Des gens au soleil. Avis Film. Bidochons norvégiens, vacances philosophiques. 7/10

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Le positionnement choral, face à la pire des catastrophes à venir, permet dans les meilleurs cas de faire une œuvre philosophique profonde.

L’idée étant de mettre face à face nos petits destins individuels, avec nos mesquineries et les grandes questions du type « sens de la vie ». C’est du théâtre qui n’a pas besoin de grands effets.

Une position de principe qu’on préfère éluder. S’en faire outre mesure, en se prenant la tête à la « to be or not to be » condamnerait à un profond immobilisme et serait donc invalidant. Et la position de l’idiot souriant, chantant et dansant, alors que survient la fin du monde, n’est pas plus emballante. Des deux côtés, on en fait trop.

On peut bien entendu traiter cela avec détachement et humour absurde, comme dans le Sens de la vie. Monty Python.

On peut fortement cerner cette crainte/soumission à la mort, et offrir aux spectateurs des choix et des variantes, comme dans le remarquable Melancholia de Lars von Trier en 2011. 

Dans « Gens au soleil » de 2011, Per-Olav Sørensen s’est mis dans un inconfortable entre deux. Ce qui donne une sorte de « Les Bidochons » en voyage philosophique.

Les acteurs de « petite vie » nous donnent chacun un certain point de vue « aveugle ». Ils ont tous la croyance que ce camping-repos leur est dû, qu’ils s’en mettront jusque là, et que rien ne peut se mettre en travers. Ce « devoir » des vacances, est une sorte d’Immanence des obscurs. Et c’est cette position qui est si désagréable et qu’on rencontre si souvent dans ces intermèdes qui donne à voir si souvent la veulerie de tout un chacun. Au point que les récits sur les vacances organisées sont si nombreux.

Kjersti Holmen nous fait l’emmerdeuse de 55 ans, qui pense pouvoir tout régenter. Dans ce rôle de Siv, cette dominatrice aux idées courtes, a le contrôle maximal. Elle ne voit rien venir, de ce qui est forcément hors norme. Cela ne rentre pas dans ses cases, donc cela n’existe pas.

Ingar Helge Gimle est très bon dans ce rôle de Svein, un monsieur sans-gène qui incarne tous les Sancho Panza et/ou Papageno du monde. C’est à dire un homme sans aspiration profonde, qui ne vise que la satisfaction de ses besoins élémentaires.

Ane Dahl Torp est une actrice Norvégienne attachante qui me donne un flash de « déjà vu » ; mais où ? Là dans le rôle d’Ingrid elle s’affiche brute de décoffrage, n’hésitant pas à satisfaire toutes les demandes. Elle ne voit le mal nulle part. Et quand les 4 protagonistes jouent à la « vérité » elle impressionne l’auditoire en révélant qu’elle a eu sa première expérience sexuelle à 14 ans… De quoi la propulser tout en haut de ce hit-parade… jusqu’à ce qu’elle révèle qu’elle a été violée. Ces montagnes russes de l’innocence ont de quoi surprendre, mais c’est bien raconté.

Jon Øigarden est le Stig ! En voici une révélation ! Ce n’est pourtant pas celui de Top Gear. Il joue le mari tyrannique et malade de Ane.

Ghita Nørby est une sorte de prêtresse « tout venant », en tant que Fru Sørensen. Elle voit loin et « sait » ce qui est en train de se produire. D’ailleurs elle récite l’apocalypse dans le texte. C’est l’occasion de prévenir l’assemblée des humains de l’inéluctable… qui forcément s’en contrefiche pour que l’oracle se produise.

https://en.wikipedia.org/wiki/People_in_the_Sun

https://en.wikipedia.org/wiki/Kjersti_Holmen

https://en.wikipedia.org/wiki/Jon_%C3%98igarden

https://en.wikipedia.org/wiki/Ingar_Helge_Gimle

https://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Bidochon

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