OSS 117, Lemmy Caution, sauvés par Dujardin. Films d’espionnage. 8/10

Temps de lecture : 3 minutes

Le vrai titre est ronflant : « Comment Lemmy Caution et OSS 117 ont sauvé les films d’espionnage Made in France… ou pas ! »

D’emblée, il faut tordre le coup à un faux-ami. Ce n’est pas James Bond le précurseur de ce vaste mouvement du héros d’espionnage en série. Mais ce sont des Français – oui ma chère – qui ont commencé. Par contre ils ont cédé sur un point, la vedette « américaine » a des racines anglo-saxonnes affichées… ou non.

C’est particulièrement le cas pour notre Lemmy Caution avec le cosmopolite, mais très « américain » Eddie Constantine. Son cas est spécial, puisque peu de gens à l’époque distinguait l’acteur du rôle. Il faut dire que si vous enlevez Eddie, il ne reste plus grand-chose.

Ce sympathique grand dadais, bien plus malin qu’on ne le croit, n’a jamais renié ce Lemmy Caution. Il s’en excuse quand même un peu en nous apprenant que les sous gagnés facilement avec ces « machins », servaient à aider des films d’auteurs plus exigeants. Dont l’intriguant Alphaville, une étrange aventure de Lemmy Caution de Jean-Luc Godard en 1966. Miam miam Anna Karina. Quel sombre couillon ce Godard de l’avoir tant méprisée, alors qu’elle était tout entière à lui.

Pour OSS 117 de Jean Bruce à la sauce André Hunebelle, c’est une autre affaire. Plusieurs comédiens étranger à fort accent anglais ont repris le rôle. C’est en quelque sorte plus anonyme. Et je dois bien avouer avoir lu plusieurs de ces récits d’aventure, jeune, alors que les films me sont passés sous le nez. L’archétype du passe-temps de gare.

Il ne pouvait y avoir que l’anachronique Jean Dujardin, pour nous faire ce remarquable Hubert Bonisseur de La Bath. Cet Américain est désormais bien franchouillard pour notre bonheur à tous. Dujardin tient parfaitement ce rôle d’espion dévoué totalement en règle avec les conventions de l’époque. Du coup son sexisme, son colonialisme et tout ce qui marquait cette époque deviennent des clichés parfaits.

Comme les films de Michel Hazanavicius venaient bien après la saga James Bond, il a fallu s’en inspiré. Et ce mélange d’un produit français de Bruce avec le flegme britannique est parfaitement réussi.

Pourtant ces films n’ont pas si bien marchés que cela. On était dans les 2.000.000 de spectateurs, là où un Dany Boon allait entre 5.000.000 et 10.000.000. Dans un premier temps, il semble que le public n’ait pas compris qu’il s’agissait d’un second degré. Ce relatif insuccès me rassure presque. Ce n’est pas tant une daube grand public que cela. Il y a donc bien de la subtilité là derrière.

Pour parvenir à ce résultat il fallait de parfaites Bond/Caution/Hubert girls. On ne pouvait pas rêver mieux que Bérénice Bejo et Aure Atika. Elles sont magnifiques. L’une en spectatrice incrédule des a priori racistes et sexistes de Dujardin et l’autre un pied dedans, un pied dehors. Ah quand Aure se laisse aller à ses instincts sexuelles. Ah lorsque Bérénice met la pédale douce et de part cette retenue, en devient encore plus désirable.

  • Dans le fond ce résultat impeccable provient du fait que ce sont des films bêtes, faits par des gens intelligents. Et donc nos ” penseurs” se lâchent à partir d’un récit simple et totalement prédictible. Mais ils leur faut saupoudrer le tout d’ingrédients magiques. Les gags sont de haut niveau, et permettent donc des « chutes » vertigineuses. Mine de rien, dans le désarroi de tel ou tel, on devine la profondeur de la comédie humaine. Ce que je vous dis là, ce n’est pas du baratin.

Tout cela est bien raconté et toutes les personnes citées (encore en vie!) viennent nous donner leur part de vérité. Une belle réussite !

Un seul participant dénote, en regrettant qu’il n’y ait pas un de ces héros interprété par un bedonnant Gérard Jugnot. Il déconne à fond ce type !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Lemmy_Caution

https://fr.wikipedia.org/wiki/OSS_117

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