Mythe Tarkovski, réalisateur de films pour adolescents nombrilistes. 4/10

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A l’occasion du visionnage de nostalghia, il m’a paru nécessaire de faire un sort à un certain cinéma outrageusement autocentré et nombriliste.

Dans ce type de films, on peut détecter deux niveaux de lecture, voire une infinité si l’on considère chaque spectateur. J’en reste à ces deux possibilités … en damier en noir et/ou blanc.

J’évacue rapidement la première solution.

Il y a de nombreuses années, adolescent, j’aurais peut-être marché. Un certain esthétisme, bien ancré dans l’époque, associé à cette introspection autocentrée, permet de flatter les egos. Cette complaisance, maquillée en science de la sagesse, était alors dans l’air du temps.

Cinéaste Tarkovski comble de la prétention ? Rien ne compte, tout se vaut ? Les intellectuels du film nous méprisent et nous regardent de haut ? On n’en est quand même pas là.

Vu de maintenant.

Depuis 1983 on a fait des progrès et surtout on a su se dégager de l’emprise intellectuelle d’alors. Et force est de constater que le roi est bien nu. Il y a bien entendu des trouvailles visuelles, mais cela ne saurait cacher l’étrange pauvreté du propos. Ne nous trompons pas, ce n’est pas une épure, c’est du « rien » qui confine au pas-grand-chose.

  • Le néant des romans de Jean-Paul Sartre est bien plus rempli (Faites l’impasse sur L’Être et le Néant. Je regrette de l’avoir lu) – Sartre est mentionné à dessein, lui qui a fricoté avec l’idéologie communiste la plus dangereuse. Sartre d’ailleurs scrutait de près Tarkovski, qu’il mettait dans la mouvance du « surréaliste socialiste ». Je trouve que c’est un très bon raccourci sous réserve d’y adjoindre La Nausée.
  • La “vacuité” représentée en creux dans les œuvres de Federico Fellini sert elle à quelque chose. Elle illustre des parenthèses, vite refermées, de vague à l’âme (juliette-des-esprits-masina-fellini etc) – je le cite car dans les déambulations « mystiques » du personnage principal de Nostalghia, il y a un vagabondage qu’on pourrait presque qualifié de new-age, dans des édifices décatis et vides ; une sinistrose architecturale qui rappelle parfois ce qui se fait chez le maître italien. Et puis “la” Giordano affiche des interrogations mystiques insolubles dans une église, un peu comme juliette.

Tous ces dépressifs attendent le message salvateur, qu’ils n’obtiendront jamais. Car la solution n’est pas dans le verbe.

Les repères symboliques que sont l’eau, la bougie (le feu) etc, servent à domestiquer le spectateur en lui donnant l’impression de participer à une enquête philosophique.

Fini la naïveté gobe-mouche, je suis moins “bon public” qu’avant.

Andreï Tarkovski est un réalisateur sans doute plus socialiste que soviétique, mais qui a souvent chatouillé la censure. Laquelle a fini par se lasser. Et lui s’est enfui.

Andreï Tarkovski est un réalisateur soviétique qui a souvent chatouillé la censure. Le film se passe en Italie. Il n’échappe pas à un certain carcan idéologique. Même si de loin, l’absence de messages propagandistes affirmés donne le change. Il n’en demeure pas moins vrai que l’anti-héros Oleg Yankovski marmonne qu’il serait bien de retour dans cette Russie là. Entendez, dans cette URSS là. Cela vaut pour lui, puisqu’il est transfuge depuis deux ans.

En 1983 on est à 6 ans de la chute du mur. Il faudrait quand même se réveiller un peu plus Tarko, surtout lorsqu’on a rejoint le « monde libre » !

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nostalghia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andre%C3%AF_Tarkovski

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bagno_Vignoni

https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre

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