Un vrai crime d’amour. Comencini, Politique et Sexe. Stefania Sandrelli contre brigades rouges. 7/10

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Résumé de cette histoire d’amour tragique ?

  • Nord contre Sud. Amour libre contre valeurs familiales ancestrales. « Amore » pour et contre le communisme. Chemin tortueux des femmes, chemin direct et fonceur des hommes. Soleil contre grisaille. Amour convenu contre amour vécu. Nombreuses Fiat et quelques Simca 1000.

Un coup de pistolet dans la cour d’usine. Qui est visé ? Le patron. Voilà ce que signifie un vrai « crime » d’amour. Et c’est ce qu’il y a de plus vieillot et contestable dans ce film.

C’est une couche superfétatoire de « justice sociale », qui encombre ce qui est en soi une belle histoire d’amour. Mais qui semble un passage obligé pour les anciens du néoréalisme communisant.

On prend bien soin de nous montrer au tout début ce coup de pistolet fatal, qui prend pourtant si peu de mètres de pellicule. C’est la signature d’une vengeance politique des humiliés des usines envers le patronat. Patronat qui n’hésite pas à empoisonner le peuple avec toutes ces fumées toxiques ! Il le fait même sans doute exprès.

En 1974, on en était encore à apprécier qu’on exécute à l’écran les mauvais patrons, plutôt que de trouver des mesures législatives pour les faire rentrer dans le rang. Les Brigades rouges en tuèrent en vrai, pour des prétextes divers, mais avant tout par le simple fait d’être des patrons. Ils ne s’arrêteront qu’au début des années 80 (48 assassinats en tout) – Pauvre Italie !

En 1974, Milan est sale, Milan est défiguré. A en croire Luigi Comencini ne régnerait ici que la misère et la pollution.

Plus intéressant est l’exposition de ce conflit entre les idéaux communistes égalitaristes et les « réalités » familiales du sud, qui obligent à ce que les frères bastonnent les filles qui veulent s’émanciper et tutti quanti.

Les toilettes sont un autre sujet omniprésent. On s’aime dans les chiottes. On regarde ce qui se passe depuis ” la cabane dans le jardin “.

Si on débarbouille le long-métrage de sa pesante approche politique et écologique, il reste un Roméo et Juliette fort acceptable.

Giuliano Gemma et Stefania Sandrelli sont faits l’un pour l’autre. Lui en bon ouvrier et elle en fille très bien usinée. Et cela crève l’écran. Quoi de plus séduisant que cette décidée Stefania qui laisse planer le doute en jouant l’indécision. Elle retient les chevaux tant qu’elle peut ou au contraire se jette dans les bras du beau gars, le plus sexuellement parlant. Tout est matière à revirement. Le dernier est le seul dont elle n’est pas maîtresse. C’est la maladie qui l’emporte. Et là cela tourne à La Dame aux camélias.

  • Les scènes d’amour sont très belles et valent bien celles de course en mopettes.

Stefania Sandrelli est au niveau d’autres séduisantes italiennes, comme Sophia LorenSilvana Mangano, Claudia Cardinale. On peut rajouter l’oubliée Virna Lisi, sans doute plus physique et moins délicieusement sulfureuse.

J’ai adoré Stefania dans Nous nous sommes tant aimés d’Ettore Scola. Un rôle politique certes, mais très atténué, au point d’en devenir supportable.

Le plaisant Pain, Amour et Fantaisie du même réalisateur Luigi date de 1953.

En 1972 Comencini avait réalisé L’Argent de la vieille. Ce qui est bien mieux que ce vrai crime d’amour.

Bien qu’il se targue d’exposer des revendications sociales égalitaristes, il a épousé une princesse, Giulia Grifeo di Partanna.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Un_vrai_crime_d%27amour

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Brigades_rouges

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Luigi_Comencini

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