Veuve joyeuse. Mae Murray produit sexuel. Louise Brooks. Romance démodée. 5/10

Temps de lecture : 3 minutes

Sujet traité en une introduction, suivie de deux parties.

Première partie :

Revenons à La Veuve joyeuse (film, 1925) :

Avec un titre comme la Veuve Joyeuse, ce veuvage doit être traité longuement et proprement. Or il n’occupe qu’une petite partie de l’histoire.

Une trop grande place est laissée à la présentation des personnages. C’est la première partie. Les deux héritiers du trône sont décorés comme des sapins de Noël. Au premier coup d’œil on a du mal à les distinguer. Ils ont grosso modo le même port, le même habit, et la même coiffure. Soit, ils sont de la même lignée.

Le méchant a un rictus permanent. Il montre ses dents de manière outrancière. On a pitié pour lui. On dirait presque que ça mâchoire est coincé. Cela doit faire mal tout le long d’un tournage.

Il porte un monocle, là c’est une différence déterminante. Et puis contrairement à l’autre qui est relativement immobile, lui, il n’arrête pas d’osciller et de gigoter, pour mieux montrer sa méchanceté. Il ne semble faire sa cour à l’actrice que pour se moquer d’elle et contrer le prince Danilo. Parlons-en de ce prince Danilo

C’est le sensible, c’est le timide. Et rapidement, il montre son intérêt pour la fille de la balle, jouée par Mae Murray.

  • Américaine dans la vie comme dans ce scénario, qui n’a plus rien à voir avec l’œuvre initiale de ce fait.
  • C’était une vedette remarquée dans son temps. Pourtant dans le film elle retarde singulièrement, dans sa présentation. Nous sommes dans les années 20 et déjà la coupe garçonne envahit les écrans. La robe arrive au dessus des genoux. Imaginez toute l’attitude libertaire qui va avec ces révolutions. Si vous ne voyez toujours pas, référez vous à Louise Brooks.

Mais celle-ci en a vraiment marre d’être draguée par lui, comme par tous les autres. C’est le funeste destin de la « danseuse », considérée comme un produit sexuel issue de la scène, un frétillant vivier où l’on peut se faire une idée sur pièce.

D’ailleurs la caméra est complice et s’attarde sur les mollets (quel érotisme!) – Plus loin, elle se montrera en petite culotte et là, c’est franchement plus coquin. Le mystère, plus largement dévoilé, nous fait pardonner sa frimousse trop poudrée et ses yeux qui roulent ou qui pleurent.

Avec cet élégant Danilo, la « vedette » ressent quelque chose qui la chatouille. Au delà du « ils veulent tous la même chose », ce gratouillis parvient à réveiller son cœur réservé et bien caché au fond d’elle-même. Mais en surface, elle se doit de se refuser.

  • Tout cela n’est que déterminisme de perpétuation de l’espèce avec choix du meilleur reproducteur à travers des épreuves imposées. En tout cas c’est comme cela que Schopenhauer le conceptualise.

On pourrait rester dans le romantisme échevelé, avec ses « je sais si je n’ose » et ces baisers volés. Mais Erich en a décidé autrement. Je ne sais pas comment il passe abruptement à une scène dans un lupanar. En tout cas Danilo a convaincu la belle d’y aller. Et là on frise le grotesque. Pire encore, elle se retrouve au plumard dans cet antre du vice avec le prince, accompagnés dans la couche de deux musicien(ne)s aux yeux bandés. C’est quoi, cette nouvelle perversion ?

Sentant la situation lui échapper, le gentil prince bourré d’hormones, fait la promesse d’un mariage et d’un amour infini.

Mais le mal est fait.

Circonstance aggravante, il s’est fait passer auprès d’elle pour quelqu’un de simple et de condition modeste. Comme si cet argument lui permettait de mieux arriver à ses fins, en éloignant le spectre des hostilités de l’entourage contre les mésalliances.

Et évidemment, le méchant s’empresse dévoiler la supercherie : il s’agit bien d’un prince et qui est le premier dans l’ordre de succession. La plupart des femmes normalement constituées seraient ravies de l’apprendre. Mais on doit comprendre que s’il a menti pour cela, il ment sans doute dans sa promesse nuptiale.

Elle le prend donc comme une immense trahison et claque la porte. Ce qui arrange bien toute la noblesse concernée.

Tout cela se résume facilement et pourtant dans le film, c’est bien trop délayé. Cette première partie est vraiment trop longue. Le film qui précipite la suite en devient très déséquilibré. On sent de l’amateurisme chez von Stroheim réalisateur. Il en est encore au stade où il pense qu’il faut tout mettre ce qu’il a tourné… tellement il pense que c’est bon.

Sujet traité en une introduction suivie de deux parties.

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Veuve_joyeuse_(film,_1925)

https://fr.wikipedia.org/wiki/Erich_von_Stroheim

https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Veuve_joyeuse

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