Port étranger est un film suédois de 1948, qui relate une curieuse tentative de piraterie maritime au service de l’axe. L’affaire a été contrée grâce à l’intervention bénéfique d’un mutin communiste, considéré comme le “Soldat suédois inconnu”; comprenez un résistant de l’ombre. Cela se passe en 1938 dans un de ces ports de l’angoisse, en Pologne.
Un bateau qui est a priori neutre, est chargé en douce de « boites de conserves » à destination de l’Espagne de Franco. Cela sent l’entourloupe. L’équipage, fait de francs-tireurs, se rend compte qu’il s’agit en fait de grenades offensives.
Dans ce port damné, il fait froid, les gens sont pauvres. Ceux qui le peuvent, boivent exagérément. Le bouge du coin est tenu par un gros salaud. Il y a des putes qui y dansent, avant d’embarquer les clients à l’étage.
Il y a des réfugiés qui veulent échapper au nazisme. Dont une juive, qui est prête à tout pour embarquer. Le capitaine n’est pas trop content de voir sur son bateau, celle qu’il estime d’abord être une prostituée.
Mais le héros qui sera à la tête de la rébellion, la prend sous son aile, tout en acceptant ses « services ». Et une sorte de comité interne validera sa présence.
La situation se tend drôlement. Le port est infesté de collabos et d’hommes de main au service de la cause national-socialiste. Un marin qui savait quelque chose au sujet des « boites de conserves » sera exécuté comme un malpropre.
Mais il y a au dessus de tout cela, une noble cause du type « prolétaires de tous les pays ». Les Refuznik qui ont pris l’immense risque de se mutiner en restant à quai, vous pouvoir bramer l’Internationale aux funérailles de leur pote inconnu.
- Non, je ne chanterai pas avec eux. Même si d’un côté leur abnégation est saine et utile.
Car là, on a franchement versé dans un film communiste. On est coincé par cette obligation morale de soutenir ceux qui ne veulent pas aider Franco. Soit, mais ce n’est pas une raison pour devoir gober tout cru cette communion soviétique.
- Le goulag n’est pas loin. Un peu de discernement ne ferait pas de mal.
Il y a un happy-end inatendu. La compagnie complice sentant que l’affaire lui échappe, débarque les « conserves » pour charger un très neutre charbon à destination de la Scandinavie. Nos gaillards sont réintégrés.
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Le réalisateur Hampe Faustman, dont le travail est très correct ici, est avant tout un acteur suédois connu. Ce fut le mari de Gunn Wållgren, dont on a vu les mérites dans la femme-sans-visage de Molander.
On ne peut pas citer tous ces bons acteurs, avec des personnalités bien cernées :
- Adolf Jahr : le capitaine qui tarde à se laisser faire, mais qui reviendra dans le « bon chemin ».
- George Fant : Håkan Eriksson le héros courageux et non dénué de cœur.
- Illona Wieselmann : Mimi la juive qui implore qu’on la sorte de là. C’est touchant. C’est une actrice danoise.
- Carl Ström : l’officier des machines
- Anders Börje : Christian
- Stig Johanson : Jerker
- Åke Fridell : le steward plein de vie.
On est quand même chamboulée par ce qui ne fut à l’origine qu’une pièce de théâtre de Josef Kjellgren. Un ancien marin de « l’Internationalisme prolétarien », qui doit donc savoir de quoi il parle. Tout le monde n’est donc pas sympathisant de la Nouvelle Allemagne, dans cette curieuse Suède « neutre » pendant la dernière guerre.
Proposé par la Suède au festival du film de Cannes en 1949, mais mis de côté en raison de sa trop lourde propagande communiste
https://en.wikipedia.org/wiki/Josef_Kjellgren
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https://fr.wikipedia.org/wiki/Port_%C3%A9tranger