Fiancée à louer. Vaudeville Wodehouse suédois. Molander se fait Eva Dahlbeck. 6.5/10

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En 1949, le cinéma suédois se garde bien de faire encore des clins d’œil à l’Allemagne national socialiste. Ce n’est plus à la mode. En 1950 ils iront même jusqu’à abolir l’eugénisme institutionnel.

En mettant le balancier dans l’autre sens, la trame du long métrage n’est pas exempte d’une certaine anglo-saxonnisation à la Pelham Grenville Wodehouse. L’as des vaudevilles anglais sautillants. Lui deviendra américain et notre « Fiancée à louer » est bien dans cet esprit US-Hays là.

On pourrait même le qualifier de vaudeville US matriarcal, avec un habillage suédois. Étonnant si l’on considère que le réalisateur est le précieux Gustaf Molander de l’entree-de-service-1932, avec ma tutta-rolf.

Bien que l’argument de cette « Fiancée à louer » soit en effet l’armature principale de l’œuvre, le titre reste assez putassier. Là où l’on suggère des coquineries tarifées, il n’y a que du conformisme à la Code Hays.

Je précise :

  • « Aucun film ne sera produit qui porterait atteinte aux valeurs morales des spectateurs. De la même manière la sympathie du spectateur ne doit jamais aller du côté du crime, des méfaits, du mal ou du péché ».
  • « Des standards de vie corrects, soumis uniquement aux exigences du drame et du divertissement, doivent être montrés ».
  • « La loi, naturelle ou humaine, ne sera pas ridiculisée et aucune sympathie ne sera accordée à ceux qui la violent »

En clair « tu ne montreras que des couples réglementaires ou en voie de l’être » « Et s’il y a un semblant d’itinérance et de marivaudage, n’oublie pas de remettre tout en état à la fin… le mariage étant bien sûr exigé » – Gustaf Molander était moins consensuel et plus frivole dans le temps. Dommage.

L’intrigue de « Fästmö uthyres » est d’autant plus complexe, que les auteurs veulent à tout prix que les différents fils jetés pêle-mêle, se rejoignent méthodiquement à la fin. Tout est dans tout :

  • Le vase ou plutôt les vases, cadeau(x) méprisé(x) de la tante et pourtant objet de toutes les convoitises
  • Les soucis d’argent, avec dead-line acrobatique. Un must des films suédois.
  • L’avis des parents marieurs, dont le bon papa Olof Winnerstrand et la maman bien connue Elsa Carlsson.
  • Les demandes plus ou moins insensées des clients… promenade de chiens, lecture privée de livres coquins par un acteur shakespearien totalement cabot, chasse au vase et surenchères, gardiennage d’enfants terribles, rédaction de nécrologies, jeu de bridge pris trop au sérieux… fiancée à louer…
  • Les quiproquos.
  • Les gentils et les méchants protagonistes.
  • Les combats de femmes pour accaparer le coq du village ; M. Karl-Arne Holmsten

Gertrude est la concurrente malheureuse. C’est la belle Barbro Hiort af Ornäs qui s’y colle. Un deuxième choix que je préfère à la première (Eva Dahlbeck).

Ne cherchez pas trop loin. A partir du moment où il y a un jeune premier célibataire et une jeune première qui l’est tout autant, la fin est totalement déterminée. Tout est écrit dans le ciel. Pas de suspense.

En fait, à part la romance, le film interroge le spectateur, jusqu’où, iriez-vous si vous dirigiez une agence «Yes We Can » / « Yes Vi Kan », ou autrement dit : « On peut tout pour vous » ? C’est le miroir des rêveries innocentes, que permettent les scénarios basées sur une fortune inespérée ou les trois vœux de la lampe magique. Au lieu de « quoi demander », vous êtes dans le « quoi donner ».

Eva Dahlbeck est une actrice suédoise au visage allongée. Une nouvelle forme de « swedish beauty », à qui on assigne les rôles suivants, dans les années 40 et 50 : L’Attente des femmes, Une leçon d’amour

Cette femme de tête finira par la perdre, avec sa maladie d’Alzheimer. C’est bien triste.

Dans ce film de 1949, elle est trop aseptisée et bien-pensante à mon goût. Elle ne remplace pas ma friponne de Tutta Rolf Berntzen, surtout lorsque ma Tutta avait 25 ans.

  • Une femme « moderne » voire « libérée » du début des années 30, dont j’ai déjà beaucoup parlé. J’en étais amoureux quand elle avant 25 ans. C’était peu après la naissance de ma mère, hum! La jeunette primesautière aurait 115 ans aujourd’hui.

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