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L’émission Des trains pas comme les autres est souvent très agréable à voir. Pourtant il existe une certaine routine qui fait qu’on ne courre pas après. On attend que cela arrive tout cuit près de nous.

Philippe Gougler sait mettre une bonne ambiance. Il montre sa foi dans le multiculturalisme et tend à illustrer l’adage que les « voyages forment la jeunesse ». On est donc dans un conformisme contemporain de bon aloi, avec un petit supplément d’âme.

Le site des Auberges de Jeunesse situe la question ainsi :

Découverte d’autres façons de vivre et de penser – sources d’expériences qui permettent aux jeunes de mûrir – aller à la rencontre des autres et de conquérir leur autonomie, comme ” rite de séparation et de socialisation “

En d’autres termes :

Découvrir des cultures différentes – Vivre des expériences – Rencontrer plein de gens – Se débrouiller – Apprendre d’autres langues – Voir comment l’herbe est de l’autre coté – Prendre son indépendance – Découvrir notre planète qu’on doit chérir! [ ce dernier point est nouveau et fait partie du prêchi-prêcha du moment – heureusement Gougler nous enquiquine pas trop avec cela ] –

Le petit père découvre la Malaisie, un pays que je connais assez bien et où se trouve mon Tchang à moi, en la personne de Chee Lim Sen. Je l’ai rencontré autrefois à Ipoh et nous avons tressé des liens d’amitié… mais je n’ai plus de ses nouvelles depuis un moment – le tourbillon de la vie (je le mentionne au cas où quelqu’un pourrait m’en parler).

Philippe Gougler n’arrive pas ici, sans avoir préparé finement le voyage. C’est l’antipode de j’irai-dormir-chez-vous par antoine-de-maximy.

Et bien que le parcours soit guidé par « l’exotisme » des lieux, il reste un esprit de découverte et quelques hasards heureux. En clair, il fréquente mais s’éloigne parfois des sentiers battus.

La Malaisie est cosmopolite. De mon temps on disait, 40 % de Malais, 40 % de Chinois, 10 % d’Indiens et une multitude d’autres origines. Et Gougler, faussement naïf, interroge sur la différence entre malaisien (tous les citoyens) et malais (une ethnie dominante, principalement musulmane).

Tant qu’à faire du buzz, il ne rate donc pas les grandes manifestations des Grottes de Batu (Batu Caves) – Mon jeune ami m’y avait emmené aussi. Tellement de décennies ont passé, je n’avais pas le souvenir qu’elles fussent si grandes. Je me souviens du jet de mini-bâtons contenant des oracles. Celui qui s’échappe du récipient que vous secouez, est le bon. Mais là les rites hindous assez effrayants, c’est une nouveauté pour moi… en tout cas à cet endroit. Les croyants qui expient avec des crochets dans la peau, c’est quelque chose. Mais on a eu ce genre de choses chez nous avec les flagellants.

Nous avons parcouru la Malaisie en moto et ce fut une grande expérience. Y compris pour notre accident – pas trop grave – qui nous a donné les honneurs de la presse. Mais notre base était forcément à Ipoh, d’où nous avons rejoint le littoral pour nous goinfrer de gros crabes, si abondants qu’ils étaient servis dans des seaux.

La moto nous a permis de franchir quelques petits cols au centre de la péninsule. Et on a donc côtoyé la jungle. Bon, je ne vais pas vous raconter tout notre périple, puisque c’est de celui de Gougler dont on parle.

D’ailleurs il a fait mieux en s’accompagnant d’un guide local, un de ces petites hommes (Orang Asli) que l’on rapproche improprement des Pygmées. Avec cette sarbacane, on entre de plein pied dans l’imaginaire Tintin et les Jivaros / Arumbayas dans L’Oreille cassée et Philippe notre petit reporter s’amuse beaucoup.

Le plan final est toujours l’occasion pour notre élève philosophe, de faire une synthèse de type paix dans le monde et amour universel. On n’y coupe pas. Mais il a bien travaillé jusque là et on peut le laisser faire.

Le terme de « choc des civilisations » que j’ai glissé malicieusement dans le titre, ne correspond pas du tout à ce que cherche à lui faire dire, ceux qui n’ont pas lu le livre, et qui découle d’une mauvaise interprétation.

Il ne s’agit pas de se prononcer pour ou contre l’éventualité d’une « guerre » ouverte possible entre deux ou plusieurs de ces nouveaux blocs civilisationnels. Le but de Huntington est de nous montrer les nouveaux équilibres et en particulier en quoi on assiste la régression du modèle occidental qui a été un peu trop envahissant et souvent inadapté à d’autres parties du globe. Ce sont des faits et des chiffres, pas des élucubrations. Et il s’interroge sur comment pourrait-on faire pour faire face à cette nouvelle donne.