas. Lui, son rêve c’est la blanquette de veau. Il prendra des harengs pomme-à-l’huile – incroyable on se croirait dans un échange de OSS117 – Dujardin (*)

S’il ne s’adapte pas à cette cuisine, il est comme un poisson dans l’eau dans ce bain dramatique. Il s’aide d’un policier traducteur avec qui il s’entend bien. Et puis le chemin judiciaire est balisé par des souris francophones. Ce qui aide quand on n’entend pas le finnois.

Il y a d’un côté un richissime collectionneur d’art, Heinz Bennent, au trouble passé nazi et à l’accent bien de chez eux. Et de l’autre sa femme Elizabeth Bourgine qui s’affiche en tant que française de la haute, mais qui est en fait une fille des rues de la côte d’Azur, d’origine belge. Cette belle gourgandine a un amant anglais, qui est un escroc assassin d’envergure. Et à nouveau, dans cette intrigue de 1964 (le livre), on nous sert une histoire de faux tableaux.

Ce scénario est plutôt compliqué, au risque de friser l’invraisemblance. Mais ce qu’on recherche avant tout ici c’est la psychologie dans les bas fonds de la misère morale. On est servi.

Le vieux mari est forcément impuissant et donc remplacé par un plus jeune, avec son accord. Cette vision « économique » en flux et reflux des passions amoureuses est assez curieuse. S’agissant juste d’une affaire de tuyaux et de fluides, elle justifie d’avoir recours à des « professionnelles ». Alors que pour moi cette « tricherie » de l’amour me donne le haut le cœur.

Maigret et le Fantôme 1994 : le réalisateur de ce téléfilm français est un Finlandais, Hannu Kahakorpi et il se débrouille bien en étant à la fois dans les codes de la série, mais aussi en se révélant particulièrement bien placé pour retranscrire finement l’ambiance locale. Il sait aussi bien évaluer du différentiel d’avec la culture franco-belge. Bon choix et bonne idée.

Si les films suédois ont des noms d’Ikea, ceux de Finlande donne dans les bons couteaux, comme cet hôtel « Fiskars wärdshus » où cela se passe en grande partie. Je sais cette remarque est stupide, mais je n’ai pas pu m’en empêcher.

(*) Larmina : Comment est votre blanquette ? OSS 117 : Elle est bonne. Larmina : On me dit le plus grand bien des harengs pomme-à-l’huile. OSS 117 : Le patron vous en apportera un ramequin, vous vous ferez une idée.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_la_Finlande_pendant_la_Seconde_Guerre_mondiale

https://fr.wikipedia.org/wiki/Maigret_et_le_Fant%C3%B4me

https://fr.wikipedia.org/wiki/Cuisine_finlandaise

https://fr.wikipedia.org/wiki/Requiem_pour_un_con

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