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De désillusions en désillusions.

J’avais été impressionné par le travail de Varda dans Cléo de 5 à 7, au point de lui accorder trois rubriques :

Cléo de 5 à 7. Annonciation, Cancer. Explication philosophique. Film bouleversant (vous êtes ici)
Cléo de 5 à 7. Jeu et destin. Enfer, c’est les autres. Discours sur méthode.
Cléo de 5 à 7. Varda, Amour des acteurs. Corinne Marchand, Femme, Force du destin.

Et donc la chute fut rude avec ces deux autres « œuvres » :

Les Créatures est un film « expérimental » sans aucun intérêt.
Travail médiocre de la même Agnès Varda dans Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma. C’est affecté, ampoulé, grandiloquent et somme toute méprisant pour la majorité des spectateurs réputés ignares en cinéma. Tout ce que je déteste, vraiment !

Je lui ai laissé sa chance. Je me suis donc farci cet opus maladroit qu’est Lions Love.

Et de trois ! Un travail paresseux et bâclé qui pourtant se prend très au sérieux.

Avec d’une part une sorte de « voyage » dans les coulisses du cinéma d’art et d’essai à Hollywood, mais qui est très caricatural et bien mieux exposé ailleurs.

Et d’autre part une affaire d’amour à trois ritualisée, qui n’a rien de transcendant bien qu’il affecte de l’être. Elle « convoque » Viva, l’actrice du Blue Movie (de la même année 69). La maigrasse n’est vraiment pas douée. Elle a juste pour elle d’être dans cette mouvance passagère d’une certaine contre-culture. Et Varda est assez bête pour céder à la « mode » du moment, au détriment des qualités pures. Tout le monde ne peut pas s’improviser Andy Warhol. Ce n’est pas Jules et Jim non plus.

Les deux autres membres du trio sont : James Rado (le blond) et Gerome Ragni (le brun), les deux compositeurs de la comédie musicale Hair (1968). Plus Broadway que réelle efflorescence artistique, à mon goût.

Et toujours cette course en avant d’Agnès qui voudrait bien des acteurs célèbres, qui leur voue un culte aberrant. Mais qui les nomment juste ici, incapable de les recruter. On donc droit surtout à des sans-grade mais qui se la pètent grave et quelques rescapés repêchés à la sauvette.

Agnès Varda propulse sur la scène, la prétentieuse intériorisée qu’est la réalisatrice Shirley Clarke. Cette « figure majeure du cinéma d’avant-garde américain » est totalement passée dans l’oubli aujourd’hui et pour cause ! Ici elle est la « victime du système », en ce sens qu’elle a sa liberté et son imagination bridée, par les contraintes pécuniaires. C’est donc une Agnès Varda en miroir. Laissons ces nanas se plaindre.

L’une et l’autre tapent du sucre sur le dos des producteurs. Il y a d’ailleurs ici ou là une allusion quasi antisémite avec ce « faut-il être juif pour… » et ce professionnel lippu qui ne penserait qu’au pognon.

Et comme on est dans les clichés complets sur L.A., déguisés en fulgurances bien convenues, on en rajoute une touche « touristique ». La côte ouest, ses plages, ses villas, ses piscines… l’insouciance, la nonchalance mais aussi comme il se doit les manifestations avec les supposées « violences policières » – Vu de maintenant, c’est absolument pitoyable.

C’est tellement nul que notre pauvre réalisatrice sans imagination se voit obligée de faire passer des séquences en accéléré. Elle a sans doute compris qu’on s’emm*** trop.

La mémé à la coiffure casquée a sans doute eu un coup de grâce (2ème degré) avec son Cléo de 5 à 7 mais pour le reste, misère, misère !

« un témoignage parfait de la contre-culture hippie à son épicentre californien », tu parles ! On est plus lies que lions ici.

Si l’on veut être honnête, il faudrait écrire ceci : « un témoignage parfait du business et des faux-semblants des exploiteurs de la contre-culture hippie… » – Mais quelle prétention !