L’enterrement de Madame Columbo (1990) 7/10 Peter Falk

Temps de lecture : 4 minutes

Pour avoir notre avis, voir ce lien : Peter Falk : enterrement de Madame Columbo – Avis (1990) 7/10

Pour le résumé : Enterrement de Madame Columbo – Résumé. Aperçu (1990) 7/10 Peter Falk

Ici c’est l’analyse complète.

La mort de Madame Columbo – Rest in Peace, Mrs. Columbo –  Repose en Paix, Mme Columbo 

Figurez-vous que j’ai du voir pratiquement tous les épisodes de « Columbo ». Cela prend des années, et le plus souvent on retombe sur les mêmes épisodes… qu’on revoit quand même.

Et pourtant, Ô joie, je suis tombé sur quelque chose d’inédit pour moi. Je ne connaissais pas encore « La mort de Madame Columbo ».

C’est un peu comme découvrir sur le tard, un album de Tintin oublié.

Le titre est déjà un objet de fantasme. Quoi, faire disparaître Mme Columbo ? Est-ce seulement envisageable ? Eh bien oui.

Et ce ne serait pas la première fois dans ce monde des grands détectives.

Il existe des séries bien connues, où l’on fait mourir ces personnages récurrents. La plus célèbre mort, est celle de Sherlock Holmes. Et rappelez-vous, Hercule Poirot quitte la scène lui aussi. Et encore, c’étaient les personnages principaux, eux. Le mort de Madame, n’est donc pas si impossible que cela.

Cette femme, tout au long de la série, on ne le voit jamais. Mais elle est très souvent présente par allusions et anecdotes. On a presque fini par la connaître et l’apprécier.

Cette cérémonie d’enterrement qui commence l’épisode, elle est conséquente, elle a bien lieu. Columbo n’est pas quelqu’un qui triche. Il est bien ici un veuf éploré. Enfin pour ceux qui doutent encore, il y a pour la première et dernière fois, une photo de Mme Columbo. Une jolie femme d’ailleurs. Dur de rester sceptique. J’insiste.

Un scénario Columbo, c’est une belle partie d’échec. Tout est éminemment logique. La moindre faute de l’adversaire sera exploitée. Il suffit de trouver une seule petite impossibilité et le mat est certain.

Tout est en évidence d’emblée et il y a des règles immuables. C’est ce qui rend le jeu intéressant.

Le point de départ, l’ouverture, c’est le meurtre lui-même. Un premier meurtre souvent suivi d’un deuxième ou d’une tentative de meurtre. On connaît généralement l’assassin. Le but est de découvrir les indices qu’on a laissé bien visibles, devant nous.

Le Lieutenant traque le coupable avec ténacité et sans se démonter. Le coupable coopère au début. Mais il finit toujours par s’énerver. Ses petites fautes s’additionnent. Un ou plusieurs détails, piégeront définitivement l’adversaire (*) C’est bien moins alambiqué et somme toute plus réaliste qu’un Agatha Christie. Le réalisateur de Columbo n’est pas obligé de chercher des rebondissements improbables, grâce à des généalogies obscures ou autres ficelles.

Le mat de l’assassin par Peter Falk est inéluctable. Mais ici cela n’enlève pas d’intérêt à ce spectacle du chat avec la souris, bien au contraire.

En ce qui concerne l’inspecteur.

On connaît son vieil imperméable, sa Peugeot déglinguée, son cigare mâchonné, son chili con carne, son problème avec les armes, son chien idiot. Il réussit à faire des gammes sur ces invariants.

Ici, on frémit quand il couvre respectueusement le mort avec son vénérable trench coat. Il prend le risque de souiller cet objet culte, pour apaiser les proches. Mazette, en voilà des frissons !

Et figurez-vous que son chili con carne n’est pas bon. Le nouveau chef n’est plus son Mexicain préféré. Celui-là a un nom à consonance allemande… la prochaine fois, dit-il, il demandera une choucroute. Il n’est pas à un cliché près. Les mangeurs d’escargots sont dans le collimateur aussi.

Il ne nous surprend jamais. Et c’est pour cela qu’on le retrouve avec tant de plaisir. On s’attend à ses attitudes habituelles, la tête penchée, le doigt dressé et son « encore une question », juste avant de quitter la scène. On en a fait de multiples parodies.

Il pratique la « défense élastique ». Grâce à son look minable et son apparent respect des puissants, il laisse venir à lui le suspect. Ce dernier pense à tort, qu’il n’aura aucun mal à berner le policier. Sa méfiance est endormie. Et vlan, le filet se referme.

Dans cet épisode, le très humble inspecteur, se permet un petit écart. Quand on lui dit « vous êtes formidable » il répond « oui je sais ».

Même si Columbo s’en défend, il y a un peu de la justice de classe dans cette série. Le riche est toujours le coupable, le plus humble est accusé à tort.. et le policier à la maigre solde, le vainqueur.

Même attitude de rejet face à la science criminalistique, les bonnes vieilles méthodes seront plus performantes. Ce MacGyver des enquêtes, ce petit bonhomme un brin anarchiste, n’a de leçons à recevoir de personne.

Cet épisode est décidément très curieux. D’abord la mort de sa femme bien sûr. Mais ce qui surprend aussi, c’est qu’il accuse nommément un des personnages, alors qu’il a très peu d’éléments contre lui. Ça ne lui ressemble pas de privilégier l’instinct à la réflexion. Mais en fait, tout n’est qu’apparence. Au demeurant, il a besoin d’impliquer lourdement ses collègues pour organiser un traquenard.

On est bluffé d’un bout à l’autre et c’est bien nous qui sommes bernés au final.

Le film se termine par un couplet émouvant sur sa femme. C’est pourtant un empilement de seconds degrés, façon poupées russes. Sa femme est-elle morte ou non ? Est ce qu’elle existe finalement ? L’a-t-on vu ou non sur la photo ? Cinéma ou réalité ? On nage dans le virtuel, mais il réussit à rendre cela poignant. Il y a quand même du bon dans l’Actor Studio.


Dommage que Peter Falk n’est jamais entrepris un Columbo au cinéma. Un format moins réducteur que le petit écran, une meilleure définition aurait pu donner quelque chose de grand.

Personne d’ailleurs n’a osé enfilé son imper à l’écran. C’est tout dire.

Une morale dans cette série ? Je ne sais pas trop. C’est peut-être un truc du genre, que chacun d’entre nous pourrait être coupable ou victime. Le cas échéant, que les assassins se rassurent, ils seront bien traités… si vous tombez sur un Columbo.

Columbo coupable ? Oui, il a un crime à son actif ici. Il a osé profaner le green du terrain de golf, avec des chaussures de ville.

Une justice dans tout cela ? Pas vraiment, notre très intelligent Peter Falk finira dans le naufrage intellectuel de l’Alzheimer.

(*) Fautes : le pistolet jeté à un endroit improbable – l’argent liquide cherché au distributeur alors qu’il en avait plein sur lui – le passé de l’assassin qui ne pouvait pas être caché…. Et surtout avoir osé s’en prendre à Columbo et à sa femme.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Saison_9_de_Columbo

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Pour le résumé : Enterrement de Madame Columbo – Résumé. Aperçu (1990) 7/10 Peter Falk

Qui va lui beurrer ses tartines à présent ?

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