Toulouse-Lautrec. Documentaire MuseumTV muet. Syphilis, alcool, nanisme, priapisme. 7/10

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Un travail de bonne qualité dans la série Grands Peintres visible sur MuseumTV. Cet opus produit par Ampersand en 2013, ne peut que rester d’actualité, car il n’y a plus grand-chose de factuel à rajouter désormais. On connaît pratiquement tout de cet artiste, même si on ne sait toujours pas le faire causer.

Un documentaire sur un grand peintre de la fin du XIXème siècle, est forcément un exercice muet. Tout au plus peut on rajouter des « explications » off, comme le faisaient, sur des écriteaux, les réalisateurs des premiers temps du cinéma.

De plus, les peintures et les affiches du maître nous montrent des personnages taiseux, ou qui nous tournent le dos, ou qui sont décapités… Une exception potentielle avec Yvette Guilbert dite la diseuse. Mais comme pour mieux me donner raison, Yvette ferme obstinément la bouche sur ses tableaux. On peut entendre tout au plus une musique subjective dans les tableaux qui sont dans les cabarets.

Pourquoi ce silence me parle (hum) ? Pour la simple et bonne raison, que cet Henri de Toulouse-Lautrec a nécessairement été un bavard. Il lui a déjà fallu persuader ses modèles par d’autres moyens. Cela vaut en particulier ces femmes des bordels, qui pouvaient avoir des réticences légitimes à se laisser croquer, dans des poses qui n’étaient pas vraiment flatteuses et à une époque où ses toiles n’étaient pas si appréciées que cela. Je ne crois pas que son priapisme ou que l’apparente disproportion de son organe est suffit à convaincre, même si cela lui a donné le surnom de « cafetière ».

  • Yvette Guilbert par exemple a refusé l’interprétation que Toulouse-Lautrec faisait d’elle. Dommage car ces affiches étaient fortes, même si on peut lui accorder qu’elles donnaient un visage anguleux tout particulier, sans les canons classiques de la beauté. Et puis pour ses 29 ans, elle paraît considérablement vieillie, dans cette affiche de 1894 « bras gantés de noir », désormais mythique. On a des photos d’elle qui la montre plus séduisante. Mais les multiples tableaux Toulouse-Lautrec persistent dans l’image que lui s’en fait. Ce n’est donc pas accidentel.

Ce petit homme, qui n’a pas su convaincre totalement Yvette, devait avoir pour les autres, du bagout à revendre et une grande force de persuasion. Comme pour Jane Avril, La Goulue, Suzanne Valadon et d’autres vedettes.

Comme Henri ne peut pas s’exprimer, je n’ai plus qu’à tenter d’imaginer ce qu’il pourrait dire. On le voit facilement travesti en clown et ce sont bien ses clowneries qui ont du servir à amadouer son environnement. Il a clairement un cap et pas mal d’inventivité dans ses compositions, il devait forcément être malin dans ses propos et ses développements. Il s’est lié à d’autres grands artistes du moment, ce qui traduit une intelligence sociale et une capacité à se mesurer par le verbe aux plus grands. Quand on a pour pote Van-Gogh, les nabis, Aristide Bruant et qu’on met les rieurs influents de son côté en parodiant l’académisme moisi d’un Puvis de Chavannes (Le Bois Sacré), c’est qu’on en a sous le capot.

Et finalement une seule fiction a su le faire parler, sans que paradoxalement cela ne devienne ridicule : il s’agit de Peter Sellers dans la Malédiction de la Panthère rose. 1978 – Blake Edwards

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Toulouse-Lautrec

Jane Avril dansant

https://musee-toulouse-lautrec.com/fr/yvette-guilbert

https://fr.wikipedia.org/wiki/Yvette_Guilbert

https://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_Toulouse-Lautrec

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Mal%C3%A9diction_de_la_Panth%C3%A8re_rose

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