Tarkovski, Nostalghia, URSS. Surréaliste socialiste. Incontinence. Ennui onirique. 6.5/10

Temps de lecture : 4 minutes

Comme le début s’est révélé assez enquiquinant, j’étais parti pour une critère acerbe. La nuit portant conseil, je vais modérer mes attaques, mais pas trop.

J’ai réservé mon attaque globale de ce cinéma onaniste à cette page : Mythe Tarkovski, réalisateur de films pour adolescents nombrilistes. 4/10

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Le film se passe en Italie. Il n’échappe pas aux scories d’un certain carcan idéologique de l’est. Personne ne roule en Rolls et tout se délabre. De loin, l’absence de messages propagandistes affirmés donne le change. Il n’en demeure pas moins vrai que l’anti-héros Oleg Yankovski marmonne qu’il serait bien de retour dans cette Russie là. Entendez, dans cette URSS là, qui coproduit le film ! Pourtant Andreï, serait plus ou moins transfuge depuis deux ans. On s’y perd.

En 1983 on est à 6 ans de la chute du mur. Il faudrait quand même se réveiller un peu plus Tarko, surtout lorsqu’on a rejoint le « monde libre » !

Sans doute que l’esthétisme non utilitaire et très modérément thuriféraire de son cinéma, pouvait quand même faire grincer les dents de l’ours. Mais les cadres censeurs avaient déjà compris qu’il fallait laisser un peu de mou, pour ne pas effrayer les spectateurs.

La Madonna del Parto de Piero della Francesca vaut bien une messe. Tarkovski la kidnappe pour enrichir sa cause. Il fait une bonne affaire en permettant ainsi de réduire la misère des décors. Elle est utilisée comme miroir de sa protégée Domiziana Giordano.

Le Bagno Vignoni compte trente habitants. Ces thermes sont situés près de Sienne en Toscane. C’est un lieu antique qui est ici nimbé de toutes les poésies ; au sens divaguant du terme. Le « guide » aquatique est Erland Josephson. Ce vieil homme épuisé entreprend de se « ressourcer » par lui-même, au sein de ces bains fumants à ciel ouvert, en proférant des phrases ambivalentes et sibyllines.

Et comme dans un songe ou un vade-mecum de psychanalyse, il tente de les traverser tout habillé, mais il n’y parvient guère. Ce qui correspond au teasing cauchemardesque de l’impuissance.

  • “Excusez-moi je ne fume pas mais pourriez-vous me donner une cigarette”. “Oui voilà, bien sûr, si vous ne fumez pas”. Et l’héroïne lui allume la clope qu’elle vient de lui donner. Voilà le comble de l’inventivité chez cet auteur. Ce n’est pas l’éloge de la folie, mais l’éloge de la conn***.
  • Sur le vieux Josephson : Il n’est pas fou, il a la foi“. Ce qui s’inscrit dans un discours antipsychiatrique assez convenu dans ces temps reculés.
  • Tarkovski demande son chemin en permanence, comme son héros Oleg dans le film. Totalement dépourvu de réflexion propre, mais hanté par ses cauchemars, il interroge le fou. La boucle est bouclée, on n’a vraiment pas besoin de ça.
  • C’est sans doute à ce moment-là que le cinéma est devenu emmerdant. On aurait mieux fait d’en rester à ce Godot de 1948, à l’absurdité plus clairement affichée et moins stérile. En 1983, ça fait crise d’adolescence extrêmement différée.

Revenons à cette quasi impossibilité au franchissement du dingue, qui lui autorise à entreprendre plusieurs essais. Ce qui permet aux auteurs de relater bride par bride son histoire d’anachorète cinglé. Clou du spectacle, il a sacrifié sa famille en croyant la protéger par un épais rideau de fer domestique. Une métaphore de la Russie d’alors ? Je n’ose y croire.

L’acteur Yankovski, par l’odeur « poétique » alléché, cherche à soutirer des préceptes à ce fou/saint homme. Mais il ne peut se donner totalement à fond car il se heurte aux contingences de la chair, incarnées par les passions de la relativement belle Domiziana Giordano.

Il se décide et la laisse filer. Il sera un moine dans son genre, après qu’il ait repousser ses avances.

Il est plus important de bénéficier des conseils de ce moïse qui s’apprête à franchir les eaux. Que d’eau soit dit en passant. Il y en a à peu près partout. Ça dégouline, ça s’infiltre et cela monotonise le village. L’excès nous submerge et noie en partie l’intérêt.

Nostalghia n’est pas Melancholia et le surréalisme bon teint de Tarkovski est plein de montres molles. Mais elles ne parviennent pas ici à faire passer le temps.

Il échoue à la Palme d’or. Et Cannes, qui ne sait pas trop quoi faire, donne le prix de la mise en scène à ce barbant long-métrage. Histoire de paraître dans le coup. En ce temps là, tout ce qui paraissait “expérimental” avait au moins un petit coup de pouce. Vu de maintenant, on se rend compte de la supercherie. Un cinéaste sans sujet s’occupe des personnes oisives sans intérêt, mais qui s’estiment belles et intelligentes. Je redeviens méchant. On n’est pas loin des stupidités d’une totale platitude de Duras dans Indian song (1975). Le conformisme d’un pseudo anticonformisme.

Mais l’illustre auteur aura le Prix Lénine pour l’ensemble de son travail en 1990. Il aurait quand même pu se rebeller contre ce Lénine, dans sa tombe (décès en 1987) ! La réalité est encore plus triste que ses fictions.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Nostalghia

https://fr.wikipedia.org/wiki/Andre%C3%AF_Tarkovski

https://fr.wikipedia.org/wiki/Bagno_Vignoni

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https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Paul_Sartre

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