The Two Jakes. Gaz et ennui mortels. Nicholson réalisateur cow-boy. Keitel suicidaire. 4.5/10

Temps de lecture : 3 minutes

J’ai enchaîné les deux « épisodes ».

D’abord Chinatown de Roman Polanski, puis la suite supposée que l’on doit à Jack Nicholson, The Two Jakes, en tant que réalisateur. A noter qu’il a qui a eu un rôle déterminant dans la mise en œuvre de Chinatown. Ce qui lui donne sans doute le droit « moral » de se risquer à cette suite. Il a eu tort, le deuxième opus est mauvais et il n’y en aura donc pas de troisième comme cela était prévu au début. Nicholson n’est pas excellent en metteur en scène même si la prise de vue est bonne et le rythme soutenu.

Le problème c’est qu’il abâtardit l’ambiance sulfureuse et pointue qu’a su créer en son temps Polanski. Avec The Two Jakes on rentre plutôt dans la pénible ambiance western, pas un film plutôt subtile d’inspiration européenne.

D’ailleurs la musique passe de innovante chez Polanski à franchement ennuyeuse ici.

Pourquoi Nicholson a été assez fou pour croire pouvoir enfiler les bottes de Roman ? Surtout qu’on le voit bien Jack n’est pas mu que par le pognon, il est met son maximum. Mais en tant que réalisateur ce n’est pas suffisant. Sans compter que Chinatown n’était déjà pas parfait, tant le scénario était emberlificoté. En partant de « moyen + » on se retrouve à moins que moyen, insuffisant, même pas passable.

Ici on part de cet imbroglio pour en remettre plusieurs couches. Il y a comme un présupposé que vous ayez déjà vu le premier travail. Et comme souvent ce n’est pas le cas, vous risquez d’être totalement à l’Ouest-LA.

Pour mémoire : Jack Nicholson s’attribue ici le même rôle de privé Jake Gittes. Il retrouvera la fille Katherine avec une certaine ambiguïté vis à vis de la « protégée/désirée ». Mais comme ce deuxième film est plus plan-plan, il ne cédera pas. Il a couché avec la mère à présent défunte, mais il ne couchera pas avec la fille. Fille qui est la fille ET la sœur de Faye Dunaway (inceste du à John Huston!), la protagoniste féminine clef et une maîtresse à lui dans l’opus précédent. Elle disparaîtrait. Amen. Vous êtes déjà perdu ? C’est normal… et bien triste ;

L’eau qui était au centre de la problématique de Chinatown est remplacée par des pets de gaz pétrolifères, des tremblements de terre et le magot du pétrole. Mon dieu que l’argument est faible !

A nouveau une magouille qui implique à son corps défendant le Philip Marlowe / Jake Gittes/ Jack Nicholson. Il est pris dans un scabreux constat d’adultère, qui se termine par un crime d’apparence passionnelle, où les apparences sont trompeuses. Et c’est là que c’est franchement western, puisqu’il s’agit d’une autre sorte de vengeance. La victime était en fait l’associé indélicat d’Harvey Keitel, le deuxième « Jake ». Encore un empêtrement de scénario entre les fonctions des uns et des autres et la complexité des relations familiales , qui ne nous sont révélées qu’au compte-gouttes ? Comment voulez-vous qu’on y comprenne quelque chose ?

Et puis il y a ces flics caricaturaux et ces manèges d’avocats, dont ce brave Eli Wallach, dont Hollywood a le secret. Mais qui passent un peu au dessus de nos têtes d’Européens.

Le système judiciaire américain semble bien embêté par ces questions des témoignages. C’est un thème récurrent de leur cinéma. Soit qu’on veuille supprimer le témoin à charge gênant soit comme ici on veuille modifier le témoignage. D’où la magouille des enregistrements dans les deux Jake.

Bien que le faux témoignage existe aussi en France et puisse être préoccupant, il faut bien admettre que ce problème bien américain devient assez encombrant de par son omniprésence dans les films.

Mais cette manœuvre parfaitement illégale sera justifiée par la justice immanente qui attend au tournant cet Harvey Keitel, pas si méchant que cela (radiographies à l’appui). Le coup de la clope comme ustensile de suicide au sein des effluves méthanières est assez grotesque ; déjà par son imprévisibilité fondamentale.

  • Keitel sera suicidaire aussi dans Youth, un excellent film.

Dans Chinatown la morale est bousculée, alors que dans ce film qui se veut une suite les deux Jake, la morale finit par l’emporter. C’est un projet bien moins audacieux.

https://fr.wikipedia.org/wiki/The_Two_Jakes

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