Schnidi fantôme néolithique. Farce archéologique. Facteur neige oublié. Fureur à Achenheim. 5/10

Temps de lecture : 5 minutes

Ce documentaire a l’air rigoureux de prime abord. Mais après une courte analyse, on se rend compte qu’il n’est fait que de suppositions et de morceaux épars recollés bout à bout. Pratiquement tout est ici discutable. C’est juste une mise en scène. C’est patent vu de l’intérieur.

D’ailleurs, le titre racoleur qui mentionne un « fantôme », montre que la cible doit être peu exigeante. Ce documentaire s’inscrit dans ce qui se veut la « Science grand format », comprenez « Vulgarisation grand public ».

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Des fragments vestimentaires et un arc ont été découverts dans un glacier. Les années passent et le recul des glaces met en évidence de plus en plus d’objets. Il est clair qu’ils appartiennent au même personnage et qu’ils ont été posés là il y a 4800 ans. C’est du néolithique pur jus.

L’équipe qui fait les recherches in situ garde jalousement le secret. Il ne faudrait pas que n’importe qui s’empare de ces trésors historiques. Ce fut le cas d’ailleurs avec un médecin qui avant les scientifique a repéré un arc sans se rendre compte de la haute antiquité de l’engin. Il l’a donné à son fils. Lequel s’est lassé car l’arc était trop dur à infléchir. L’objet a été heureusement remisé… puis rendu à l’équipe archéologique, une fois l’affaire ébruitée au grand nombre.

C’est un peu comme cette autre histoire alpine, celle bien connue de Otzi, cette momie glacée qui date de plus de 5000 ans. Mais là on a un cadavre et la médecine légale peut attester d’un meurtre.

Chez Schnidi, il n’y a pas de dépouille. Certes nos Suisses et associés ont cherché sans relâche tellement ils étaient convaincus qu’un corps était nécessairement à côté des vêtements et autres. Mais quand ce misérable reste de glace a fondu, il a bien fallu se rendre à l’évidence. Pas de corps.

Les scientifiques nous racontent qu’ils doivent absolument refaire le trajet vallée col du Schnidejoch en habits d’époque pour voir la nécessité, la faisabilité et sans doute les raisons objectives de ce périple.

Mais cette mise en œuvre d’archéologie expérimentale est cousue de fil blanc (de bouleau). On n’apprend quasi rien du tout, même si les protagonistes disent le contraire. Seule la conception des vêtements et chaussure nous enseignent un peu quelque chose quand au savoir faire d’alors, peu différent du notre. La belle affaire. Mais comme ils n’arrêtent pas de s’auto-congratuler, cela fait illusion.

Quelques pieux résiduels d’un village lacustre, repérés au fond d’un lac proche, auraient la même datation. Et bien sûr nos savants embrayent en proclamant que c’est précisément la cité de Schnidi. Alors que cela pourrait en être une autre dont les traces auraient disparu. Pourquoi tant de précipitation, ce n’est pas très professionnel tout cela.

Alors où en sommes nous ? Il n’y a plus qu’à échafauder des hypothèses plus volatiles les unes que les autres.

  • Schnidi serait un chasseur parti pour nourrir sa famille de bouquetins. Il aurait eu un « problème » en chemin. Bon et pourquoi a-t-il laissé ses harpions quasi posés bien rangés au pied du lit ?
  • Schnidi serait un « croyant » qui voulait franchir le col à destination d’un dolmen sacré, pour sauver son enfant malade. Avec arc et flèche ?
  • Schnidi serait un ultra-violent, comme il y en a eu lors du massacre effroyable d’Achenheim près de Strasbourg (on parle d’épisodes de fureur-meurtriere – oups une de mes sœurs habite précisément là-bas !). Et son équipe l’aurait lâché alors qu’une bande rivale arrivait. Pourtant il n’y aucune trace de pugilat sur les objets recueillis.
  • Schnidi serait « on ne sait quoi », mais son corps aurait été ramené au village, pour qu’il ne se transforme pas en être mi-homme mi-bête, menaçant et revanchard post-mortem. Mais où est ce qu’ils ont été chercher cette dernière « solution », qu’ils semblent privilégier.

On a donc là uniquement des hypothèses et des élucubrations à destination du grand public. Tout repose sur une sablonneuse imagination.

Je peux en rajouter une à mon tour, puisqu’aucun élément matériel n’est nécessaire à ces gens là.

Schnidi, hypothèse R Wild. Le gaillard a été dépouillé de ses vêtements et de ses armes par quelques voleurs embusqués. C’était facile dans la mesure il était forcément épuisé, une fois arrivé à ce sommet (d’ailleurs les archéologues expérimentateurs ont été incapables de faire plus de la moitié du trajet). La violence n’était pas nécessaire, d’où l’absence de traces. « On » a emmené les effets, en tant que prises de guerre mais aussi parce que sans vêtement dans ce froid, le pauvre Schnidi était neutralisé. Si l’on a tué le chasseur, on a planqué son corps, pour qu’il n’y ait pas trop rapidement de lien entre le vol et la victime. Et pour une raison inconnue, sans doute une difficulté rencontrée, on a dû abandonner le précieux matériel sur place, en espérant sans doute le récupérer par la suite.

La neige est très vraisemblablement tombée entre-temps. Ce dernier point est plus que probable, puisque cet élément, on ne peut plus courant à cette altitude, dissimule et protège… des millénaires durant. Mais elle obscurcit les lieux quand elle tombe. Pour ces deux raisons, manque de visibilité et objets recouverts, les brigands ont pu très facilement perdre leur butin. Dans un col alpin, unique lieu de passage, ces armes et habits, qui sont les seules richesses tangibles alors, ne pouvaient rester visibles, sans qu’un jour ou l’autre on les trouve. Il était quasi impossible qu’on les laisse, que ce soit les bandits ou des quidams par la suite. La logique élémentaire aurait fait qu’on s’empare de ce trésor utilitaire. Ils n’étaient plus localisables, c’est un fait. Mais l’ensemble de cette hypothèse de bon sens n’arrive pas aux neurones de nos limiers des âges obscurs.

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Aparté plaisante:

On apprend dans ce reportage que les premiers cultivateurs auraient perdu 20 cm de hauteur, en diminuant leurs protéines animales au profit du végétal. Pauvre Sandrine Rousseau qui condamne les êtres humains à rétrécir à nouveau, faute de bidoche et faute de barbecue. Les petits qui adorent l’idéologie médiocratiques, n’aspirent pas à devenir grands, mais voudraient au contraire que le reste de l’humanité rétrécisse et soit comme eux.

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Fuyez les sites dont le commentaire unanime commence toujours comme ceci :

« Été 2003, l’Europe suffoque. Le continent traverse l’une des pires canicules de son histoire. En Suisse, les glaciers reculent à une vitesse préoccupante… »

C’est de la daube indigeste que ces sites achètent pour trois fois rien et qui leur permet de donner l’impression qu’il y a du contenu. De quoi engager le passant à payer pour voir. C’est une arnaque qui prospère car Google ferme les yeux et leur assure même, contre subsides, de rester en haut du classement.

On a des paraphrases qui ne sont pas plus reluisantes :

« Été 2003. La canicule étouffe l’Europe. Dans les Alpes suisses, la chaleur fait fondre les glaciers et ouvre un chemin jusqu’au col du Schnidejoch. Après trois jours de marche, une randonneuse qui tentait l’ascension découvre un objet étrange… »

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https://www.inrap.fr/fureur-meurtriere-neolithique-achenheim-11213

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