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Simone Signoret est indiscutablement une grande comédienne. Et dans ce Judith Therpauve, elle démontre une fois de plus qu’elle a parfaitement assumé le virage de l’âge. Elle maintient une belle intensité comme le fit aussi un Gabin des dernières périodes. On peut même trouver une profondeur toute particulière à ces rôles tardifs.

Et ce n’est tout de même pas complètement de sa faute d’être plongé dans un film si moyen. Patrice Chéreau est un touche-à-tout qui montre parfois un talent singulier. Par contre comme réalisateur , il ne me convainc pas. Il est également coscénariste du long-long-métrage, il a donc participé à ce que tout soit tiré vers le bas. Un symptôme est particulièrement significatif de la maladresse des débutants, celui de faire un trop long film (125 mn!).

Et puis ce script est plein d’un pathos conventionnel, qui de nos jours, ne fait plus illusion. C’est de la retape facile dont on en voit bien trop toutes les ficelles.

Seule contre tous, voilà l’épine dorsale. En soi ce motif est ultra-conventionnel et il faut faire des miracles pour nous réussir à nous éblouir/étourdir avec cela.

La Résistance, La Libre République, la CGT, l’argent qui corrompt tout, les jeunes gens dynamiques et forcément de gauche, tout cela a une nette connotation politique. Mais de brandir ces vieilles lunes de la révolte, était assez classique dans ces années 70. Pour simplifier, disons que c’est le genre Claude Sautet. En fait, ces « arguments » deviennent vite gênants.

Le très prometteur Philippe Léotard a vu sa carrière gâchée par ses addictions. Dommage car il est assez « réel » dans cette interprétation de journaliste par accident, à l’esprit libre et audacieux. Robert Manuel se démène pas si mal dans le film. Il est désagréable, mais c’est fait pour. François Simon, le fils de Michel Simon, est un acteur injustement méconnu de ce côté de la frontière. Pourtant le bougre en a sous le capot. N’hésitez pas à aller regarder cette critique de film : charles-mort-ou-vif-francois-simon-alain-tanner-existentialisme-couillu.

En clair, de savoir si Judith Therpauve parvient ou non à sauver le quotidien La Libre République, n’a pas grand intérêt. Eux souhaitent l’échec de l’équipe de football du coin, qui a passé un contrat avec la concurrence. Et nous on voudrait bien que Judith se plante et vende pour qu’on puisse enfin éteindre la télé.

Et la psychologie des personnages est bien trop caricaturale pour sauver le film. Même si les principaux acteurs se donnent du mal et apportent avec eux leur aura, cette ambiance Simenon est bien trop factice.