Mystère des 400 bébés morts. Cold case Amelia Dyer. Épidémie d’infanticides 1800-1900. 8/10

Temps de lecture : 4 minutes

Assurément l’homme est un loup pour l’homme (Homo homini lupus est). En fouillant les poubelles de l’histoire, on arrive encore à nous étonner, avec cette triste réalité là.

A l’instar d’un Dupond et Dupont, « je dirais même plus » : au fur et à mesure qu’on explore les couches profondes de notre civilisation et de celles qui précèdent, l’horreur augmente. De ce qu’on sait aujourd’hui, on a déjà des preuves néolithiques de cette triste réalité. Confer le massacre d’Achenheim, pour ne citer qu’un exemple très proche (Alsace).

La série qui nous occupe sait exhumer de terribles crimes. Ceux de nos contemporains semblent presque anodins en regard. Cette mine paraît inépuisable. Et encore, il y a fort à parier que l’on ne sait pas tout. Les moyens d’investigations pouvant être très faibles dans des époques reculées. Et puis la mort n’avait pas la même importance que maintenant.

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Des bébés morts de manière suspecte, il y en a partout, y compris de nos jours. On les retrouve parfois dans des décharges ou dans des congélateurs. C’est parfaitement sinistre et révoltant.

Dans le règne animal « normal », la fragilité des petits incite les grands à plus de soins et d’attentions. Mais chez le loup-humain, cette faiblesse les menace au plus haut point. Il est facile de profiter d’un bébé incapable de se défendre. On le fait disparaître aussi facilement que si c’était un chaton.

L’Angleterre victorienne a eu son grand cold case, avec Jack l’éventreur. Mais dans une période proche, elle a connu un autre scandale retentissant, celui des crimes en série d’une « éleveuse d’enfants ».

La situation économique et sociale dans les grandes villes pouvait être épouvantable. Les mamans désargentées et le plus souvent jeunes, se « débarrassaient » des bébés, dont elles ne pouvaient pas assurer la subsistance. Soit en les liquidant elles-mêmes et ce cas était quasi épidémique vers 1800, soit en les « confiant » à des gardiennes spécialisées qui étaient chargées de les placer. Plusieurs de ces femmes n’avaient pas de scrupules. Un journal du milieu du XIXè siècle mentionne que « des centaines d’enfants étaient assassinés chaque année… »

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Amelia Dyer, une de ces « baby farmer » s’est distinguée en laissant mourir de faim plus d’enfants que d’habitude, ou en les étranglant. Elle les droguait également.

  • Mais ce dernier point était pratique courante. Hop, un peu de laudanum et le petit restera tranquille. On pourra le laisser seul pour aller au boulot.

On a retrouvé plusieurs corps dissimulés dans l’eau. Manque de pot, le lien de ces paquets était le même que celui retrouvé chez la criminelle. Et puis une mère a reconnu ce bébé mort, le même qu’elle lui avait confié récemment bien vivant.

Il n’y a pas de « mystère » là dessus contrairement à ce que suggère le titre de l’émission. La vraie énigme tient dans la comptabilité.

Le nombre non négligeable de ces infanticides avérés, reflète une courte période. Mais il donne lieu à une extrapolation effrayante. En multipliant ce chiffre sur les 30 années où elle a « exercé », on arrive à une estimation de 400 assassinats ! Il faut dire qu’elle n’était « pas chère ». Et contrairement à la photo qui circule habituellement, elle n’était pas effrayante. Elle avait plutôt une tête de bonne nounou.

Elle a sévi dans plusieurs endroits et a même été condamnée pour ses maltraitances. Ce qui lui a appris à faire plus gaffe à l’avenir. Plus question de demander des certificats de décès ; passage direct à la case élimination, sans laisser de traces.

Les mères ne seraient pas manifestées pour trois raisons principales.

  • Soit qu’elles se doutaient et espéraient même, ce qui leur était arrivé, afin d’être « débarrassé » du problème définitivement.
  • Soit qu’elles recevaient de fausses bonnes nouvelles de placement. La tueuse était quand même une infirmière !
  • Soit qu’elles avaient honte de déclarer à la police qu’elles avaient abandonné leur progéniture.

La Dyer était folle. Elle a passé plusieurs fois en hôpital psychiatrique. Mais lors de son procès cet argument de la défense n’a pas été retenu. Les crimes étaient bien trop organisés pour cela.

Les jurés se sont prononcés sur le sort de l’Ogresse de Reading en 4 minutes, ce qui est un record. Elle fut donc pendue.

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Le couplet de l’époque :

The old baby farmer, the wretched Miss Dyer
At the Old Bailey her wages is paid.
In times long ago, we’d ‘a’ made a big fy-er
And roasted so nicely that wicked old jade

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Mon couplet habituel :

Détalez si le libellé accrocheur d’un site bien placé commence ainsi :

« A la fin du XIXe siècle en Angleterre, la situation des mères célibataires pauvres est terrible. En 1896, une sinistre affaire met en évidence ce drame… »

C’est du toc répété par des robots. Pire encore, ces sites demandent à ce que vous payiez pour voir. Et Google ne s’émeut pas de cela !

https://en.wikipedia.org/wiki/Amelia_Dyer

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Amelia_Dyer

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